Le public français aime les comédies populaires, et il l’a toujours montré. Les plus grands succès du box-office tricolore ne sont ils pas « La grande vadrouille » et « Bienvenue chez les ch’tis » ? Donc tous les ans, on a le droit à la sortie d’un nombre incalculable de films familiaux et légers. Parfois avec de sympathiques réussites, parfois avec de bons vieux navets indigestes. Ce qui est bien, c’est qu’au moins ça se regarde tout seul, on peut mettre son cerveau au repos complet, et, si le propos est bien, on peut même passer un bon moment. Donc, dans la plus pure tradition des comédies made in France, Pascal Chaumeil vient de nous pondre « L’arnacœur ». Et tous les éléments sont réunis pour faire des entrées à foison, cibler un maximum de gens et de publics différents. Comme si, parfois (même souvent), le marketing était plus important que le scénario ou la mise en scène. Des acteurs « bankables » qui ont bien la côte en ce moment ont donc été engagés pour nous divertir : les humoristes Julie Ferrier et François Damiens, deux « buzz » qui prennent de plus en plus d’importance, l’apparition d’Audrey Lamy, dont on est sur désormais qu’elle a plus de réseaux dans le milieu que de talent (petite sœur d’une actrice qui serait retournée à l’anonymat complet si son mari n’était pas un peu talentueux), une Vanessa Paradis en plein come-back (après l’album qui s’est bien vendu, le cinéma), et un Romain Duris prouvant qu’il est à l’aise dans n’importe quel rôle. Si on sait bien qu’il n’a pas du tout l’âme de l’acteur qui va faire se tordre de rire les foules, il montre qu’il peut tout jouer sans trop de souci. Et puis, en le voyant mimer le regretté Patrick Swayze, bon nombre de jeunes femmes de la génération 80 prendront un malin plaisir à revivre leurs émois de jeunes adolescentes pré-pubertes connues devant « Dirty dancing ». Alignés avec quelques autres seconds rôles de poids (l’expérimenté Jacques Frantz et le trublion Jean-Yves Lafesse), ces comédiens sont les atouts maîtres du jeu de ce film. Si Duris a toujours autant de charisme et Paradis toujours l’air d’avoir 12 ans, ils se font voler la vedette par celui qui est plus connu sous le pseudonyme de François l’Embrouille. Le roi de l’imposture belge fait son petit numéro dans son coin avec beaucoup de finesse et d’intelligence, sans jamais en rajouter, ni sombrer dans le cabotinage, défaut auquel sont souvent confrontés les seconds rôles déjantés et mal négociés. Grâce à sa gueule improbable et sa spontanéité jouissive, plusieurs sourires se dessinent sur nos lèvres.
De bons numéros d’acteurs, un décor – la Principauté de Monaco – plus agréable que ceux des mines du Nord, de la tendresse, des situations cocasses, quelques répliques et dialogues piquants, du rythme, bref, tout ceux qu’il faut pour la distraction la plus complète. Et c’est vrai que de « L’arnacœur » émane beaucoup de fraîcheur. Mais bon voilà, il y a un problème intrinsèque, voir même récurrent, au cinéma populaire. Comme beaucoup d’autres avant, et beaucoup d’autres après, cette comédie souffre d’un scénario extrêmement faible et totalement prévisible. Je ne veux pas faire la fine bouche ou l’élitiste, mais là, on voit venir le dénouement final, et pire même, certains rebondissements, à des kilomètres à la ronde en fermant les yeux ! Le cruel manque d’originalité de l’intrigue fait perdre énormément au tout, et on n’est jamais réellement surpris par les contrecoups de cette gentille histoire d’amour. Je ne m’attarderais pas sur d’autres points un peu absurdes du script, comme l’invention totale du « métier » totalement irréaliste exercé par le personnage principal, ou encore sur une réalisation tout à fait classique, linéaire, sans la moindre folie ou prise de risque, mais tout de même sans réelle faille.
Si a le grand mérite de ne pas être aussi bas du front qu’un « Camping » ou aussi vulgaire qu’une comédie avec Michaël Youn, « L’arnacœur » est surtout un spectacle au fort capital sympathie, qui sent à plein nez le film français qui va faire l’objet d’un remake US d’ici peu. Encore une fois, il dommageable que le tout soit aussi convenu, car l‘objectif de divertissement est lui pleinement atteint.
D'autres articles sur des films divers et variés, avec critique, photos et anecdotes, disponibles sur mon blog : http://soldatguignol.blogs.allocine.fr/
Merci, à bientôt !