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Pierre E
212 abonnés
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5,0
Publiée le 22 janvier 2010
Le nouveau film du sulfureux et irrévérencieux Mendoza est dans la lignée de ses précédents, une réussite, audacieuse et radicale, qui ne manque pas de susciter une nouvelle fois la controverse et de percuter encore plus fort son spectateur. Mendoza continue de brasser les vices de la société philippine, dans le cas présent, il explore celui de la corruption. Son héros, Peping, jeune homme un brin idéaliste, étudiant en criminologie promis à un avenir brillant - dont il a commencé la construction avec son récent mariage - va accepter une mission dont il ignore les enjeux, et tremper dans une des affaires les plus sordides qui soient. ‘L’innocente cupidité’ d’un jeune homme en plein passage vers l’âge adulte, va révéler une noirceur complètement inattendue. L’identification spectateur/protagoniste est totale, et pour cause, son acteur fétiche, Coco Martin est presque de tous les plans. Non seulement cela, Mendoza veille minutieusement et progressivement à ce que spectateur et protagoniste ne fassent littéralement plus qu’un : happé tous 2 plus ou moins volontairement dans une aventure de laquelle ils ne sont pas avertis des enjeux et dont ils ne ressortiront pas indemne. A l’instar des grands maîtres (Hitchcock, Haneke), il se plaît à torturer le spectateur : lui imposant le temps réel, un point de vue subjectif qui fait naître le sentiment d’être un voyeur dans l’histoire, et le coince dans un entre-deux dérangeant où les limites du bien et du mal sont totalement estompées. Spectateur devient lui aussi ‘peping-tom’ de ce ‘kinatay’ dans une nuit qui commençait comme les autres et se révèle voyage jusqu’au bout de l’enfer. Esthétique sordide de circonstances, image poisseuse, granuleuse, Mendoza travaille toujours caméra au poing, sa réalisation à fleur de peau flirte encore une fois avec l’expérimental. Peut être a-t-il d’ailleurs mis le doigt sur un nouveau genre à mi-chemin entre le documentaire, l'expérimental et le polar. Novateur et profondément déconcertant.
Brillante Mendoza a tourné 9 films en 5 ans (John John était déjà son quatrième) et il semble bien que son ambition soit d'être présent dans les grands festivals parce que ce n'est pas localement qu'il risque de faire recette avec une vision sociale de son pays qui a peu de chances d'être sponsorisé par l'office de tourisme philippin. Après un Tirador (sorti en DVD), ennuyeux à mourir, Kinatay reprend ce qu'on peut déjà appeler des recettes : plongée documentariste dans les rues de Manille, images quotidiennes des quartiers populaires... C'est un domaine dans lequel Mendoza est plutôt doué mais Kinatay n'apporte rien de neuf. Pendant la dernière partie, une bande de mafieux tue, démembre et disperse les restes d'une pauvre prostituée. Ce n'est pas gore, ce n'est qu'un ressort dramatique, et cela fait de nous des voyeurs. Personnellement, je ne trouve pas ça abominable (on en a vu d'autres depuis Salo) mais simplement sans intérêt d'autant que l'image est particulièrement sale et la mise en scène inexistante. Le meilleur film philippin que je connaisse reste L'éveil de Maximo Oliveros (2005) d'un certain Aureus Solito qui a, depuis, tourné trois autres films, tous inédits en France, hélas.
Un second visionnage aura suffit à me séduire totalement. Si Kinatay exige effectivement une certaine rigueur de la part des cinéphiles, il comble finalement nos attentes avec une générosité peu commune. Le long métrage de Brillante Mendoza, plongée terrassante dans la nuit de Manille, est une oeuvre abrupte d'une indéniable homogénéité : à partir d'un dispositif de mise en scène hybride, docu-fictif, le cinéaste signe un polar hyperréaliste, souvent proche du reportage, dont l'impact n'en sera que davantage amplifié. Peu ou prou de musique, une bande-son pleinement concrète installant l'atmosphère susceptible d'engendrer le malaise, des séquences insoutenables dilatées jusqu'à saturation... L'oeuvre fait figure d'OVNI à sensations multiples, équivalent d'une journée clémente déviant vers le cauchemar le plus innommable. La gradation de l'horreur est maîtrisée de bout en bout, habitée par un personnage-pivot trouble, ambivalent, mélange de veulerie et d'intégrité mise à l'épreuve... Bref une claque retentissante et certainement l'un des plus beaux films de la sélection cannoise 2009. A voir absolument pour tous ceux qui en sont capables. Epatant.
