Je l’avoue, il y a des choses dans ce « Petit prince » que j’apprécie tellement que j’aurais pu lui donner une note bien supérieure. Mais bon… D’un autre côté, je dois bien reconnaître que, dans l’ensemble, ce « Petit prince » m’a laissé une impression de film standard, qui plait sans marquer. Or, c’est bête, mais je ne peux pas m’empêcher de trouver ça dommage parce que je pense que ce résultat assez conventionnel était l’effet recherché. On n’a pas voulu aller trop loin. On n’a pas voulu trop dérouter non plus. On a offert ce qu’on pense que le grand public attend pour s’assurer de faire quand même le nombre d’entrées exigé. D’habitude, ce genre de démarche ne me choque pas plus que ça. Mais quand je repense aux quelques moments de grâce de ce film, je ne peux m’empêcher malgré tout de rager un peu. Parce que oui, parmi les grandes réussites de ce film, il y a tout d’abord ces magnifiques passages qui racontent l’histoire originale du personnage de Saint-Ex. Cherchant à approcher au plus prêt du trait synthétique des dessins originaux, le film aboutit à un style graphique qui rappelle l’animation de figurines en volume, avec des traits et des rendus de textures absolument sublimes. Pour le coup, la limpidité du texte original et – notons-le parce que ce n’est pas toujours le cas – la remarquable qualité des doubleurs français (Dussollier / Santamaria / Cassel : pour ma part, c’est là mon trio gagnant…) font de ces parenthèses dans l’histoire de purs moments d’un formidable lyrisme qui m’ont, personnellement, totalement transporté. Mais seulement voilà. Autour de ça, il y a cette histoire de rencontre entre cette petite fille bien studieuse qui va apprendre à libérer son imagination auprès d’un gentil petit vieux un peu loufoque. Alors OK, je le concède, je n’ai pas totalement été rétif à ce monde là,
surtout quand au final les deux univers finissent par se mélanger
. Parce que bon, oui c’est vrai, les idées ne sont pas mauvaises, elles fonctionnent toutes dans l’ensemble, surtout qu’au final, la réalisation de Mark Osborne est très inventive et soignée, tandis que la musique d’Hans Zimmer sait faire le boulot (encore une fois). Ce n’est donc globalement pas si mauvais que ça, bien au contraire même ! Mais bon, c’est juste qu’au final, tout cela a bien été raplati par des conventions de récit et d’univers qui, pour moi, brident quand même pas mal le pouvoir d'envoûtement de ce film. Enfin bon, qu’on ne s’y trompe pas. Si on me demandait si je conseillerais ce « Petit prince » par rapport à tous les films jeunesse qui sortent ces derniers temps, je n’hésiterais pas un seul instant pour vous le conseiller mille fois et vous en vanter les qualités. Seulement voilà, il y a chez moi un cinéphile qui se frustre quand il voit un artiste s’engouffrer dans une porte pleine de lumière et qui se décide au final de l’entrebâiller parce qu’il a peur que trop de spectateurs ne se décident à fuir face à tant d’éblouissement. C’est un bon film donc, mais c’est aussi – et malheureusement – un potentiel chef d’œuvre d’évité. C’est bien dommage…