Le Champion des X-men a raccroché les gants une bonne fois pour toute, et alors qu’il nous avait déjà rappelé, lors de sa prestation dans la version cinéma de la comédie musicale à succès « Les Misérables » réalisée par Tom Hooper en 2013, qu’il avait autre chose que de l’adamantium au bout des doigts, Hugh Jackman nous le prouve avec beaucoup plus de panache et surtout avec un rôle et une musique beaucoup plus en accord avec sa tessiture et avec son charisme. Car, il faut bien le dire, Tom Hooper, connaissait les capacités du bonhomme et son passé dans le music-hall, mais s’était fourvoyé en lui confiant le rôle Jean Valjean dans l’œuvre de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil. Un rôle destiné à des chanteurs « Basse » à la voix grave et sombre, alors que Jackman serait plutôt entre le ténor et le Baryton.
Cette fois-ci l’acteur trouve une œuvre à la hauteur de son talent d’entertainer : « The Greatest Showman ». Librement inspiré de la vie de P.T. Barnum, reconnue grand créateur du cirque en tant que spectacle grandiose, ce film n’en garde que le personnage principal. N’allez pas y chercher la moindre référence historique, bien au contraire, le choix est assumé d’avoir voulu réaliser un film qui utilise l’aventure extraordinaire de Barnum pour en faire un spectacle haut en couleur, où se mêlerait la musique et la comédie. Et le pari est parfaitement réussit, avec une œuvre qui rappelle les grandes heures de la MGM, avec un spectacle flamboyant qui donne envie de se mettre debout sur les sièges, qui tire la larme au moment où il faut pour ensuite éclater dans un final flamboyant de paillettes et de rythme. D’ailleurs, le réalisateur a volontairement cherché à brouiller les pistes en écartant, autant que possible, les références historiques, et en faisant de sa reconstitution, un lieu dans un espace-temps improbable pour que le public puisse pénétrer une aventure nouvelle et se lancer dans ce qui se révèle être la plus réjouissante des comédies musicales depuis « Moulin Rouge ». Car si « La La Land » avait retrouvé l’esprit de la comédie musicale, il avançait tout de même dans les lignes balisées de la MGM ou encore de l’inspiration des œuvres à la Demy.
Ici, pour sa première réalisation, Michael Gracey se voit confier un scénario de Bill Condon (La Belle et la Bête) et Jenny Bicks (Rio 2) dont la carrière est déjà faite de lumière et de paillettes. Les scénaristes savent exactement ce qu’ils veulent voir à l’écran. Un personnage visionnaire qui décide de mettre en lumière tout ceux qui vivent dans l’ombre d’une société qui les rejettent pour leurs apparences alors qu’elle est elle-même gangrenée par la pourriture de l’intolérance. Si cela vous parle, c’est normal, bien que l’action semble se situer à la fin du XIXème siècle, le sujet n’a jamais semblé autant d’actualité. Et c’est là que toute la mise en scène du réalisateur prend son sens, car, ce dernier fait virevolter ses plans, ose expérimenter et mettre en scène, en plan plus ou moins serré, l’ensemble des personnages qui donne ainsi à son action un côté tout autant intime que spectaculaire.
L’ensemble est réjouissant, parce que la distribution elle-même l’est. Bien sûr Hugh Jackman capte l’attention, dés la scène d’ouverture, forcément percutante et captivante qui va ainsi donner le ton du film et qui s’amuse en quelques minutes à bousculer l’ordre du Flash-Back, mais les autres comédiens à l’instar de Zac Efron (Nos Pires Voisins), décidément beaucoup plus convaincant dans ce registre, ou encore Michelle Williams (Tout L’argent du monde) viennent compléter une distribution pétillante et émouvante.
En conclusion, si l’on peut regretter, peut-être quelques ficelles un peu faciles, comme la relation entre Barnum et Jenny Lind, « The Greatest Showman » est la comédie musicale qui vient enfin vous réveiller, vous en mettre plein les yeux, voue émerveiller, vous faire danser, vous donner envie de chanter etc… En gros une comédie musicale pleine de musiques entraînantes et entêtantes, de chorégraphies redoutables. A déguster sans restriction !