Le Petit Prince, vous en avez surement entendu parler ne serait-ce qu’une fois même si vous ne vous souvenez pas du conte sur le bout de la langue. C’est probablement le livre le plus connu de Antoine de Saint-Exupéry et nombreux sont ceux qui s’en souviennent pour sa poésie et ses morales que sont la préservation de l’enfance et le droit de rêver.
Alors en faire une adaptation en animation se révèle tout sauf aisé, surtout quand on sait que d’une manière ou d’une autre il y aura forcément des mécontents ou des fanatiques qui iront crier au scandale pour tout ou rien. Moi n’ayant que les grandes lignes en tête et ne me souvenant pas entièrement du conte bien qu’on me l’ait conté il y a longtemps, je partais dans le but de redécouvrir ce conte. De plus, en voyant que le projet était entre les mains de Mark Osborne, le réalisateur du premier et excellent Kung-Fu Panda et qui a donc travaillé chez Dreamworks, et le voir s’attaquer à une production française était loin d’être inintéressant.
J’ai donc été le voir en salle, et j’en suis ressorti avec le sourire. Il y a certes des défauts évidents, même très évidents, mais globalement les bonnes idées l’emportent et la manière qu’a choisie l’équipe du film de nous raconter cette histoire m’a étonnamment plu. Les choix artistiques et scénaristiques intéressant sont nombreux, et on commence tout de suite avec les personnages.
Le premier choix ici c’est de ne donner aucun nom aux personnages du film, mais juste de les identifier par ce qu’ils sont et si je me trompe pas, le livre faisait de même avec ses protagonistes mais comme j’ai en quelque sorte découvert une version adapté, je parlerais du film et non pas du livre en question. Notre héroïne ici est une petite fille (appelez là comme vous voulez, le nom de votre sœur, de votre mère, de votre cousine, à vous de voir), ou plutôt LA petite fille. Et le personnage est suffisamment bien introduit et écrit pour qu’on puisse vouloir s’y identifier et s’y attacher, il est même intéressant de voir
comment elle s’intéresse à l’aviateur et à l’histoire du Petit Prince, comme tout enfant qui lui ressemble,
on a juste ce qu'il faut pour vouloir s'identifier à la place de l'enfant.
Ce procédé est également repris avec le personnage de l’aviateur, un vieillard fantaisiste mais pas moins aimable et sympathique qui sait encore rêver comme un enfant et vit dans un drôle d’univers. A lui seul il déclenchera pas mal de sourire et on se prend rapidement de sympathie pour lui, Mark Osborne se permet même d’en faire
le personnage du conte du Petit Prince et donc de raconter une partie de l’histoire comme il l’a vécu au côté du fameux personnage, j’en reparlerais parce que ce détail semble faire gueuler pas mal de fanatique du conte dont il est question.
On a aussi la mère de la jeune fille, également sans nom et plus en retrait, inventée pour les besoins de la morale du film et également du conte indirectement adapté. Elle fait plus figure maternel
qui pousse sa fille vers la réussite scolaire et son avenir sans prendre le temps de lui accorder du répit ou de la laisser souffler et prendre du bon temps
, alors certes c’est un cas bien cliché mais vu que le cliché est utilisé ici pour faire fonctionner les messages du film, je laisse passer.
Pour le reste, on retrouve la plupart des personnages déjà présents dans le conte : à commencer bien sur par le fameux Petit Prince qui reste la figure centrale de l’œuvre, ainsi que certains personnages qu’ils rencontrent au cours de son périple,
ceux étant retenu sont le monarque, le vaniteux et l’homme d’affaire pour les adultes.
La rose
qui le pousse à quitter sa planète
est également présente, de même pour
le serpent et le renard
qui sont les principaux éléments du livre retenu. Chacun ayant un sens à donner à la fameuse phrase : On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
Et donc, tout ces personnages sont appelé uniquement par ce qu’ils sont, et non pas par leur nom, dans un sens pour avoir un rapport certain avec l’œuvre, et dans l’autre pour permettre de s’intéresser d’une manière intéressante à la petite fille et au vieillard (ainsi qu’à la mère).
