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    Le Cheval de Turin
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    Iloonoyeil
    Iloonoyeil

    38 abonnés 250 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 novembre 2024
    Bonjour tout le monde,


    Sur un écran noir, on entend le narrateur expliciter les derniers mots prononcés par l' immense philosophe Friedrich Nietzsche en faisant une accolade à un cheval à Turin. Puis ce philosophe ne parla plus et devint dément durant dix années.
    Paroles du narrateur sous- titrés en langue française sur écran noir.

    Puis le cheval et son cocher rentrent chez eux .......Le vent , la pieuvre du grand vent courbe les arbres. Un magnifique noir et blanc transcendant et crépusculaire. .....Très peu de dialogue entre le cochet et sa fille dans leur humble masure .
    Nous sommes en 1889 . Le cheval est un personnage truculent. La musique minimaliste tisse une ambiance de fin du monde, ou de fin d ' un monde .

    La solitude à deux, et, le vent hurle ; le vent crie et les humains sont résignés................

    Béla Tarr est vraiment le maître du temps par des plans séquences étonnants, transcendants et fulgurants qui distillent une lourde poésie cosmique.............

    Cette œuvre cinématographique dure environ 146 minutes. Vous pouvez mettre sur la touche " pause" de votre télécommande et vous avez une photographie artistique, à chaque fois, si vous voyez ce long métrage en DVD ou en Blu Ray.Mais, bien sûr , il faudrait découvrir ce film en salle de cinéma.

    Béla Tarr a fait savoir que " le cheval de Turin " serait son dernier film car il ne veut pas se répéter. Espérons que Béla Tarr reviendra sur sa décision évidemment !
    Qu' en pensez - vous ?

    Cordialement.

    Gérard Michel
    Yves G.
    Yves G.

    1 501 abonnés 3 518 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 juillet 2023
    La légende veut qu’en 1889, à Turin, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche aurait été ému aux larmes par le spectacle d’un cheval violemment fouetté par son cocher et que ce spectacle le traumatisa si durablement qu’il se mura pendant les dix dernières années de sa vie dans le silence.
    Cette anecdote est racontée en voix off au tout début du film. L’image suivante nous montre une vieille carne (peut-être s’agit-il du cheval de Turin dont la voix off vient de nous dire qu’on ignore ce qu’il en est advenu) et un cocher cheminant sur une sente battue par les vents. Le cocher rentre chez lui, une ferme isolée et misérable. Sa fille l’y attend.
    Pendant les six jours que durera le film, tandis que la tempête bat aux portes de la pauvre masure et que l’obscurité semble recouvrir peu à peu le monde, le cocher et sa fille répète les mêmes gestes quotidiens : le lever, l’eau qu’on va chercher au puits, le maigre repas pris en silence….

    "Le Cheval de Turin" est un film intimidant d’un cinéaste dont le nom est souvent cité à côté de ceux de Carl Dreyer, d’Andrei Tarkovsky, de Lav Diaz, de Apichatphong Weerasethakul ou de Carlos Reygadas. Ces réalisateurs ont en commun d’avoir réalisé des oeuvres radicales, d’une immense exigence formelle, austères jusqu’à l’épure, d’une durée parfois hors écrasante ("Death in the Land of Encantos" de Lav Diaz dure neuf heures et "Le Tango de Satan" de Béla Tarr en dure sept et demi).
    Face à ces oeuvres extrêmes, deux réactions paroxystiques se rencontrent qui sont l’une comme l’autre sujettes à caution. La première est l’enthousiasme outré aux relents snobs et germanopratins. La seconde est le procès en supercherie qui verse dans l’excès inverse : l’anti-intellectualisme démagogue et populiste.

    Bien conscient de ces deux écueils, je m’étais soigneusement préparé à la séance programmée dans une salle du "Quartier latin" devant un public nombreux de cinéphiles jeunes et ravis. J’avais doublé la dose de café que je m’administre normalement pour éviter de sombre dans un irrépressible endormissement narcoleptique. Mais cette précaution s’est avérée inutile.

