Eh bien une fois de plus, quelle bien heureuse coïncidence que me réserve le destin puisque c'est pile quand j'étudie le cirque en cours universitaire de Modernité du Spectacle...que sort un film sur le cirque, "The Greatest Showman", ni plus ni moins que sur l'un de ses plus importants pionnier : Phinéas Taylor Barnum (1810-1891).
Sorti depuis un bon mois aux USA, déjà confortablement auréolé de 3 belles nominations aux Golden Globes (Meilleur Film, Meilleur acteur pour Hugh Jackman et Meilleur chanson) et d'une belle hype critique, il me tardait de voir "The Greatest Showman", d'autant que le film est sorti, presque comme un signe de qualité, un an après l'événementiel "La La Land" (2017) qui sonnait comme une renaissance, un nouveau modernisme retentissant de la Comédie Musicale; un hasard ? Je ne crois pas.
Bon, "The Greatest Showman", film américain réalisé par le tout débutant réalisateur australien Michael Gracey, jusqu'alors seulement crédité à gérer des effets visuels dans le domaine publicitaire, nous plonge dans le New York des années 1870 pour nous raconter l'histoire de la création du cirque à grand spectacle et l'histoire de son créateur, Phinéas T. Barnum.
Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, Phinéas a grandi dans un milieu relativement pauvre, pourtant cela ne l'empêche pas d'être un grand rêveur, de rechercher par tous les moyens la magie ou qu'elle soit, à travers tout type d'invention qu'offrent les avancées en matière de technologie, tout ça dans le but de donner à sa femme et ses deux filles une vie d'émerveillement.
Cependant, dans une période marquée par la révolution industrielle, les mutations économiques et la mise en place d'une industrie de loisir du spectacle, difficile pour Phinéas d'arrivé à intéresser et surtout captiver la foule avec de simples tours et expositions d'antiquités. C'est alors là que surgit en lui un éclair de génie, plutôt que de montrer au peuple des choses mortes, immobiles et ordinaires, il faut toucher leur curiosité, leur montrer de l'insolite, de l'étrange ! A partir de là, Barnum commence à mettre en place bout à bout un nouveau genre de spectacle, un show spectaculaire loin du théâtre et des conventions, qui ne ressemblera à aucun autre, qui réunira des personnes aux aspects physiques extraordinaires, des acrobaties, des numéros avec des animaux, du jonglage...un spectacle dont la presse ne tardera pas à désigner par un nom qui le qualifiera désormais tel quel : Cirque !
Mais Barnum pourra-t-il maintenir ce "rêve" sachant que le pays est ravagé par la crise économique et que les critiques semblent décidés à mettre des bâtons dans les roues à cette ménagerie populaire ? La magie peut elle prendre dans un pareil contexte ?
Voilà pour le pitch global.
Verdict : Je vais vous faire une confidence: personnellement, je ne suis jamais allé au cirque, oui, je n'ai jamais eu l'occasion d'allé sous le chapiteau aux larges bandes de colorées, assisté à une parade d'éléphants ou de chevaux, aux sauts de fauves à travers les cerceaux de flammes, aux numéros de jonglages d'assiettes, d'équilibre, de monocycle et pitreries en tous genres des clowns ect. Du coup, peut être que les films abordant le thème et l'univers du cirque me passionnent encore plus ^^ (?).
Et si "The Greatest Showman" était le "La La Land de 2018" ?? C'est bien la question que je me suis posé et en sortant du cinéma, ma réponse à été : oui il l'est, on tient bien notre "nouveau La La Land" ("Circus Circus Land" pour le coup !) !
Premier film au ciné de l'année pour moi, eh bien on peut dire que 2018 commence très très fort !!
Des films sur le cirque, en cherchant bien ce n'est pas ce qui manque, plein de fois depuis les lointaines années 1920, l'univers circassien a été capturé sur pellicule; du "Cirque" de Charlie Chaplin en 1928, dans les premiers balbutiements de Walt Disney avec "Dumbo" leur 4ème long métrage en 1940, "Sous le plus grand chapiteau du monde" de Cecil B. DeMille (1952), "La Strada" de Frederico Fellini (1954), le biopic dramatique "Lola Montes" de Max Ophuls (1955)....jusqu'à notre époque contemporaine avec "De l'eau pour les éléphants" de Francis Lawrence (2011) ou en passant encore aujourd'hui par le cinéma d'animation avec "Madagascar 3: Bons baisers d'Europe" des studios Dreamworks en 2012. Mais à ma connaissance (d'apprenti cinéphile en devenir), jamais encore on ne s'était intéressé à faire un Biopic sur Phinéas Taylor Barnum, pourtant LE pionnier et inventeur du Cirque à grand Spectacle !