Hans Zimmer, qui avait déjà collaboré avec Mark Osborne pour le premier Kung-Fu Panda, était en charge de la musique avec Richard Harvey en partenariat. Et le résultat est très maîtrisé, créant même une ambiance à la fois charmante, étrange et mélancolique à l’histoire et au conte que l’on découvre à travers nos protagonistes. Certains morceaux me sont même restés en tête, et si ce n’est évidemment pas la meilleure partition que le compositeur des The Dark Knight ou du Roi Lion nous ait donné, on ne pourra pas bouder le travail qui a été fait pour rendre ce film plus séduisant dans son petit monde. On notera aussi la présence de Camille qui a écrit et chanté trois chansons pour le film, mais à part Suis-moi que je trouve personnellement très joli à entendre et qui, je trouve, donne un sens à une scène, je ne pense pas que L’équation et Le tour de France en diligence étaient nécessaire, surtout quand on voit que le second est oubliable et n’est utilisé qu’un court instant.
Et malheureusement, s’il y a un point qui m’a beaucoup divisé pour ce film, c’est le choix de l’animation pour le mélange des scènes en Stop-motion et en image de synthèse 3D. Concernant les images en 3D, j’ai trouvé la texture des personnages pas très finalisé comparé à beaucoup d’autres films d’animation en 3D, même Kung-Fu Panda qui est sorti en 2008 me semble plus peaufiné sur cet aspect alors qu’il est sorti 7 ans plus tôt. Quand on le compare à des films également plus récent et en 3D comme Les Nouveaux Héros ou Vice-Versa, c’est nettement inférieur en terme de qualité (mais ça reste toujours plus jolie que cette daube d’En Route). Bon après ça reste quand même bon, soyons pas vache non plus, les expressions et la gestuelle des personnages restent maîtrisé mais ce n’est juste pas la meilleure animation qu’on ait pu voir. Après il reste les décors et les environnements variés qui sauvent cet aspect non abouti,
comme la maison aux goûts très excentrique du vieil aviateur ou les plans finaux sur la planète du Petit Prince qui sont assez joliment fait,
mais visuellement ça n’est pas non plus la claque qu’on pouvait attendre.
En revanche, pour l’animation image par image destiné à rendre hommage au conte de Saint-Exupéry, c’est loin d’être mal fait, c’est même une intention charitable de la part de l’équipe du film. Le but étant de rendre hommage au style graphique du roman, et en général c’est très bien fait, et c’est aussi aidé pour un très bon doublage français. Andrea Santamaria est impeccable en Petit Prince, la voix et le ton collant parfaitement au personnage. Clara Poincaré et André Dussolier faisaient du très bon travail pour la petite fille et l’aviateur, de même pour Florence Foresti méconnaissable au doublage ou encore Vincent Cassel, Laurent Laffite et Guillaume Gallienne. Par contre, pourquoi avoir prit Marion Cotillard pour doubler une rose vu le peu de temps que la rose parle ? Pas qu’elle fasse un mauvais doublage mais à part pour prendre une célébrité locale, ça n’avait aucun intérêt. Enfin bref.
Il me reste à parler de l’histoire, et c’est là qu’on se retrouve face à ce que plusieurs puristes considèrent déjà comme une insulte voire un massacre envers l’histoire du petit Prince. Parce que pour beaucoup d’entre eux, quand un film pour enfant se nomme Le Petit Prince, c’est directement l’histoire du Petit Prince que le film se doit de raconter et ceux en étant totalement respectueux du conte.