    Certes "Le Cheval de Turin" dure près de deux heures trente. À l’exclusion de son premier plan – qui suit pendant une dizaine de minutes muettes le cocher et son cheval sur le chemin qui les ramène chez eux – son action se déroule dans un lieu unique. On n’y voit guère que deux personnages, le cocher infirme et sa fille. Ils n’échangent quasiment aucune parole sinon celles, rares et sèches, indispensables à la vie quotidienne. Seules et brèves intrusions : celle d’un voisin bavard et prêcheur d’acopalypse et celle d’une bande de gitans voleurs de poules. Le film est une longue répétition des mêmes situations, des mêmes gestes. On entend le bruit de la tempête et une phrase musicale entêtante – composée par le musicien attitré de Béla Tarr, Mihály Vig.

    Aude Lancelin dans "Marianne" a parlé d' »expérience limite pour les nerfs du spectateur », d’un « ennui quasi intolérable », et Laurent Pécha dans "Écran large" de « torture cinématographique ». Je les comprends volontiers et compatis à leur douleur.

    Pour autant, "Le Cheval de Turin" restera une des expériences les plus envoûtantes et les plus intelligentes qu’il me soit donner d’avoir vécue au cinéma.
    La raison en est double. La première est purement formelle. Si, en effet, l’histoire du Cheval de Turin est un long ressassement, la caméra de Béla Tarr jamais ne se répète. Ces scènes quotidiennes dont la répétition pourrait menacer d’épuiser la patience du spectateur sont à chaque fois filmées différemment. Ainsi du repas pris face à face par ces deux commensaux muets qui déchirent à mains nues, au risque de s’y brûler, une patate tout juste sortie du four. Ainsi du puits où la fille se rend chaque matin au réveil pour y prendre deux seaux d’eau malgré le blizzard qui la coupe en deux.

    La seconde tient au sujet même du film. Il ne se dévoile que lentement. Son interprétation reste d’ailleurs ouverte. Cette interprétation n’est que la mienne : "Le Cheval de Turin" est une Genèse à l’envers, une histoire qui se déroule sur six journées et raconte progressivement l’extinction de toute vie. Son dernier quart d’heure est tétanisant. C’est une scène mythique et une expérience métaphysique dont je ne vois guère d’égal que dans le dénouement de 2001, "Odyssée de l’espace".
    Christian Lemarcis
    Christian Lemarcis

    2 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 1 juin 2022
    Le vieil homme et l'ennui. En 6 journées. (La septième, c'est le repos de dieu!)

    Première journée : rien (sauf l'explication nietzschéenne du titre)
    Deuxième journée : rien d'autre
    Troisième journée : rien de plus
    Quatrième journée : encore rien
    Cinquième journée : toujours rien
    Sixième journée : rien enfin le générique

    Navet prétentieux dont le seul atout est son titre.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 19 janvier 2021
    Pour appréhender le Cheval de Turin, il faut être prêt. Je ne le fus pas lors de mon premier visionnage.

    Artiste dont la radicalité esthétique et temporelle n'est plus à démontrer, Béla Tarr pousse le curseur jusqu'au point de non-retour avec ce film qu'il présente lui-même comme son ultime manifestation au sein du paysage cinématographique. Le film est épuré à l'extrême. Hormis la séquence d'introduction, la caméra ne quittera jamais l'enclave où résident un vieux cocher et sa fille. Cependant, il s'ancre parfaitement dans la continuité des obsessions de l'un des auteurs les plus fascinant de l'ère moderne. Héritier de Tarkovski sur la manière de capter les formes et de dilater le temps, le cinéaste hongrois en est pourtant le revers désenchanté sur tout ce qui concerne la condition humaine. Si Tarkovski réhabilite la foi face à une matérialité omniprésente au cœur de nos sociétés contemporaines, Tarr, en bon nihiliste athée, ne déniche l'espoir que dans le néant. Déjà dans le Tango de Satan, la chute du bloc communiste et les perspectives d'ouverture avec l'Europe occidentale n'auguraient que tromperies, immobilisme et manipulations à tous les niveaux. Ici, l'enclave filmée pendant près de 2 h 30 s'apparente à une impasse. C'est tout bonnement la fin du monde que nous propose Tarr et rien ne pourra y subsister.

