Le titre du film fait référence au célèbre acteur qui a joué dans de nombreux westerns. Mais c'est son rôle de pasteur machiavélique dans La Nuit du chasseur qui a marqué définitivement les esprits. Dans ce film, Robert Mitchum interprète un homme d'église cupide, qui s'est fait tatoué les lettres du mot "Love" sur les doigts de la main droite et celles du mot "Hate" sur les doigts de la gauche. L'acteur est par ailleurs l'un des symboles du grand Hollywood, celui des années 50 et 60. Il a joué dans de nombreux westerns, genre américain par excellence, comme La Vallée de la peur (1947), Rivière sans retour (1954) ou El Dorado (1966). La dernière apparition de Mitchum au cinéma intervient en 1995, dans Dead Man de Jim Jarmusch, où Johnny Depp tient la tête d'affiche. Il décède deux plus tard des suites d'un cancer du poumon. Le titre du film de Jarmusch est évidemment à mettre en relation avec celui de Robert Mitchum est mort. Au-delà de la référence à cet acteur, le film rend hommage à la culture américaine depuis les années 40 jusqu'aux années 60. Les deux cinéastes l'affirment en choeur: "On a fait un film d'Européens influencé par l'Amérique."
Olivier Babinet et Fred Kihn, les deux cinéastes de Robert Mitchum est mort, se sont rencontrés sur le tournage du programme TV Le Bidule, avec Karl Zéro. Le premier en était le réalisateur, le second y travaillait en tant que chef opérateur.
Fred Kihn a débuté comme photographe. Il a capturé de nombreux lieux culturels parisiens, a été employé par différentes publications (Libération, Le Monde, Télérama) où il a couvert toutes sortes d'événements et immortalisé quelques personnalités (ministres, sportifs, stars...). Il a fait aussi des recherches photographiques autour de la représentation de la violence et du portrait de rue. Il a réalisé cinq expositions à Paris.
Au départ, Olivier Babinet et Fred Kihn souhaitaient partir en Finlande pour y rencontrer Aki Kaurismäki. Ils ont imaginé un voyage filmé. Leur projet était de traverser l'Europe pour se rendre à Sodankylä, en Finlande, tout en tournant le film avec les gens qu'ils croisaient sur leur chemin. Mais peu à peu, les deux hommes se sont acheminés vers la fiction alors que l'idée de base penchait beaucoup plus du côté du documentaire. Entre les prémices du projet et sa concrétisation, 5 ans se sont écoulés.
Babinet et Kihn se sont offerts les services de Timo Salminen, habituellement directeur de la photographie pour Aki Kaurismäki. Il a conçu la lumière sur l'ensemble des films du cinéaste finlandais, de Shadows in Paradise aux Lumières du faubourg en passant par L'Homme sans passé.
Ils ont également demandé à André Wilms de jouer dans Robert Mitchum est mort. Wilms est un acteur récurrent chez le réalisateur finlandais. On le voit dans La Vie de bohême (1991), Juha (1999) et Le Havre, que Kaurismaki vient tout juste de tourner, et prochainement sur nos écrans.
De l’aveu d’Olivier Babinet, l’esthétique de Robert Mitchum est mort s’inspire assez librement du style de Jim Jarmusch. Les premiers dialogues écrits combinaient des citations de Luis Buñuel, des répliques de films de Jean Renoir et des aphorismes d'André De Toth, un cinéaste hongrois qui a travaillé en tant que réalisateur de seconde équipe sur Superman. On lui doit la réalisation de L' Homme au masque de cire (1953), avec Vincent Price, tourné en relief, ce qui était une vraie révolution à l'époque. Il a aussi réalisé quelques westerns de série B dont La Rivière de nos amours (1955) ou La Chevauchée des bannis (1961). Au final, les citations ont toutes été abandonnées mais il reste une phrase de de Toth: " Aujourd'hui, les films sont faits par des pharmaciens ".
Robert Mitchum est mort comporte une riche dimension musicale. Celle-ci s'érige, entre autres, sur les bases du psychobilly, un courant qui s'inspire du cinéma de genre, de la série B et de la série Z, et où les textes proposent des récits de zombies ou de mutants... L'un des groupes majeurs de cette scène indépendante, les Screaming Kids, apparaît dans le film.
Durant la préparation du film, les deux réalisateurs ont écouté beaucoup de rock, notamment les Cramps, ainsi que les morceaux d’Animal Collective. Cela a eu un impact direct sur les orientations musicales du film. La preuve avec la partition élaborée par Etienne Charry, à mi-chemin entre le rock, de la musique orchestrale, de l’électro et « des plages plus planantes ».
Robert Mitchum est mort contient également quelques références au film noir. Des objets tels qu'une mystérieuse mallette renvoient directement à En quatrième vitesse de Robert Aldrich. Crime passionnel d'Otto Preminger constitue aussi une des plus importantes influences pour les deux cinéastes. Le film de Babinet et Kihn contient un lot de femmes dites "fatales" dont certaines s'inspirent de celles du film de Preminger.
Le film a été présenté en 2010 à Cannes dans la sélection de l'Acid (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) et a obtenu le grand prix du jury au Festival d'Angers 2011.