Et le fait même que ça soit l’aviateur du conte qui raconte l’histoire à une petite fille n’a pas aidé apparemment. Personnellement, je ne vois pas en quoi c’est une trahison ? Le sujet central reste Le Petit Prince et son aventure, mais le tout
raconté par justement un personnage du conte à une enfant qui n’en a pas connaissance et qui grandit trop vite en oubliant de vivre son enfance. On suit diamétralement deux histoires, celle d’un enfant découvrant l’histoire du Petit Prince par la bouche d’un personnage du conte, et le conte en lui-même qui, logiquement est respecté à la lettre jusqu’à la fin du deuxième acte. On découvre (ou redécouvre, dans mon cas) même l’esprit du roman à travers une certaine poésie qui s’installe avec la bizarrerie du conte, de la maison du vieillard et les réactions de perplexité du Prince durant ses rencontres au cours de son voyage.
Les réactions de la jeune fille et ses questions face au conte restent logique et crédible et tout se déroule bien jusqu’à la fin du deuxième tiers.
Et je dis bien jusqu’à la fin du deuxième parce qu’ensuite… je ne sais pas ce qui s’est passé mais : soit le film a fait n’importe quoi avec son dernier tiers à cause d’un choix de producteur, soit Mark Osborne avait une autre idée à exploiter mais c’est tellement mal fait que ça en devient très confus, même pour les bonnes intentions qu’il peut y avoir derrière. Pour vous résumer facilement le contexte :
La petite fille et le renard en peluche qui prend inexplicablement vie, prennent l’avion de l’aviateur pour partir à la recherche du petit Prince afin de le ramener auprès de l'aviateur mal en point à l'hôpital et arrivent sur une planète étrange qui fait énormément penser à une boule à neige de l’enfant ou l’on voit des employés dans un immeuble et de la grisaille partout, afin de retrouver Le Petit Prince qui est devenu adulte et à oublier son aventure d’enfance et ce qu’il était vraiment.
Une seule et unique question : pourquoi ? Pourquoi rajouter ce tiers complètement fantaisiste si ce n’est que pour ajouter un dilemme inutile ? A la fin du conte que l’aviateur avait conté à l’enfant,
on savait que le Petit Prince mourrait après avoir été mordu par le serpent et était sans doute mort dans le silence dans le désert, ce que la petite fille devrait comprendre par elle-même avec le temps. Alors comment on a pu en arriver à avoir Le Petit Prince (ou plutôt Monsieur Prince) devenir ramoneur et se retrouver sur une planète grise qui symbolise le monde adulte et gris sans rêve ou beauté que désire tout enfant ?
Et en plus, avec toutes les incohérences et question sans réponses que cela entraîne, ça n’aide pas à entrer dans ce délire :
le personnage du conte du Petit Prince et donc de raconter une partie de l’histoire comme il l’a vécu au côté du fameux personnage, j’en reparlerais parce que ce détail semble faire gueuler pas mal de fanatique du conte dont il est question.
0
Après, ça ne veut pas dire que tout est mal fait, la scène finale a retenu toute mon attention d’ailleurs :
le personnage du conte du Petit Prince et donc de raconter une partie de l’histoire comme il l’a vécu au côté du fameux personnage, j’en reparlerais parce que ce détail semble faire gueuler pas mal de fanatique du conte dont il est question.
1
Quelque part c’est très beau et ça renforce mêmes les messages du livre et du film, grandir en sachant continuer à rêver et à se remémorer son enfance !
Le troisième acte tente de renforcer cet aspect
le personnage du conte du Petit Prince et donc de raconter une partie de l’histoire comme il l’a vécu au côté du fameux personnage, j’en reparlerais parce que ce détail semble faire gueuler pas mal de fanatique du conte dont il est question.
2
Mais malgré cela et une animation qui aurait pu être meilleur, cette version animée du Petit Prince reste très plaisante, maladroit et superflu dans son dernier tiers mais très réussi et maîtrisé dans ses deux premiers actes, notamment grâce à l’aviateur et la petite fille, une belle musique et une première heure très séduisante. Ça n’en fait surement pas le meilleur film d’animation de cette année ou une adaptation nickel chrome, mais ça vaut le coup de le voir au moins une fois je pense.