Sous les injonctions de son épouse brisée, Khan, Indien musulman résident aux USA et autiste dans un style Forrest Gump ou Rain Man, se donne pour mission impossible d’aller à la rencontre du Président pour lui expliquer que lui et ses pairs ne sont pas des terroristes. A l’instar de sa vision saccadée, sincère, simple, encyclopédique mais limitée par sa perception, ses phobies et son affectif, nous suivons ses tribulations dans tout un éventail de facettes minoritaires d’une Amérique injustement frappée, chrétiens compris.
En pur style bollywoodien, plusieurs films se déploient en un seul. Le premier présente la construction du héros depuis l’enfance, en particulier amoureuse et familiale, qui s’éternise un peu dans l’eau de rose et les violons. Le second, double, baigné de sentimentalisme, d’action et de road-movie, joue au yoyo à coups d’allers-retours et de flashbacks, entre deux messages essentiels. L’un consacré à dénoncer la violence, l’injustice et les drames subis par l’islamophobie tant populaire que gouvernementale après le 11 septembre. Tandis que l’autre réinvente les personnages, crache sur la bêtise vengeresse et vindicative, et appelle au bon sens nécessaire, à la réconciliation et à l’amour mixte entre musulmans, protestants, hindouistes, évangélistes comme sikhs.
Je ne comprends pas bien pourquoi cette joyeuse et dramatique comédie indienne semble tellement plébiscitée partout, la dictature du politiquement correct sans doute. Elle reste certes un spectacle pertinent, émouvant et agréable à voir, mais les acteurs pas terribles, la charge en longueurs mièvres, le nombre d’incohérences scéniques vraiment trop fréquent, ne le hissent pas pour autant au rang des meilleurs films de Bollywood que j’ai pu voir.