S'exprimant au sujet du film et de sa réalisatrice, Farah Pahlavi témoigne : "Nahid Persson Sarvestani est iranienne, et c'est une femme. Bien que je sache qu'elle avait des opinions politiques différentes des miennes, j'ai pensé que nous pourrions entamer un dialogue et que nous saurions nous départir de notre amertume à un moment donné. Ce sont les raisons pour lesquelles j'ai accepté de faire ce film. Nahid tenait la caméra et avait le contrôle du montage. Comme dans tout entretien, vous n'avez aucun contrôle sur les idées de la personne qui réalise le film ou qui vous interviewe. Après toutes ces années, tous les hauts et les bas de la vie, je n'étais pas certaine du résultat du film."
Cinéaste iranienne exilée en Suède, Nahid Persson Sarvestani poursuit avec succès une carrière de réalisatrice de documentaires depuis 1999. The Queen and I est son 6e film, et a été sélectionné au Festival du cinéma documentaire de Sundance.
Alors qu'elle est sous le coup d'une assignation à résidence pour deux mois, elle termine en secret un nouveau documentaire, Quatre épouses, un homme. Le film, qui dresse le portrait d'une famille polygame des environs de Shiraz, est interdit en Iran et le montage doit se faire en Suède. "C'est à ce moment que je me suis demandée ce qui était arrivé à notre ancienne reine qui, comme moi, vivait en exil", explique la réalisatrice. Elle finit par contacter la veuve du Shah, Farah Pahlavi. Celle-ci avait refusé d'autres demandes d'interview de diverses sources mais a dit oui à Nahid Persson Sarvestani parce qu'elle avait vu l'un de ses films. En 2007, la cinéaste se lance donc dans l'aventure et rencontre Farah Pahlavi pour The Queen and I.
Née en 1938 à Téhéran sous le nom de Farah Diba, Farah Pahlavi est la fille d'un juriste diplômé et capitaine dans l'armée iranienne impériale. Après la mort de son père en 1948, elle est élevée par sa mère et un oncle qui travaille dans l'architecture et qui influencera en partie les études de sa nièce : elle étudie au lycée français de Téhéran puis à l'École spéciale d'architecture du boulevard Raspail à Paris. C'est lors d'une rencontre entre la délégation d'étudiants iraniens dont elle fait partie, et le chef de l'état iranien qu'elle fait la connaissance de son futur époux. Elle sera la dernière épouse de Mohammad Reza Pahlavi, shah d'Iran, de 1959 à 1980. D'abord reine, elle est faite impératrice (shahbanou) en 1967, titre qu'elle va porter officiellement, jusqu'au renversement de la monarchie en 1979. À la mort du Shah, survenue en exil au Caire, la shahbanou Farah théoriquement assure la régence de jure à partir du 29 juillet 1980 (jour des funérailles). Elle va occuper cette fonction jusqu'au 31 octobre 1980, jour du vingtième anniversaire du prince héritier Reza, soit l'âge légal pour prêter serment en tant que souverain (de jure), selon la législation en vigueur avant l'instauration de la République islamique d'Iran. En exil depuis le 16 janvier 1979, l'ex impératrice d'Iran partage sa vie entre les Etats-Unis, la France et l'Egypte. En 2003, la publication de ses mémoires fait l'objet d'une importante médiatisation.
A propos de sa rencontre avec la veuve du Shah d'Iran Farah Pahlavi, la réalisatrice Nahid Persson Sarvestani raconte : "J'avais beaucoup de doutes sur la façon dont j'allais aborder une personne vivant dans un monde très différent du mien. Mais lorsque je l'ai rencontrée, j'ai compris qu'elle n'était pas du tout comme je l'avais imaginée. Nous avions beaucoup de choses en commun. Nous étions deux femmes ayant vécu une vie difficile en exil et nous avions toujours tenté de nous sortir de notre situation. Nous étions toutes deux prêtes à examiner et réévaluer notre passé, politiquement aussi bien qu'intellectuellement."