Le nom des gens fait partie de ces rares films qui arrivent à allier comédie et drame, qui fait rire tout en ayant quelque chose à dire, un film qui puise dans les stéréotypes non pas pour les renforcer, mais pour les titiller avec second degré. On grossit le trait, on souligne le ridicule, on rue dans les brancards, on se joue des tabous, de la société, de la politique, et tout ça avec beaucoup de fraîcheur et de malice. Michel Leclerc montre que l’on peut faire rire sans pour autant être creux en cela qu’il aborde dans le film un paquet de thèmes sensibles : les origines, l’antisémitisme, la pédophilie, etc. Du coup, on se délecte des scènes comiques et en même temps on est touché par l’histoire des deux familles (qui sont deux visages de la France d’aujourd’hui) et constamment on se retrouve happé par le film parce que Le nom des gens est avant toute chose bien écrit, fantasque et malin. Il fonctionne à merveille grâce à des répliques assez merveilleuses (« Quand on commence à se méfier des canards, c’est très mauvais signe! », « Les bâtards, c’est l’avenir de l’humanité », « Donc en fait pour mon avenir professionnel, on me laisse le choix entre deux orientations possibles : pédophile ou pute … j’ai choisi pute » , « Comment peut-on être jeune et UMP? », pour n’en citer que quatre), un symbolisme qui fait mouche, une réalisation franchement bien foutue et un duo d’acteurs aussi charmants et drôles qu’attachants. Sara Forestier incarne une Baya craquante et Jacques Gamblin est juste parfait, coulé pour ce rôle. Avant ce film, j’avais oublié jusqu’à son existence et pourtant quel charme et quel charisme l’animent. Notons aussi que les seconds rôles sont vraiment tous très réussis (ce qui est assez rare pour être souligné) et que la présence de Lionel Jospin est un petit « must have » comique du film.
Largement inspiré de sa vie et de sa rencontre avec sa femme, le film de Michel Leclerc est une grosse bouffée d’air frais, un petit conte contemporain qui, sans aucun doute, en agacera plus d’un (il y a fort à parier qu’il ne deviendra pas le DVD de chevet du petit Nicolas S.), mais on s’en balance parce que pour tous les gens qui aiment vivre dans un monde coloré, bigarré, dans lequel « les origines, on s’en fout »… enfin dans un monde de bâtards quoi, ce film est tout à fait jouissif. Et à l’image d’Arthur dans le film, « on est bien avec eux » et on ne s’ennuie pas un seul instant à leurs côtés.