"Le film permet de réentendre le texte du procès par fragments mais surtout d’en induire une lecture, une interprétation : il n’y a pas de reconstitution historique. Il faut donc un médium pour mettre ce texte en résonance, le faire revenir, lui prêter une voix, un corps. C’est la fonction du traducteur au début du film", explique Christian Merlhiot, qui voit le personnage de son film comme quelqu'un de "perméable qui laisse venir à lui d’autres présences" : "Il se dissout. Les personnages du procès apparaissent ainsi, en osmose avec lui."
Dans le film, les arguments de la défense et de l'accusation sont disjoints. Christian Merlhiot explique ce choix : "Au début des répétitions, je donnais la réplique à Nasri Sayegh. De fait, j’avais peu de recul pour écouter sa voix et diriger le travail. L’échange semblait plat et les variations de rythme ou d’intonation n’y changeaient rien. Nous avons alors décidé de travailler séparément les différentes parties, c’est-à-dire les différents personnages, avec d’un côté les questions des avocats et de l’autre les réponses de Wilde. À ce moment, un autre texte est apparu, ne laissant plus aucune possibilité de retour en arrière."
Le réalisateur explique son choix d'utiliser un enregistreur pour répondre au personnage du film : "Au début des répétitions, Nasri Sayegh le comédien du film, utilisait cet enregistreur pour travailler la traduction arabe, l’intonation du texte et sa prononciation. Il nous est vite apparu que ce dispositif d’écoute créait un double personnage, une deuxième voix mais aussi une autre temporalité dans le film.".
Le Procès d'Oscar Wilde a été tourné en huis clos, dans le sud de la France car Christian Merlhiot n'a pas réussi a obtenir les autorisations nécessaires pour tourner au Moyen-Orient, à Balbeck et dans la plaine de la Bekaa au Liban, les lieux de tournages qu'il avait initialement en tête.