    Le Cheval de Turin peut être abordé sous le prisme de l'esthétique d'un temps oublié. Le point de départ fait référence à un évènement vécu par Friedrich Nietzsche dans le Piémont à la fin du 19e siècle. Plus qu'un hommage, la pensée du philosophe irrigue l'ensemble de l’œuvre du cinéaste, mais la différence notoire du film est qu'il porte le témoignage d'une manière de vivre révolue, éloignée de toute contemporanéité aussi bien urbaine que rurale. Le premier plan annonce tout de suite la couleur, la route est empruntée à cheval, la caméra est mobile, mais elle ne quittera jamais l'animal de son champ de mire. Le plan s'étire et apporte une dimension contemplative rare, suggérant une époque où le temps n'était pas encore compté, pas encore rationalisé. L'approche du 20e siècle renvoie aux ultimes instants charnières avant la diffusion généralisée des véhicules à moteur et des bouleversements sociétaux qui en résultent. À cette époque, nous avions encore le temps de nous ennuyer. Tarr calibre son film sur ce rythme, souhaitant apporter au spectateur une expérience sensitive unique. Ce parti pris constitue la grande force du film, mais peut-être aussi sa faiblesse en comparaison avec la richesse en terme d'interactions de ses chefs-d’œuvre que sont le Tango de Satan et les Harmonies Werckmeister. Toutefois, nous sommes très loin de la proposition démiurgique d'un artiste qui se regarde le nombril, une étiquette que certaines critiques mal avisées collent au cinéaste.

    Au cours du film, Tarr opère une dilatation du temps, car les plans semblent épouser la durée réelle des moments vécus par les deux protagonistes. Pourtant, il n'en est rien. Par exemple, la cuisson des pommes de terre ne prendra que quelques minutes dans le film alors que nous ressentons l'attente de la préparation culinaire. En cela, le cinéma est magique dans le sens où le spectateur est dupé. Il s'agit du seul art pouvant moduler la dimension temporelle de la sorte. En dehors des tâches assignées, le binôme passe l'essentiel de son temps libre à contempler l'extérieur à travers l'unique fenêtre du foyer. Malgré la dureté de leurs existences quotidiennes, les hommes ont besoin d'évasion, indépendamment de leur condition sociale. De nos jours, cette fenêtre est la télévision. Avec un bon usage, cette dernière peut être une fenêtre sur le monde. Tarr est le maître des situations répétées sous un angle différent. Dans un premier temps, ce rêve d'évasion est suggéré par une caméra placée derrière le dos de la fille. Plus tard dans le film, Tarr répète cette posture, mais en filmant depuis l'extérieur. Ainsi, nous découvrons la mine totalement déconfite et le visage renfermé de la fille. À partir d'une même situation, l'expression artistique nous donne à voir deux interprétations différentes, sinon antagonistes. Cette transposition fait écho à une situation similaire dans le Tango de Satan, qui plus est avec la même actrice.

