"C'était du grand art !" nous annonce fièrement le personnage de William Fichtner au bout des deux heures de cette improbable suite d'Independance Day.
T'as raison, mon William, cela faisait tellement longtemps qu'on n'avait pas vu un ratage aussi immense sur grand écran que cela en deviendrait presque une forme d'art !
Vingt ans après leur invasion de la Terre stoppée par une bande d'Américains patriotiques jusqu'aux orteils, les aliens et leurs tentacules frétillantes sont de retour pour prendre leur revanche !
Et, nous, pauvres humains que nous sommes, avons du gros souci à nous faire : Will Smith est mort, le président Bill Pullman est devenu complètement gaga mais fait toujours des chouettes discours dès qu'il peut (ah, il a aussi accessoirement entrepris une mutation en pélican barbu, ça le regarde), Jeff Goldblum ne sait plus balancer des punchlines drôles et les autres survivants de l'attaque de 1996 n'ont aucun intérêt (mention spéciale à Judd Hirsch, le papa de Goldblum, qui accapare à lui tout seul un bon quart d'heure du film pour rien, mais alors pour RIEN DU TOUT !!).
La nouvelle génération censée prendre la relève n'est guère plus rassurante : on a déjà oublié Jessie Usher en fils complètement transparent du personnage de Will Smith, Liam Hemsworth (en fait, c'est véritablement lui le successeur-tête brûlée de Smith) tente de nous convaincre qu'il peut être la tête d'affiche d'une franchise (c'est bien, Liam, d'avoir des rêves, vraiment) et la pauvre Maïka Monroe ("It Follows") fait ce qu'elle peut pour exister. Ah, et puis, au milieu de tout ça, il y a Charlotte Gainsbourg (???), un chef tribal africain flanqué d'un sidekick-comptable à lunettes américain (il est censé être l'élément comique du truc, le mot "censé" est exploité ici à son maximum) et un couple de vieux scientifiques gays affreusement gênants de caricatures grossières (souvenez-vous du chercheur qu'un alien utilisait pour communiquer dans le premier film).
Bref, on nage dans un magnifique n'importe quoi où l'on aura envie de voir assez vite tous ces personnages se faire éclater la tête par les aliens tant ils se révéleront aussi agaçants qu'inintéressants.
Côté intrigue (hahahaha, désolé rien que d'utiliser le mot "intrigue" pour ce truc...), bah, les aliens sont de retour avec un méga-giga-ultra-vaisseau-de-la-mort qui a de nouveaux interfaces (le truc de fou, hein ?!), ils nous mettent une raclée que même les dinosaures n'ont jamais connu et, puis, les humains auront une idée digne d'un mauvais épisode de "Tom & Jerry" -et que même une intelligence artificielle suprême de la mort qui tue n'aura pas pu envisager- qui leur permettront d'entrevoir une porte de sortie à toute cette sale affaire.
Roland Emmerich se servira de cette base (comment ça, c'est la même qu'en 1996 ?!) pour délivrer un enchaînement infernal (et épuisant) de morceaux de bravoure où les notions d'"épique" et d'"émotion" seront visiblement bannis de son langage cinématographique. Même les punchlines si savoureuses du premier opus laisseront place à un océan sans fond de dialogues d'une indigence comme on en a rarement entendu et les incohérences grotesques défileront sous les yeux consternés du spectateur jusqu'à l'overdose (en fait, dès que les scénaristes ne savent pas expliquer un truc, ils se servent de la télépathie alien, c'est pratique mais, au bout d'un moment, on sent qu'on se fait un peu prendre pour des énormes morceaux de jambon).
Enfin, pire que tout, et c'est pourtant d'habitude son point fort (même les plus réfractaires au premier film reconnaîtront qu'il savait y faire), Roland Emmerich se montre incapable de nous impressionner lors de ses fameuses scènes de destruction dont il s'est fait le spécialiste. Même là, "Independence Day Resurgence" est à la peine et le spectateur se met rapidement à bailler d'ennui devant des séquences qu'il connaît par coeur et qu'il a désormais vu en beaucoup mieux réalisées ailleurs. Inutile de préciser que les scènes du premier film de ce type peuvent dormir tranquillement dans les annales des blockbusters sans que ces nouvelles viennent oser les déranger.
Allez, si on est gentil, on sauvera quand même la séquence finale dans le désert, la seule qui tente un peu de sortir du lot (mais on est vraiment d'une grande bonté !).
Une catastrophe. Un ratage. Une espèce de monstre blockbusterien d'une autre époque qui déformerait les qualités du premier opus (dont, personnellement, je garde pourtant un bon souvenir de jeunesse, une de mes premières VHS que j'ai usé à en brûler la bande) jusqu'à les transformer en un cauchemar de deux heures au rythme effréné et rempli d'idées plus abrutissantes les unes que les autres.
Hé, les aliens, la prochaine fois, cassez-vous une tentacule au lieu de venir nous embêter, surtout si Roland Emmerich est en train de vous filmer d'ailleurs, ça nous évitera d'être à nouveau complètement atterré dans une salle de cinéma. Merci d'avance, les gars.