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    Le Cheval de Turin
    Note moyenne
    3,5
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    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 2 décembre 2011
    LE PUITS SE VIDE : et moi de même, j'en sors vidé, dans tous les sens du terme, aussi bien physiquement que mentalement que visuellement. Bon, tout d'abord, je vois l'avouer, j'ai pioncé durant la première demi-heure ( c'est qu'il faut pour ce genre rentrer dans la salle en étant en pleine possession de ses moyens : conseil : dix heures de sommeil minimum ) ; m'étant endormi discrètement, à l'abri des regards incessants de mon voisin, sur l'image d'un cheval, j'étais, je le concède surpris de reprendre conscience et de retrouver à l'écran ce même cheval dans quasiment la même position, même plan et tout... J'ai cru à une rupture temporelle... Rien de tout cela visiblement, c'est juste que les premières trente minutes sont monotones au possible : un homme qui marche à côté d'un cheval, qui attèle un cheval, qui monte un cheval, qui veut faire avancer un cheval ( c'est du moins ce que j'ai réussi à appréhender du fond de mon inconscience )... Alors là je me suis dit : « Pturin » de m*rde, il porte vachement bien son nom le film quand même. » … Pour redevenir un peu sérieux : c'est surtout un profond scepticisme qui m'envahit car globalement que retirer de ce long métrage si ce n'est un ennui très souvent intolérable, voir soporifique. Je suis intentionnellement méchant ( j'essayerai de me rattraper ensuite ) mais soyons honnête : très peu de dialogue, des plans fixes, très sombres, un silence pesant, un vent constant et une immobilité à rendre un paresseux vif et enthousiaste, pas de quoi jouir ou crier au génie. En fait, « Le Cheval de Turin » pose, sans trop le vouloir, une grande question relative à la différenciation des arts : le cinéma est-il habilité à produire des peintures fixes d'être figé dans un espace clos où rien ne se passe ? Ou n'est-ce pas plutôt une prouesse propre à la littérature ( Beckett notamment l'a fait : «Quelle malédiction la mobilité» dira t-il ) ? Mais ici, Béla Tarr le pense d'ailleurs ( que le public ne veut plus de ce genre de film ) ; j'irai plus loin, le cinéma est-il apte à produire ce genre de film sans profondément ennuyer ? Question sur le poids des poids et des images, n'allons pas plus loin, c'est inutile. Que chacun se fasse son idée... Maintenant, pour rendre à ce film, les qualités indéniables qu'il possède, il me faut les énumérer : une mise en scène, une réalisation très précise, froide, glaçante, d'une grande maitrise, du grand art, des plans/paysages décors de la même veine, tourmentés, torturés, sombres : l'espoir n'est pas de la parti. Et puis surtout quelques scènes intéressantes, voir carrément géniales ( toutes se situant à l'intérieur de la maison, là où l'atmosphère pèse énormément ) avec le bruit extérieur et constant de ce vent, porteur d'apocalypse, de funeste présage. Le vent, c'est l'impossibilité qu'on les Hommes à demeurer à l'abri de leur congénère, c'est l'invasion du médiocre sur la paix, la mort du noble, l'oppression exténuante. Et puis il y a « La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide/Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût; / L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, /Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout » ( Baudelaire ). Et le repos autour d'un repas, autour des braises qui bientôt mourront, le calme et l'obscurité avant le violent déchainement. Manger, boire, respirer, dormir, oublier... Il faut certainement aller voir « Le Cheval de Turin » car c'est une expérience, pas forcément concluante, mais une expérience n'a pas à l'être obligatoirement.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 8 décembre 2012
    À voir au cinéma. Le film devient une excellente comédie quand les soupirs commencent à fuser dans la salle et les spectateurs ennuyés à se lever pour sortir en maugréant. C'est là qu'on jouit. Techniquement, c'est impressionnant, cette contrainte du plan séquence et du mouvement constant. C'est sûrement censé être beau et époustouflant, aux limites du religieux, mais c'est surtout de la frime. La thématique de l'éternel retour est traitée à l'opposé de la conception de Nietzsche : la répétition effective du même devient une mortification sourde et implacable, et non pas la possibilité de perpétuer un élan vital. Bela Tarr distribue sa dose de misérabilisme nihiliste et sadique dans les habits du respectable. En faisant abstraction des humains humiliés, c'est une remarquable description de matières en mouvement.
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