Que vaut-il se "Greatest Showman", premier film d'un réalisateur débutant ?? Eh bien une belle claque ! Nan mais sérieux.....2,7/5 de moyenne de critiques Presse sur Allociné (?!).....cette même presse qui, un an plutôt collait 4,4/5 à "La La Land" ?! A croire que ce sont les personnages/critiques internes du film qui ont critiqués XD !
De la magie pure, absolue, du rêve à revendre !! La tête dans les étoiles et des étoiles plein les yeux !!! Tel était l'état dans lequel je me trouvais à la fin de ce fabuleux spectacle ou, au sortir de la salle, je me sentais l'envie violente de danser, chanter à pleine voix en sautant sur les bancs !
Biopic/Drame/Comédie Musicale, voilà pourtant trois genres de films dont je ne suis pas un amateur pure souche et pourtant il s'est opéré une parfaite alchimie fusionnelle entre le film et moi ou, pendant 1h45 je me suis retrouvé admiratif, happé, fasciné, transporté, exalté, complètement bluffé par une mise en scène grandiose, atteignant la féerie même !
Une histoire magnifique et hyper touchante très justement écrite vraiment passionnante, bourrée d'espoir, de rêve, de tendresse et de joie de vivre, incitant sans cesse au rêve et ventant élogieusement les vertus *magique* de l'imagination, campé par un Hugh Jackman "sapé comme jamais" en Monsieur Loyale !! Injustement réduit au rôle du mutant griffu des X-Men, lui ayant collé à la peau pendant des années, l'acteur du "Prestige" de C. Nolan (2006), "X-Men Origins: Wolverine" (2013), "Wolverine: le combat de l'immortel" (2013), "Prisonners" de Denis Villneuve (2013) ou encore le remake-préquel de Peter Pan "PAN" (2015), après avoir troqué ses griffes de Wolverine, enfile la jaquette en queue de pie rouge, le chapeau claque et les bottes noires !
Même si pour moi, Hugh Jackman n'était pas que Wolverine au cinéma, je reconnais connaître assez mal l'étendue de son champ de jeu d'acteur; pourtant là je ne peut être qu'admiratif tant il campe à la perfection le personnage de Phinéas. Taylor Barnum; Si on le connaissait insociable et bourrin dans les X-Men, là l'acteur surprend tout le monde dans la peau de cet entrepreneur grand rêveur, magicien grand enfant et père de famille attentionné plein de coeur,... avec une charge émotionnelle incroyable et insoupçonnée de sa part !
Et cela vaut également (même si à une échelle moindre tant Jackman atteint vraiment la perfection !) pour Zac efron qui pour la première fois semble enfin s'épanouir dans un rôle autre que celui d'un beau gosse dans lequel il se cantonnait depuis des années entre les "High School Musical", "Nos pires voisins" avec Seth Rogen (2014) et surtout le pathétique remake, humour sous la ceinture de "Baywatch" avec Dwayne Johnson l'été dernier.
Rebecca Ferguson revient une nouvelle fois à la comédie musicale après "Florenc Foster Jenkins" avec Hugh Grant et Merryl Streep en 2016; l'actrice à bien un joli brin de voix mais trouve finalement peu d'utilité dans ce "Greatest Show".
La mise en scène haute en couleurs, rouge/bleu/mauve/doré retranscrit parfaitement bien tout cet univers forain/circassien du XIXème siècle d'un point de vue visuel, le grand écran se transforme en machine à voyager dans le temps pour nous immerger dans l'intrigue. D'une manière similaire à celle de "Au revoir là-haut", le dernier Dupontel (2017), en France, dans lequel on nous renvoyait dans les années folles d'Avant Garde picturale/photographique d'après guerre, et comme le "Sherlock Holmes" de Guy Ritchie en 2009 qui transposait un Angleterre de l'époque Victorienne, "The Greatest Showman" pose le cadre de son récit dans la société New Yorkaise, petite bourgeoisie, classe moyenne urbaine et mondaine au moment des grand bouleversements économique du marché industriel et économique dans le monde du spectacle et dans une ambiance d'époque, culture populaire, presse papier, Café-concert/Cabaret/Music-Hall/spectacle de lanternes magiques milieu Forain, que Michael Gracey dépeint avec une esthétique splendide son décor et avec beaucoup de pertinence, un super boulot de transposition réussissant à extraire l'extraordinaire de l'ordinaire !! L'intrigue est très très bien renseignée, pertinemment documenté et pas que dans les décors d'époque mais avec toutes les mentalités qui vont avec et dont le réalisateur y apporte une critique légitime !