    Dans l'enclave de Turin, la plus sommaire des tâches est une épreuve. Pour remplir deux sceaux d'eau au puits, il faut affronter un vent terrible. Chaque jour apporte son lot de contraintes nouvelles. Hommes et femmes ne communiquent pas ou presque pas. Les seuls mots échangés concernent le repas ou le coucher. Le cocher et la fille ont besoin de vivre ensemble, de s'assigner des tâches respectives, mais à aucun moment les individus ne parviennent à se comprendre. Tout est fonction de service, le foyer existe, mais ses habitants sont des automates répétant les mêmes gestes aux fil des journées. La dégustation journalière des pommes de terre offre une opposition de style. La douceur de la fille répond à la bestialité du cocher. De la même manière, la fille habille/déshabille chaque matin et soir son père avec toute la pudeur que cela implique. Rien ne semble altérer les anciennes convenances. Même dans l'intimité, puis la précarité, ces êtres ne parviennent pas sortir des rôles assignés par le poids des siècles. Sur ces aspects, le film se rapproche de l'Île nue de Kaneto Shindo sorti en 1960. Cependant, la tempête fait rage au dehors et annonce la fin de ce qui existait jusqu'alors.

    Comme nous l'avons vu, l'un et l'autre passent leur temps à observer à travers la fenêtre. Quelles perspectives d'avenir peuvent survenir lorsque l'horizon n'est que poussière, feuilles mortes et désolation ?

    La nature commence à ne plus produire les mêmes effets qu'au cours des longues décennies précédentes. Le vent rend toute sortie exténuante. Un voisin en visite prophétise même la destruction de la ville la plus proche. Le cocher et la fille vivent un confinement total, le monde environnant ne donne pas l'impression de pouvoir s'en remettre. Chez Tarr, aucune éclaircie n'apporte l'espoir avec elle. Durant les six journées qui décomposent la fiction, les habitants perdent un à un leurs moyens de subsistance. Il s'agit d'abord de l'assistance du cheval, puis de l'assèchement du puits, et enfin l'extinction de la lumière. Le binôme résiste constamment contre les éléments tandis que le cheval refuse de se nourrir et dépérit dès le premier jour du cataclysme. En cela, l'animal accepte mieux son sort que l'homme. Érigeant une figure du stoïcisme, Tarr rapproche son cheval de l'âne Balthazar de Bresson. Il faudra six journées et la permanence de l'obscurité pour que la fille cède à son tour à la volonté de se nourrir. C'est à ce moment qu'intervient le parallèle avec l'évènement vécu par Nietzsche relaté au début du film. Tarr nous insuffle progressivement le constat de la vanité de toute entreprise humaine, de la volonté de puissance. Chez le philosophe allemand, la volonté de puissance signifie "ne jamais pouvoir être identique à soi et être toujours porté au-delà de soi." Le but de chaque individu étant d’accroître sa puissance.

    Or, le voisin clame que l'homme n'est capable que " de toucher, s'accaparer et souiller" tout ce qui est à sa portée. Avec le cataclysme, les hommes se jugent eux-mêmes et rien ne plaide en leur faveur. Cette tempête est celle de la raison, d'un nihilisme avec l'assistance de Dieu. Un constat désabusé pour qui a fait l'homme à son image. L'ironie selon Béla Tarr ? Au cours d'une séquence, les protagonistes prennent la fuite, mais l'ailleurs n'est déjà plus. Le plan séquence regagne ses lettres de noblesse avec cet aller-retour venteux et désabusé. En tractant la charrette, les hommes prennent la place des animaux. Face au néant, qui est vraiment au sommet de l'évolution ? Enfin, l'apparition d'une horde de tziganes renvoie à la figure biblique des cavaliers de l'apocalypse. Ces derniers annonçant la fin prochaine du monde. Leur passage n’amènera pas l'avènement du Christ, mais l'assèchement complet de la source de vie, le puits.

