L’Ile du docteur Moreau version Frankenheimer n’est clairement pas un grand film, maintenant ce n’est tout de même pas la médiocrité absolue. Parmi les bons points, quelques plans bien tournés (Frankenheimer n’est tout de même pas DeCoteau), une musique très sobre mais qui relève plus d’une scène, des maquillages de qualités (bien qu’inférieurs à mon sens à ceux de Greystoke ou de Congo, les acteurs, dont Ron Perlman donnent de l’allure à leurs personnages), un David Thewlis pas mauvais. Voilà, maintenant, pour le reste c’est vrai, c’est la misère. D’abord l’intrigue est totalement sous-exploitée. Aucun suspens, aucun approfondissement (il y avait de quoi pourtant !), Frankenheimer reste dans la partie émergée de l’iceberg, et du coup son film est superficiel, mollasson, banal au possible (on est à des années lumières de Cabal dans un genre pas si éloigné que cela). Il y a par ailleurs un gros manque d’ambiance, la noirceur, la poésie, l’horreur, la détresse, bref les sentiments et l’atmosphère sont remisés au placard. Ensuite il y a les autres acteurs que Thewlis et les monstres. Si l’actrice principale n’est pas trop mauvaise (son rôle est en carton par contre), Brando et Kilmer forme un duo énormissime ! Le premier, constamment habillé de façon ridicule (style Haroun el Poussah par moment !), semble sortir d’une parodie. Si Brando, vieilli, ne colle pas trop mal au rôle, non, vraiment ses costumes relèvent de la bouffonnerie pure. Kilmer lui se déguise en intello, en aventurier, en Docteur Moreau même. Il a un rôle épais comme du papier à cigarette, et il manque totalement d’investissement. Bref, ce duo pathétique plombe bien le métrage, autant le dire tout de suite. En dehors de cela, L’Ile du Docteur Moreau ne manque pas de scènes ridicules, de par ses bruitages notamment (imaginez le cri d’une femme-chat en colère, dans le film c’est hilarant !). Les scènes d’action sont nulles (où est passé le talent de Frankenheimer en la matière ?!), le film ne se rattrape même pas sur ses effets horrifiques complètement absents.
Au final, l’Ile du Docteur Moreau pèche avant tout par trois aspects : sa futilité d’abord, ce qui est extrêmement regrettable compte tenu du sujet, le traitement des personnages totalement dénués de recherches, et le caractère fort peu divertissant de l’ensemble, puisqu’il n’a ni bon dialogue, ni bonnes scènes d’action, ni second degré. Si quelques qualités sont trouvables de ci de là, prenant le talent habituel du réalisateur, le casting en béton, le budget très honorable, je me montrerai sévère, et attribuerai un 1 au lieu d’un 1.5.