Décidément, le comédien Simon Abkarian semble être abonné aux rôles de gangsters, que ce soit sur grand (De force) ou petit écran (Pigalle, la nuit, Les Beaux mecs).
De force est le premier long métrage réalisé par Frank Henry. Il a notamment été l'un des scénaristes majeurs de la série Braquo pour Canal +, soit un programme faisant la part belle aux policiers corrompus et aux gangsters sans pitié.
Compte tenu de son vécu de figure majeure du grand banditisme parisien, ce qui a le plus préoccupé Frank Henry, dans la mise en scène de son film, était de privilégier l'aspect humain des protagonistes : "Qu’il soit bandit, flic ou maton, c’est l’humain ! Avec ses faiblesses, sa beauté, ses galères", avoue-t-il. De force se centre en effet sur un voyou, mais avant tout un être humain, ce qui est également valable pour le personnage interprété par Isabelle Adjani.
Frank Henry est un ancien braqueur qui a passé 21 ans en prison. C'est pendant sa détention qu'il passa son certificat d’études, son BEPC et son BAC. Surnommé "Frankus" dans le milieu du grand banditisme, il s'est découvert une passion pour le cinéma et plus particulièrement pour la réalisation.
Le financement du film a été difficile, surtout pour un réalisateur passé par la case prison. Les productions et les organismes ont été réticents : "On n’a rien eu ! Sauf le soutien de Canal + !", déclare Frank Henry. C’est le producteur Franck Chorot qui a pu compléter le financement grâce à de nombreuses discussions avec des sociétés belges et luxembourgeoises.
Frank Henry a cherché à raconter une histoire du point de vue d'un gangster, sans faire un documentaire sur le grand banditisme ou sur la police : "J’ai voulu raconter une histoire, une fiction", assure-t-il. Le thème du voyou qui sort de prison est également un sujet qui lui tenait à cœur.
Pour la réalisation de De force, Frank Henry s'est inspiré des films de Don Siegel (L' Evadé d'Alcatraz, L' Inspecteur Harry) pour l’aspect minimaliste de sa mise en scène. Côté cinéma français, c'est vers Jean-Pierre Melville qu'il avoue être allé, sans s'empêcher, modestement, "de temps en temps s'amuser à faire des plans à la Claude Lelouch."
Pendant l'écriture du scénario, le metteur en scène ne pensait qu'à un seul acteur pour incarner le gangster Jimi Weiss : Simon Abkarian, l'un de ses amis dans la vie. C'est en faisant des recherches par la suite qu'il s'est mis à penser à Isabelle Adjani en commandant et Anne Consigny en juge. Il fait d'ailleurs remarquer : "ce n’est pas si souvent dans le cinéma français au niveau des polars, que j’ai deux personnages féminins forts." En effet, Frank Henry avait vu des extraits de La Journée de la jupe, et c'est à ce moment qu'il s'est dit : "Mon commandant, c'est elle !"
Frank Henry a réussi à entrer en contact avec Isabelle Adjani grâce à des amis communs.
Isabelle Adjani a travaillé son personnage de commandant avec un coach d’art dramatique avec lequel elle avait déjà travaillé au théâtre sur "Marie Stuart" et aussi sur le film La Journée de la jupe.
Etant à la fois musicien, guitariste, compositeur, luthier, et parolier, Frank Henry a également participé à la composition de la musique du film, et a demandé en plus à Isabelle Adjani si elle pouvait chanter une chanson au générique de fin. L'actrice a accepté et Frank Henry en a écrit le texte : la chanson s’appelle "Tomber". C’est en effet ce qui arrive au personnage policier d'Adjani tout au long du film : tomber, se relever, tomber à nouveau...
L'une des difficultés les plus importantes pour l'équipe était d'effectuer des scènes d'action avec une météo pas vraiment évidente : "L’enfer c’est qu’on a tourné les scènes de braquage de l’avion porteur par -15° ! On était obligés de se serrer au sens propre et figuré, ce qui a fait la cohésion de toute l’équipe", raconte le metteur en scène.
Une fois le scénario terminé, le choix d'Eric Cantona constituait une sorte d'évidence pour incarner le truand Makarov, selon Frank Henry : "Une prise et bam ! Il est là, juste, émouvant, fort."
Le chef opérateur Jean-Pierre Sauvaire a également réalisé la photographie du film de Saphia Azzeddine, Mon père est femme de ménage, avec François Cluzet.
L'ancien leader de Manchester United, Eric Cantona, semble être attiré par le genre du thriller. Après avoir tenu le rôle d'un policier ayant pour mission de résoudre une affaire de meurtre dans Switch, il campe, dans De force, un bandit réputé.