    Il fallut six jours à Dieu pour créer le monde et d'après Tarr, six autres pour le détruire. Au matin du sixième jour, la lumière ne fut plus. La volonté céda. En parlant du vide, Béla Tarr l'a pourtant bien rempli.
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    4 728 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 25 octobre 2020
    Après une heure à regarder les gens manger une pomme de terre (un non-sens absolu) ou à profiter du frisson d'un voyage sauvage au puits pour obtenir de l'eau le moment le plus dramatique du film arrive. Par une soirée particulièrement excitante où le père et la fille presque muets regardent les vêtements sécher (j'aurais seulement aimé inventer ça) un invité arrive. Il jaillit de quelques points de vue obliquement nietzschéens et part. Ensuite c'est de retour aux pommes de terre, au vent, à la musique lugubre et au séchage des vêtements. Le film suit six jours dans la vie des humains les plus végétatifs du monde. En vérité vous auriez plus d'angoisse émotionnelle avec une tige de céleri. Ce n'est pas filmé en temps réel mais c'est comme si c'était le cas. Oh oui le cheval. Le cheval fournit le contenu intellectuel du film. Le cheval rêve d'avoir un pouce opposable pour pouvoir prendre un pistolet et se tirer une balle dans la tête. Puisqu'il ne peut pas il développe un plan élaboré pour rendre son propriétaire tellement en colère que le propriétaire le fera pour lui. Hélas le plan tourne mal quand le propriétaire se rend compte qu'il est pris au piège d'un énorme dilemme philosophique si je tire sur le cheval, je n'ai plus de cheval. Être ou ne pas être telle est la question du fermier. Finalement le cheval étant un vrai stoïque comprend qu'il peut se contrôler lui-même. Il décide donc de mourir de faim car la mort par ennui prendrait trop de temps. Le cheval réussit-il ?. Regardez ce film de deux heures et demie pour le découvrir. Donc en bref si vous sentez que vous avez fait quelque chose de mal et que vous méritez d'être puni regardez ce film. Vos péchés et ceux de tous vos ancêtres seront pardonnés. Ainsi parlait Zarathoustra...
     Kurosawa
    Kurosawa

    591 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 13 juillet 2019
    C'est l'histoire d'un fermier qui vit avec sa fille dans une vieille maison au milieu de nulle part, un jour leur cheval décide de ne plus bouger : les deux personnages sont donc condamnés. Il serait insultant envers les films de qualité de trop s'épancher sur cette purge auteuriste d'une prétention inouïe. Bela Tarr, qui semble se prendre pour le génie qu'il n'est pas, a cru qu'une histoire aussi mince pouvait tenir sur 2 h 30, qu'un spectateur attentif n'allait pas se rendre compte que les vingt premières minutes sont, autant dans leur contenu que dans leur mise en scène, reprises en boucle sur les deux heures suivantes. Si l'idée était de faire ressentir l'attente harassante de la fin du monde, alors c'est réussi; mais faire subir les mêmes rituels inintéressants de personnages dont on ne peut rien extraire, l'arrivée d'un ivrogne qui récite son charabia métaphysique ou encore celle de tziganes voulant récupérer l'eau du puits (il fallait se dépêcher avant que celui-ci ne tarisse), c'est vraiment trop. Le seul pseudo mystère qui réside dans ce film, c'est pourquoi le paysan et sa fille filent s’asseoir devant la fenêtre dès qu'ils en ont l'occasion : la réponse est finalement simple, ils attendent simplement que leur calvaire se termine. Sommet d'ennui, "Le cheval de Turin" se permet même, certainement dans un geste esthétique puissant et avant-gardiste, d'enrober la misère humaine (quand pour seul repas, on a une seule patate cuite, c'est bien la misère) dans un noir et blanc granuleux et des plans-séquences élégants – mais systématiques dans leurs mouvements. Il ne fait guère de doute que Bela Tarr se fout de ses personnages; tout ce qui l'intéresse, c'est sa mise en scène et son pessimisme. Puisque la première ne fait même pas illusion, le second ne peut jamais atteindre un quelconque degré émotionnel.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 7 juillet 2019
    Film somptueux, fascinant - magnétique même - et à nul autre pareil.
    http://legoutducinema.blogspot.com/2015/12/le-cheval-de-turin-torinoi-lo-de-b-tarr.html
    rogerwaters
    rogerwaters

