Un beau film, brut, sauvage, fort. Une jeune fille, Prudence, dont la mère vient de mourir va essayer d’en faire son deuil, par un parcours initiatique semé d’embuches. Elle semble dire à tout le monde qu’elle ne l’aimait pas, mais paraît bien désemparée. Elle vit seule dans l’appartement familial, sa sœur s’étant installé chez la famille d’un copain. Sa meilleure copine ne l’ intéresse plus et elle se rapproche d’un groupe de Bikers qui se retrouve aux Halles de Rungis. Elle veut appartenir à un groupe, s’y éblouir, s’ y perdre, découvrir autre chose. Son rapport aux garçons n’est pas clair, peu d’expérience , pas concluantes. Les discussions sur le sexe avec sa meilleure copine ( Demoustier ) , puis avec sa nouvelle amie bikeuse, l’aident à libérer sa parole. Elle couche avec des bickers mais n’arrive pas a en retirer grand chose, insatisfaite sentimentalement et sexuellement. Elle est finalement rejetée du milieu Biker , et comprendra enfin le sens de son parcours .La scène finale de retrouvailles avec sa mère est absolument formidable, émouvante, (tournée avec la vraie mère de Léa Seydoux). Elle lui avoue enfin son amour, et met son sonotone pour écouter le sirènes de banlieue, comme un hommage tardif, un geste d'amour filial . Le milieu de ces jeunes gens est très bien filmé ;avec un réalisme social rare, une vraie justesse dans la description de ces milieux populaires, un peu marginaux, de cette jeune fille paumée. Cela sonne juste. Une composition formidable de Léa Seydoux, probablement son meilleur film, car elle a du allé chercher au fond d’elle même ce personnage, loin des rôles de JF Bobos qu’on lui propose souvent . Elle est excellente , tragique , désespérée en quête d’amour. Un second rôle impeccable pour Anais Demoustier , comme d’habitude, et les scènes communes avec Seydoux ,sont un régal :deux des meilleures actrices de leur génération qui partagent de très belles répliques. La présence de Guillaume Gouix , jeune espoir français , toujours très bon , que l’on vient de revoir dans le très beau « Les anarchistes » . Beaucoup de scènes très poétiques, de nuit à Rungis, des belles couleurs , des noirs intenses,traversés par des flash rouges carmins, la description des petits métiers des Halles, l’arrivée au petit matin sur une plage normande, autant de très beaux moments de cinéma. Dans un style parfois néo expressionniste . Rebecca Zlotowski fait preuve d’un très grand talent, à la fois par son esthétisme original et par une direction d’acteur très maîtrisée.