Le film raconte une histoire issue de l'adaptation d'un roman de Marie-Sabine Roger, dont la version cinéma a ensuite été concoctée a deux, Jean Becker se faisant aider pour la première fois par le scénariste Jean-Loup Dabadie, dinosaure respecté du milieu. Il raconte que ce roman lui a été mis sous les yeux un peu par hasard mais que l'histoire lui avait immédiatement plu : "Dès que je l'ai lu, je suis tombé sous le charme. J'ai tout de suite été attiré par le personnage de ce gentil bonhomme, brut de décoffrage (...)".
A travers sa carrière imposante, qui s'étend depuis plus de 50 ans, et ses débuts comme assistant réalisateur de son père, l'expérience acquise par Jean Becker est comme un flambeau à perpétuer. Il est l'un des rares cinéastes français actuels à pouvoir prétendre prolonger cet esprit de cinéma, héritier d'une époque "classique" prônant la simplicité d'une mise en scène, qui ne doit jamais se faire remarquer au détriment de l'histoire qu'elle raconte. Et l'hommage de Gérard Depardieu d'appuyer ce portait : "(...) Par sa famille, Jean fait partie de toute une tradition de cinéma dont les membres ont été peu ou prou tous mes pères. (...) Il appartient à ce type de cinéma populaire qui disparaît petit à petit", commente-t-il.
Alors que certains peuvent lui reprocher un côté passéiste et lacrymal, Jean Becker s'inscrit en faux face à ces critiques. "Chaque fois je suis tout simplement touché par les sujets, le plus souvent issus de livres et je me sers surtout de la création des autres pour raconter leurs histoires". Quant à la nostalgie qui peut se traduire dans son cinéma, il explique : "Je ne cherche pas à être larmoyant (...). Je cherche simplement à raconter au mieux ce qui m'a touché et à traduire à l'écran cette émotion".
Pour le réalisateur, choisir Gérard Depardieu pour interpréter le personnage central s'est fait de manière évidente, "avant même l'écriture du scénario". "Gérard m'a appelé (...) et il m'en a parlé avec beaucoup de ferveur, allant au plus profond des moindres détails. (...) C'est en tout cas son amour profond pour cette histoire qui a conforté mon envie de faire le film", raconte-t-il. Quand on interroge l'intéressé sur la ressemblance entre lui et son personnage, il acquiesce :"Ce Germain ça aurait pu être moi. Comme lui j'observais tout, je voyais tout ce qui se passait. C'est donc quelqu'un que je connais très bien : il a beaucoup d'humour et d'amour en lui".
Si vous avez la sensation de reconnaître le chanteur du thème principal, ne vous étonnez plus puisqu'il s'agit de Laurent Voulzy. Et c'est le réalisateur lui-même qui a insisté pour ce choix, dont il explique l'origine : "Tout simplement - et ce n'est guère original - parce que j'aime ses chansons et ses mélodies (...) ". Si le compositeur a d'abord été contraint de refuser par manque de temps, la vision du film a agi comme un déclencheur efficace: "Tout est ensuite allé très vite. Un mois plus tard, il nous a envoyé un très joli thème qui m'a beaucoup plus", ajoute-t-il.
C'est la première fois que Gisèle Casadesus et Gérard Depardieu travaillent ensemble. Une belle rencontre née d'une admiration réciproque : "Un plaisir énorme car je suis spectateur dans ces moments-là", commente l'acteur. "Quelqu'un qui ne croit à rien ne peut pas vieillir ainsi. Gisèle croit aux oiseaux, à la beauté, au chagrin, à la tristesse... (...) Et en face d'elle, je suis libre". Déclaration touchante à laquelle l'intéressée répond sur le même ton : "Tout d'abord j'ai été ravie de le rencontrer. (...) C'est agréable de jouer face à un si grand professionnel. (...) On se sent porté par lui. Ma seule inquiétude était de savoir si j'allais réussir à me hisser à la hauteur".
Les deux acteurs principaux Gisèle Casadesus et Gérard Depardieu ont tous les deux déjà travaillé avec Jean Becker. Pour la première, c'était sur Les Enfants du marais, film du même genre que celui-ci. Pour Depardieu, il s'agissait d'Elisa, dans lequel il partageait l'affiche avec Vanessa Paradis en 1994.