    146 abonnés 1 089 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 avril 2018
    Chef d’oeuvre, assurément. Le cheval de Turin devrait séduire une fois de plus les amoureux du cinéma de Bela Tarr, même si celui-ci radicalise encore plus ses positions. Plus lent, plus contemplatif, moins bavard, son dernier film est encore plus difficile d’accès que les précédents. S’il ne se donne pas facilement, son dernier geste artistique s’impose comme une oeuvre majeure par la beauté des plans, la majesté de la réalisation et le pessimisme jusqu’au-boutiste de son histoire. Pas étonnant en tout cas que l’auteur veuille arrêter le cinéma vu la noirceur terriblement dépressive qui se dégage de son dernier bijou. Une expérience à vivre au cinéma, que l’on aime ou pas.
    7eme critique
    7eme critique

    540 abonnés 2 778 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 septembre 2017
    De nombreux plans séquences et plans fixes, de rares dialogues, un duo d'acteurs plus vrais que nature, une photographie remarquable, une ambiance musicale glaciale composée d'un seul et unique morceau (renforçant parfaitement ce sentiment de solitude) lorsque le film n'est pas bercé par le bruit du vent (élément qui deviendra acteur à part entière, donnant vie à ses images), "Le cheval de Turin" se trouve une véritable atmosphère, au point d'en devenir hypnotique. On pourra en revanche lui reprocher sa durée (2h30). Cet exercice, aussi beau et fort soit-il, pourra effectivement paraître un peu long face à ses scènes inertes et interminables, même si cet aspect est pourtant de rigueur dans ce genre de film afin d'installer ce climat si singulier et cette sensation de voyage expérimental. "Le cheval de Turin" est extrêmement lent, et terriblement dépressif, mais tellement maîtrisé et unique en son genre, qu'il en ressortira comme une expérience cinématographique au pouvoir paralysant, à la façon d'une toile de maître.
    Acidus
    Acidus

    736 abonnés 3 722 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 avril 2017
    Le 3 janvier 1889, à Turin, Nietzsche se précipite auprès d'un cheval battu par son cocher. Tout en enlaçant l'animal pour le protéger des coups, le philosophe fond en larmes. C'est le début de la folie dans laquelle il va sombrer jusqu'à sa mort. De cet évênement, Bela Tarr va tisser une intrigue autour de cet équidé et de son propriétaire pour en faire une oeuvre cinématographique originale et personnelle.
    Je dois admettre ne pas avoir totalement adhéré au délire du cinéaste hongrois malgré les indéniables qualités que présente son long métrage. Ces qualités sont avant tout formelles et techniques. La photographie en noir et blanc est tout simplement sublime de même que la mise en scène et ces longs plans séquences. Cette beauté visuelle est soutenue et renforcée par une splendide composition musicale fortement influencée par Philip Glass.
    En revanche, le propos et l'histoire m'ont nettement moins emballé. "Le cheval de Turin" est une oeuvre minimaliste (peu de personnages, peu de dialogues, lieu d'action restreint) dont le rythme lent se rapproche de celui d'un Sokourov ou d'un Tarkovski. Bela Tarr filme le quotidien d'un père et de sa fille, dans un milieu rural éloigné de tout, qui va progressivement (mais trèèèèèès lentement) se détériorer. Lenteurs rime avec longueurs et l'ambiance hypnotisante et contemplative du film se transforme régulièrement en ambiance soporifique. Il ressort du "Cheval de Turin" une vision eschatologique et surréaliste qui fait écho à la Bible et à la Création du monde en sept jours. Parfois intéressant, parfois pénible à suivre, ce film n'en reste pas moins une curiosité que je conseille comme tel.
    Daniel Schettino
    Daniel Schettino

