« The Brood », que l’on pourrait traduire la progéniture, la couvée, ou l’espèce (bien loin de son étrange titre VF…), est semble-t-il l’un des films les plus personnels de David Cronenberg. Il aurait en effet conçu cette histoire de couple déchiré sur fond de meurtres étranges, à la suite de son propre divorce très difficile.
Pour l’anecdote, le réalisateur a également de son propre aveu été dépité par le visionnage de « Kramer vs Kramer », sorti la même année, qu’il trouvait trop optimiste. Il a depuis vendu « The Brood » comme une version réaliste du film avec Dustin Hoffman et Meryl Streep ! Chose étonnante, on y retrouve une même idée centrale : en cas de divorce, la justice préfère la mère, aussi tendre soit le père, au grand dam de celui-ci.
Mais dans ce film de body-horror, on retrouve surtout des éléments typiques de Cronenberg. Des idées barrées et dérangeantes sur la parentalité, saupoudrées de mutations. Avec ici en toile de fond un psychiatre qui parvient à faire convertir les maux psychiques de ses patients en des modifications spontanées de leurs corps ! Et aussi une certaine froideur, dans les images (qui exploitent souvent des couleurs verdâtres et jaunâtres sinistres), et dans le jeu des acteurs.
Au point d’arriver à des scènes surréalistes, dont le héros qui discute le plus calmement du monde avec la police de meurtres sordides et de créatures mutantes… D’ailleurs Hart Hindle n’est pas toujours très juste dans son rôle. On lui préfère Oliver Reed, sinistre à souhait en psychiatre dominant.
Il s’agit enfin de la première collaboration entre Cronenberg et Howard Shore, qui fera les BO de pratiquement tous les films du réalisateur canadien. Le compositeur livre ici une musique dissonante de bel effet.
Bref, une œuvre intéressante, qui pose des questions qui retournent sur la parentalité, et qui fut sans conteste une jolie catharsis pour le réalisateur. Cronenberg ayant admis avoir pris son pied lors du tournage
de la séquence où notre héros étrangle son ex-épouse à mort !