Surpris. Bela Tarr propose un film énervant à souhait, insupportable, on a physiquement envie de vomir, de bouger, de sortir, et pourtant on reste, tant on a envie de savoir, d'abord, ce qu'il va se passer, ensuite, comment quelqu'un a-t-il pu financer un tel film, et enfin, pourquoi ce film, quel est le message ?? Et finalement on est surpris, supris par la fin, qui arrive à un moment où on n'a pas l'impression d'être resté 2h30 dans la salle : surpris donc de voir que nous ne nous sommes pas tant ennuyé que cela finalement, le temps passe sans problème ! Surpris encore par la dernière scène, qui révéle le film, qui donne tout son sens à ce film lent, long, étendu, qui s'éternise dans un clair obscur rembrantesque. Surpris ensuite, en sortant de la salle, quasi énervé, mais déjà surpris, par ce film qui ne vous lâche plus : on y repense, on revoit le film étape par étape, scène par scène, dans lesquelles il ne se passe rien, et pourtant où il se passe tant de choses !!! Surpris par la profondeur de l'analyse, la simplicité du message et du médium de transmission : des images quasiments vides, un scénario qui "tient sur une page", des dialogues quasi-inexistant, et pourtant tout est là : la folie de Nietzsche, la vie, la mort, l'innutile... Surpris donc de trouver tant de sens et de puissance "brute de décoffrage", dans ce film mort, sans action, avec seulement deux principaux acteurs, avec des moyens qui semblent si faibles... Un film majeur sans doute, un OVNI philosophique, qui revisite sans doute des pans entiers de la philosophie Nietzschienne (je ne la connais pas, j'imagine). C'est finalement très très fort, profond, et captivant. On peut le dire, c'est insupportable à regarder, mais ce film tient du génie !