    26 abonnés 241 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 janvier 2017
    Le film débute par une incroyablement belle et (paradoxalement) douloureuse scène avec un cheval tirant une charrette, lutant contre les vents violents. Le lendemain le vent est encore plus fort, et le vieux cheval est à bout de force pour pouvoir partir de nouveau. Le cheval devient de plus en plus faible, mais il a une alliée en la personne de la fille du fermier, qui le protège et s'occupe de lui (Elle doit le connaître depuis son enfance. Ils ont certainement le même âge autour de 25 ans). Le cheval a arrêté de lutter. A-t-il compris que la lutte était inutile ? A-t-il pressenti une fin funeste ? Nous assistons au quotidien routinier, à la vie monotone de ce père et de sa fille dans cet univers de fin du monde. La fille cherche des explications dans la bible à cette entrée dans les ténèbres. Les 2 personnages essaient bien de fuir un peu tard en amenant avec eux le cheval, mais ils reviennent bien vite car il n'y a aucune issue. Je doute que les autres personnages du film aient pu se réfugier dans un endroit sûr. L'humanité court à sa perte. Inexorablement le vent a apporté anormalement la noirceur et non le soleil. L'obscurité couvre tout. Et là nous avons droit à cette extraordinaire scène d'un écran noir. On entre dans le film pas à pas, pourvu de se laisser emporter par le vent du film. Le cheval de Turin n'est pas un film abscons, c'est même une très belle histoire simple et émouvante. A Torinoi lo est un film sublime.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 14 décembre 2015
    À contre-courant de ''2012'' et compagnie, voici une fresque de l'apocalypse en noir et blanc, sans grand fracas ni gesticulations inutiles, sans une goutte de sang ni même un cri apeuré, la fin du monde vivant comme vous ne l'aurez jamais soupçonné.
    Le Blog Du Cinéma
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    109 abonnés 297 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 8 janvier 2015
    (...) Comme à son habitude, Béla Tarr nous livre avec Le Cheval de Turin une photographie noir et blanc absolument sublime, à un niveau quasi-inimaginable de maîtrise visuelle. Son chef-opérateur, Fred Kelemen, fait de chaque image une peinture admirablement cadrée et sa gestion de la lumière, ce qu’il en fait, la manière dont il l’impose comme une quasi-entité durant tout le film, force le respect. Il n’y a en fait absolument rien à redire sur la photographie du film hongrois ; sa réalisation, en revanche, n’est pas si exempt de défauts. Non pas que Béla Tarr ne soigne pas ici sa mise en scène ; au contraire, il en fait presque trop, à un tel point que les séquences emplies de poésie et de métaphysiques à peine perceptible des Harmonies Werckmeister semblent ici enfouies sous une mise en scène finalement très mathématique, et qui au final en fait peut-être trop. Obsédé par ses impressionnantes prouesses techniques et ses longs plans interminables, qu’ils soient quasi-fixes ou lié à un interminable mouvement, Béla Tarr semble oublier d’humaniser ses personnages, de les rendre vivants, d’instaurer cette atmosphère mystique qui aurait fait tant de bien au film et qu’on ne retrouve que trop rarement, le temps de quelques séquences extérieures à tomber à la renverse tant l’ambiance mise en place est phénoménale. Il y a dans cette absence de montage, dans cette austérité chère au réalisateur hongrois, une capacité à mettre en place une destruction du monde à la limite d’un apocalypse ambiant, et Le Cheval de Turin semblait être le sujet idéal pour ce type d’obsessions ; il est donc regrettable que le cinéaste ne parvienne pas à s’effacer derrière ses plans magnifiques, et nous rappelle sans cesse à notre conditions de spectateur par sa mise en scène trop voyante écrasant ses personnages, son histoire, et finalement, son atmosphère (...