De ce fait, "The Greatest Showman" n'est en rien un divertissement banal de grand spectacle de pacotille se résumant juste à une succession de petits numéros spectaculaires sans fond ni file rouge, NAN ^^.
Car ici, Gracey, en fond de l'histoire de la création du Cirque Barnum, y dresse un point de vue critique cultivé sur les mentalités racistes et colonialistes du moment, avec notamment les "Freak Shows" (spectacles très populaire entre la fin du 19è et le début du 20è siècle ou l'on montrait des êtres "exceptionnels" à cause de leur(s) difformité(s) physique), un peu comme "Elephant Man" de David Lynch (1980), chez Abdelatif Kechiche avec sa "Vénus Noire" (faisant référence à la célèbre Vénus Hottentote) en 2009 et même quelque part, on trouve un peu du "Bossu de Notre-Dame" (1996). Tantôt hilarant et léger, côtoyant anachroniquement le burlesque Chaplinien (car en 1870...le ciné ça existait pas hein ^^), TGS peut pourtant en une pirouette nous pousser dans de profondes émotions tant il arrive à traiter ses sujets et enjeux/ conflits sociaux avec profondeur et une justesse très vraie
Mais le plus grand tour de magie, la vraie mage, THE magie de "The Greatest Showman", c'est avant tout de réussir l'impressionnant pari de réunir, fusionner 2 grands divertissements phares et un seul. TGS c'est ce genre de film qui te fait comprendre une fois de plus que le Cinéma n'est pas un média limité-isolé des autres....mais au contraire le seul,l'unique ayant ce pouvoir immense d'assembler, de concilier sur l'écran tous les spectacles, tous les Arts !! Le mariage du Cirque et du Cinéma a un effet presque transcendant sur le spectateur ébloui par tout l'exotisme et le gigantisme spectaculaire des shows, comme si on s'envolait avec la caméra pour aller voltiger avec la belle Zendaya de trapèze en trapèze. Ce n'est pas seulement notre esprit qui effectue ici un voyage de 140 ans en arrière...mais aussi le corps ! Quelque part, le film joue sur la question du spectateur dans 2 dimension différentes, superposant la position du spectateur devant le spectacle filmique/cinématographique...en plus du spectateur qui regarde le spectacle Circassien dans la film !! Nous sommes alors des doubles spectateurs, à la fois du XXIè siècle ET du XXIème siècle, regardant une mise en abyme du spectacle ! La force du film est qu'à un moment, (et même si à titre personnel, comme dis plus haut je n'ai jamais été au cirque) on a plus cette impression d'assister à une projection cinématographique mais carrément à un réel spectacle de Cirque ! Comme c'est très bien dit par Barnum lui même dans le film, le spectacle est artificiel....mais l'émotion elle est vraie....mais c'est encore plus génial alors !!! Car si le Cinéma met en scène des apparence, si comme le dirait cette bonne vieille pensée Platonicienne selon laquelle l'Art imite la nature (pauvre Platon, qu'aurait-il pensé en voyant le Cinéma ?! XD ^^), ici, le cinéma qui imite le réel....imite un autre spectacle, le Cirque, qui lui aussi imite, mais au lieu de se prendre à son propre piège et de se laissé submerger par son caractère superficiel, "The Greatest Showman" et surtout son réalisateur Michael Gracey, conscient des risques, arrivent tout à l'inverse à décupler l'émotion !
Bon, on va conclure, je pense avoir fait le tour globalement. En conclusion : "The Greatest Showman" est vraiment pour moi une grande claque, du grand spectacle ! Un film vraiment fascinant et intéressant, additionnant le Cirque et le Cinéma, tout sauf un divertissement de pacotille, j'en viens presque à me dire que c'est le genre de film qui touche au fantasme de logue date des théoriciens ; un Art Total, et je ne crois pas m'y tromper en l'affirmant, en témoigne les gens dans la salle qui ont applaudi avec moi une fois l'apparition du générique de fin !
En tous cas, on a maintenant hâte de voir ce que Michael Gracey nous réserve pour la suite, et son emploi du temps semble déjà chargé: notre réalisateur aura affaire, notamment avec un nouveau Biopic sur Elton John, d'ors et déjà intitulé "Rocketman" avec Tom Hardy et euuuuuh....une adaptation live américaine de......*coupure de cerveau*... quoi....Naruto ??!!! O_O