Pour écrire et réaliser « La proie », Eric Valette et son équipe se sont peut-être servi du dictionnaire des poncifs. Ce qui est sur c'est qu'ils ont laissé leur imagination au placard, et ont bien veillé à l'enfermer à double-tour. Si l'intrigue peut demeurer attractive pour un bon petit film d'action (un braqueur en cavale poursuit son ancien co-détenu, pédophile sournois et manipulateur, qui lui a dérobé son magot et enlevé sa fille), le résultat s'avère bien maigre et surtout totalement convenu. La priorité du réalisateur aura été de bâcler la psychologie de ses personnages, puis de prendre soin de mal choisir les acteurs allant les incarner, et enfin de tout aussi mal les dirigés. L'ancien mannequin Alice Taglioni se démène comme elle peu mais demeure peu convaincante en femme-flic intrépide et intuitive, cliché ambulant dans son rôle destiné à séduire l'éternelle ménagère de plus de 50 ans. Ongles manucurés et gabarit effilé, elle n'a pourtant pas son pareil pour éclater la tête des méchants musclés, et avec son grand cœur, elle est (bien sur) la première à renifler le truc pas net. Zinedine Soualem, plus connu pour son penchant vers la comédie populaire, est bien peu crédible en chef de la police inlassablement stressé et tout autant stéréotypé, sortant des phrases choques comme « Sur cette affaire je veux les meilleurs ». Et même si ils s'en tirent un peu mieux que leurs partenaires de jeu, Sergi Lopez ne marquera pas les esprits en ancien gendarme 50% justicier - 50% médium, et Dupontel à l'air de se demander ce qu'il fout là. Comme nous d'ailleurs. Même le personnage du méchant, joué par Stéphane Debac, est d'un prosaïsme étouffant : fervent catholique, l'air du gendre idéal avec son petit pull sur les épaules, mais qui cache en réalité un redoutable prédateur... Le classicisme d'un scénario fainéant ne retiendra pas plus notre attention, je passe sur les dialogues souvent affligeants, sans parler du peu de plausibilité que l'on accordera à de nombreuses scènes de la partie prison, et à certaines séquences explosives ponctuées de cascades rocambolesques et de course-poursuite sur le périph'. Le rythme hyperactif et la tentative de rendre le suspense omniprésent sauvent d'extrême justesse les quelques meubles qu'il restait. Quand les français essayent de jouer aux américains en faisant de grosses productions d'action, parfois ça marche. Ici, non.
Retrouvez toutes mes critiques, avec photos et anecdotes, sur mon blog : http://soldatguignol.blogs.allocine.fr/ Merci !