Plus de dix ans après Luke la Main Froide, le réalisateur Stuart Rosenberg retrouve l'univers carcéral pour un nouveau drame poignant, cette fois-ci tiré d'une histoire vraie. Mettant en scène l'excellent Robert Redford, Brubaker dévoile avec une puissance inouïe les dessous d'une prison de l'Arkansas à la fin des années 60. En proie à la corruption, aux humiliations, aux viols, brutalités et autres sévices inhumains, la prison est le théâtre d'une effarante routine jusqu'à ce que le nouveau directeur, au préalable infiltré en tant que simple détenu, ne décide d'intervenir. La première partie du film consiste donc à introduire le personnage incarné par Redford (parfait), au même titre que le spectateur, dans la prison où, impuissants, nous constatons les ignominies qui s'y déroulent. Les matons, crédibles à souhait, sont interprétés par la crème des gueules de l'époque, avec en particulier Everett McGill, Joe Spinell et Yaphet Kotto, bourreau malgré lui. La seconde partie, plus longue, narre les efforts que met le nouveau directeur à modifier les conditions de vie de sa nouvelle demeure, se confrontant par la même occasion aux matons habitués à un train de vie déplorable. Décors soignés, musique envolée, réalisation minutieuse et interprétation haut de gamme, le film ne contient quasiment aucun défaut. Et si on peut hélas regretter une baisse de rythme en fin de métrage et des facilités mises en place pour ne pas entraver le scénario (les prisonniers sont au final doux comme des agneaux), Brubaker reste un excellent film carcéral mis en scène d'une main de maître par Stuart Rosenberg et mené à la perfection par un Robert Redford plus naturel que jamais. Dur, poignant, violent, émouvant et réaliste, le long-métrage nous terrasse deux heures durant sans que l'on voit passer le temps.