    L'intégralité de notre avis à propos du CHEVAL DE TURIN, sur Le Blog du Cinéma
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 202 abonnés 4 190 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 30 octobre 2014
    Avec « Le cheval de Turin », Bela Tarr annonce mettre fin à sa filmographie. Récompensé de l’Ours d’argent en 2011 au Festival de Berlin le film s’est aussitôt attiré les louanges de toute la presse représentative de l’intelligentsia parisienne qui n’a pas eu de qualificatifs assez forts pour décrire ce chef d’œuvre ultime. Le développement de l’argumentation pour étayer cet engouement a été quant à lui plus nébuleux. On a bien sûr tenté d’inscrire « Le cheval de Turin » dans l’ensemble de l’œuvre de l’auteur dont on souligne systématiquement le pessimisme noir qui le pousserait à mettre ici en scène une fin du monde attendue sereinement par un père et sa fille et leur cheval dans une masure isolée battue par un vent incessant annonciateur d’un sixième jour à rebours où le créateur enlèverait de la Terre la dernière créature de la Genèse. Le style si particulier de Béla Tarr où la diffraction du temps tient lieu de crédo est aussi présenté comme la singularité d’un cinéma qui refuserait tous les principes narratifs pour se concentrer sur l’essentiel c’est-à-dire le dénuement des gens de peu pour qui la fin du monde comme de la vie tout court ne serait peut-être qu’un soulagement. Et de ce point de vue la démonstration de Bela Tarr si démonstration il y a, est édifiante. La vie de misère endurée par Ohlsdorfer et sa fille ne justifie en rien que la vie sur Terre se prolonge davantage. On veut bien être d’accord avec tout ceci mais s’extasier devant un film de deux heures trente durant lequel l’auteur nous inflige de contempler le triste rituel des corvées d’un père et de sa fille à qui il ne reste plus qu’une pomme de terre cuite à manger chaque jour que Dieu fait parait très exagéré. S’il suffisait d’en faire si peu pour réaliser un chef d’œuvre bien d’autres pourraient s'y atteler. C’est surtout la souffrance de l’auteur visible sur l’écran qui impressionne mais lui-même en présentant « Le cheval du Turin » comme son dernier film arrive au triste constat qu’il ne peut aller plus loin dans le dépouillement. S’il se trouvera toujours quelques exégètes prêts à tutoyer la vacuité, on peut aussi exiger d’un artiste qu’il fasse l’effort de s’adresser au plus grand nombre pour faire partager ses angoisses et ses obsessions. Certains dont Fellini, Coppola, Kubrick ou même David Lynch y sont parvenus avec brio sans jamais rien renier de leurs convictions. On sort de tels films en se demandant sincèrement comment certains ont pu y déceler tant de choses qui nous ont échappé pauvres êtres insensibles que nous sommes. S’il faut connaître toute l’œuvre de l’artiste pour y percevoir un début de sens c’est sans doute que celle-ci n’a pas la force suffisante pour briller d’elle-même. Dans les raisons de son renoncement, Bela Tarr semble aussi ne pas concevoir que ses films deviennent de plus en plus durs à monter face à des producteurs hermétiques à son message. De qui se moque-t-on ? Si la fin du monde est proche, cet artiste si plein de lui-même nous pardonnera quand même de souhaiter passer le temps précieux qui nous reste à faire autre chose. Tout le monde n’appartient pas à la famille Ohlsdorfer.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 25 avril 2014
    A l'instar du "Faust" de Sokurov, vu récemment, un film ouragan. Ici, bien sûr, la métaphore est explicite, la tempête de vent étant à la fois le thème central et le décor principal, parabole d'une existence aride, d'un monde devenu fou dans lequel les lois de la nature semblent altérées. "Le Cheval de Turin" est plus qu'un film, c'est une malédiction. "Dieu est mort" proclamait Nietzsche ; "Le cinéma est mort" semble répondre Bela Tarr en écho, lui qui a déclaré qu'il s'agirait de son dernier film car ce genre de cinéma n'intéressait plus personne de nos jours. Une malédiction, vous dis-je.
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