« Comment j’ai rencontré mon père », le film de Maxime Motte, est bourré de bonnes intentions, le problème est que très vite, il se disperse, il se perd de vue pour finalement ne jamais trop se retrouver. C’est dommage car il y avait matière à un beau film sur l’identité, l’adoption et l’amour paternel, il y avait matière à une belle comédie. Maxime Motte, en tant que réalisateur n’est pas vraiment en cause, il propose un long métrage assez court et assez dense, sans temps morts, sans pathos, avec un humour souvent délicat (mais pas toujours) et pas (trop) lourdingue. Une musique agréable, de jolis paysages de la Mer du Nord bien filmés, son film, très honnêtement réalisé, baigne tout entier dans une douceur très agréable. Son casting est également une réussite, François-Xavier Demaison en fait peut-être un tout petit peu trop dans le côté papa-copain-un peu glandeur mais son humour à fleur de peau emporte le morceau. Isabelle Carré reste dans un registre où elle excelle, bien qu’elle soit dans le rôle d’Ava celle des deux qui a les pieds sur terre et Dieu sait qu’elle a (trop) souvent interprété l’inverse ! C’est Diouc Koma et surtout le petit Owen Kanga qui font meilleur impression. Ce petit garçon, très naturel, réussit à donner corps à un gamin adorable mais un poil perturbé par sa différence, à la recherche de son identité mais très attaché à des parents qui le chérissent et essaye de l’élever avec une vraie intelligence. C’est toujours difficile, pour un jeune acteur, d’incarner un rôle plein de complexité et de nuances et le petit Owen Kanga s’en sort très bien. Les seconds rôles se limitent au grand-père, Albert Delpy. Son rôle apparait très anecdotique dans un premier temps, on s’imagine qu’il est là pour apporter la légèreté et l’humour au film mais son rôle s’étoffe et devient un peu plus écrit au fil du film. Il reste quand même un peu caricatural, comme grand-père. Comme je l’ai dit, il y avait matière à un film drôle et touchant sur l’identité et la question de l’adoption et de la différence. C’est un peu ce que sous-entendait le titre d’ailleurs que l’on peut imaginer à double sens : Comment Enguerrand à rencontré celui qu’il croit être son père biologique ou comment Enguerrand a finalement trouvé en Elliot le père qu’il cherchait. Le problème du scénario, c’est qu’il s’égare, à force de vouloir embrasser plein de sujets. On s’éloigne finalement très vite du sujet de départ pour s’attacher au problème des migrants cherchant à passer en Angleterre et à ceux qui leur prêtent main forte (par altruisme ou pas intérêt financier), pour évoquer des problèmes de couple qui vont bien au-delà des soucis d’identité d’Enguerrand (mais pourquoi diable lui avoir choisi un prénom comme ça ?), pour enfin dessiner le portrait d’un père adoptif qui ne sait pas se positionner, surement à cause de la personnalité extravagante de son père à lui (et d’un passé familial complexe, à peine effleuré). Le petit garçon, qui devait être le centre de l’intrigue, devient très vite un personnage un peu secondaire, éclipsé par un père un poil immature qui commet bien des erreurs en tant que père. Au final, on se dit que celui des deux qui a vraiment des problèmes d’identité et qui devrait envisager une petite thérapie pour pouvoir se « trouver », ce n’est pas le fils mais le père adoptif ! Au fil des minutes, le film se focalise sur le passage en Angleterre de Kwabéna. Même si le sujet est ô combien important et mérite bien que le cinéma s’y intéresse, c’est quand même bizarre qu’il devienne presque le sujet central de « Comment j’ai rencontré mon père ». Il y a aussi, je dois le reconnaitre, quelques petits traits d’humour un tout petit peu « faciles » (les « amours » du grand père en maison de retraite), voire parfois quelques situations un tout petit peu limites qui ne font pas tellement rire, au final. Voir un vieux monsieur faire travailler un jeune immigré en maison de retraite pour finalement lui prendre une grande partie de ces gains, ça ne me fait pas tellement sourire, je trouve cela même un tout petit peu malsain, comme situation. Mais je fais peut-être preuve de mauvais esprit… En résumé « Comment j’ai rencontré mon père » dérape sur son sujet, il l’effleure pour ensuite se perdre en route et doit faire moult efforts pour ne pas finir dans le décor ! Il est des dérapages cinématographiques contrôlés, celui-là a été à deux doigt de finir dans le fossé ! Mais « Comment j’ai rencontré mon père », malgré ses défauts, reste une comédie plus douce que vraiment drôle, qui malgré tout nous offre un bon moment de cinéma, sans prétention.