La surprise de 2012 à mon sens ! Franchement, je craignais le pire avec son postulat de départ, et son budget serré pour un space opera. Et bien non, voilà un excellent film. En fait, sa force est de ne pas se leurrer sur son scénario et de tout prendre au second degré avec un esprit caustique très bien venu. L’histoire est en effet complètement burlesque (je ne la résumerai pas ici), mais permet au réalisateur de développer une épopée bourrée d’humour (faut le faire avec les nazis qui ne ressemble pas du tout à ceux du Führer en folie !) et de jolie critique sur la société (les américains en prennent pour leur grade, avec une présidente totalement folle et toujours en campagne électorale). Très second degré, le film de Vuorensola n’est néanmoins pas un truc balourd, avec un humour gras comme un morceau de saindoux. Intégrant plus d’un élément sérieux (il y a des morts cruelles !), le film peut aussi compter sur ses acteurs. Jouer un nazi dans une comédie, autant dire que c’est comme marcher sur des œufs. Jouer le rôle d’un noir au milieu des nazis, autant dire que cela nécessite du talent. Et bien tous s’en sorte à merveille. Götz Otto, pour commencer me surprend réellement après quelques rôles d’une nullité affligeante. Il est parfait dans son rôle, totalement sérieux et se doutant en même temps qu’il ne lui faut pas nous pondre un SS sorti de la Liste de Schindler ou d’un film de Costa-Gavras. Du coup il est ultra-caricatural pour notre plus grand plaisir. Julia Dietze à ses cotés est absolument délicieuse (elle me rappelle Alison Doody dans Indiana Jones et la dernière croisade) et s’avère moins monolithique en terme de personnalité que son cher Klaus. Udo Kier dans le rôle du chef nazi s’amuse comme un fou, et il faut dire qu’il a clairement la tête de l’emploi. Mais il ne faut pas oublier les autres. Christopher Kirby en James Washington est hilarant (la discussion avec le savant fou est tordante) et surtout nous livre une prestation toute en finesse (il a franchement un rôle qui aurait pu être prétexte aux pires excès, ceux qui verront le film comprendront !). Je terminerai avec Stéphanie Paul en présidente des États-Unis, dans une sorte de parodie de Sarah Palin. Je ne peux pas citer non plus tous les seconds rôles mais il y en a des fameux (les assistants de la présidente, les chefs d’états…). Ce casting est un bijou à l’état pur. Mais, Iron Sky surprend encore dans ses effets visuels. Doté pourtant d’un budget ultra ric-rac (un peu plus de 7 millions), Vuorensola livre un film très ambitieux, poussant le culot jusqu’à nous montrer une scène de bataille spatiale digne des Star Wars ou Star Trek les plus récents ! Les effets spéciaux sont simplement bluffant, et je tire mon chapeau à l’équipe qui s’en est chargée, car Iron Sky gagne indubitablement en supériorité par rapport à beaucoup de ses concurrents. Les scènes d’action sont par ailleurs très bien filmées, très lisibles, et sont parfaitement entrainantes. La photographie est belle, les décors un peu faiblard par contre (excepté ceux du super vaisseau nazi qui donne franchement l’impression d’être dans le Nautilus de Némo). Au final, Iron Sky est un film magistral. Rythmé, plein d’humour et en même temps capable d’être sérieux, porteur de sens, riche de trouvailles originales, le bébé de Vuorensola est aussi excellent sur la forme que sur le fond, et ce en dépit d’un budget faiblard et de l’absence de méga-star. Transpirant l’amour du cinéma, n’ayant pas peur de se frotter aux monstres hollywoodiens, ce film est courageux, généreux, et j’espère amènera beaucoup de cinéastes à se jeter dans l’arène. Presque un chef d’œuvre, et en tout cas, à mes yeux, déjà culte.