Pour moi, ce film sera inoubliable... certes il est lent, c'est tout ce qu'on peut lui reprocher. Car cette lenteur contribue au souvenir que laissera ce film.------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Un homme ordinaire mais pauvre obtient un petit travail auprès d'un petit mafieux. Après un mariage des plus simple, le film nous montre la première journée de ce jeune monsieur en manque d'argent. C'est simple et extrêmement crédible, pas de surenchère, pas d'idéalisation de tel personnage ou pas d'histoire romancée. Juste du réalisme. Le film construit sa mise en scène de cette idée : réalisme total pour que l'on puisse y croire. Ainsi, nous regardons le film au rythme que le personnage principal vit sa nuit de travail. Ce qui implique que les passages en voiture soient longs. On est inquiet quand une voiture de police passe. Le personnage n'a rien d'exceptionnel, il est un seul pauvre qui essai de s'en sortir parmi des millions. A l'image de cette mise en scène où il passe avec sa femme sans qu'il ne soit clairement différencié du reste de la population, tant par le son que la construction des plans. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Le film nous raconte une mission qui consiste à punir une prostituée qui ne paie pas ses dettes. Evidemment, jeune mousse qu'il est, le personnage principal a un job très simple. Ce n'est pas un bourreau ou un interrogateur, juste un larbin. Il va chercher des bières, fait ce qu'on lui demande. Ce qui est genial dans tout ça, c'est que rien n'est romancé. Le héros n'est pas un bad-ass, on en fait pas trop en faisant des scènes de torture à la Hollywoodienne, on imagine que la réalité ressemble plus à CA que tout ce que peut nous montrer les films. A cet égard, le final est saisissant car on reste dans ce ton. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Quand la notion de réalisme nous à pénétrer et que l'on comprends à quel objet on a affaire, les sentiments envers Kinatay changent. Car là où il saisit, c'est dans la vraisemblance agressive de ce récit, qui cause un malaise profond. On a plus l'impression de voir un documentaire filmé par un cinéaste qu'un film tourné comme un documentaire (ce qu'on voit d'habitude, quand un cinéaste essai de nous faire du réalisme) et c'est là où cette projection est réussie. Pari réussi pour Kinatay que je ne suis pas prêt d'oublier. Un film à voir si vous êtes empathiques et que vous supportez un rythme lent. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 17/20
"Fais de moi ce que tu veux mais ne me tue pas". Soubresaut, poitrine léchée par une lune translucide, paillette, Madone ensanglantée tout droit sortie de l'esprit trouble du jeune étudiant -Peping. Foule mouvante, cadavres inertes, l'étude de la criminologie ne sera d'aucune aide ici. Grimpe, assieds toi, ça rapportera gros, à toi la belle vie, pense à ta femme, ton gosse, tu crois que... Vaisseau fantôme fendant la nuit, tu n'auras qu'à... Petit, les limites sont à jamais franchies, les phares n'éclairent qu'une route poussiéreuse, repue de corps sans vie et toi, toi petit tu te sens comme le bétail que l'on mène à l'abattoir. pourtant, cette destination tu la connais, en début de journée, à la mairie, rappelle toi, le Cercle froid à ton doigt... tu vois? Ton souffle s'accélère, des bulles acides tapissent ton estomac, t'as la tête en vrac, tu Veux te réveiller. mais.. L'aube t'apporte un réconfort fragile, drape toi en, il va faire froid.
Et c'est bien de cela dont il s'agit, du moins dans sa deuxième partie.
La première partie, elle, tournée en 35mm, montre assez classiquement des scènes de la vie quotidienne à Manille. Un jeune homme, étudiant en ... la suite ici :
La boucherie évoquée par le titre s'incarne à l'écran de manière particulièrement viscérale. Mais ce n'est pas la représentation de la violence qui intéresse dans "Kinatay" : la surenchère qui en est faite est vaine parce qu'attendue et banalisée, elle tourne même à la caricature lorsque l'horreur atteint son paroxysme. La raison qui pousse à voir ce thriller raté est plutôt sociale ; il y a un questionnement sur le regard du personnage central et de sa place qui est original et qui dit beaucoup sur la société philippine. Dans n'importe quel film du genre, le personnage devrait cacher son identité – Peping est étudiant en criminologie – afin d'agir contre la bande de truands dans laquelle il évolue presque malgré lui. Mais pour les membres du gang de "Kinatay", le fait que Peping soit flic n'est pas un problème car ils savent qu'il n'agira jamais contre eux – c'est pour cette raison que le suspense orchestré par Mendoza est inopérant. Dans une société où règne la corruption et surtout la précarité extrême, la nécessité de gagner de l'argent l'emporte sur tout, ce qui balaie de fait la notion d’intégrité pourtant inhérente à la fonction de policier. L'intérêt procuré par le film vient donc de cette vision d'un corps sans cesse tiraillé entre sa passivité et l'action alors que rien ne peut empêcher une issue inéluctable.
Brillante Mendoza est un réalisateur naturaliste philippin, je n'avais pas aimé son film précédent "serbis", mais là c'est encore moins bon. C'est tout ce que je hais dans le cinéma, un cinéma naturaliste pauvre, où toutes les scènes sont froides, et où rien n'est souligné. Alors cela peut encore passer lorsque les personnages sont attachants, mais lorsqu'ils sont si lissent ça ne passe pas. Tout simplement car on ne s’intéresse pas à eux, pas au scénario et au film. De toute manière ce scénario est vain,un film ennuyant, qui le doit avant tout à cette forme lente. Il manque un esthétisme, qui aurait pu nous oppresser de la bonne façon, mais là non, c'est juste:l'ennui et l'ennui, il ne se passe rien et en plus la photographie sombre donne encore plus envie de dormir. Dire que ce film à eu le prix de la mise en scène à Cannes, je me dis il y a quelque chose qui choc, soit c'est moi qui n'ai pas saisis quelque chose, soit les académiciens se sont paluchés sur ce film, ce qui ne serait pas la première fois.
En son temps, "Kinatay" engendra un débat assez animé entre partisans admiratifs de la "méthode Mendoza" de filmer (le film reçut d'ailleurs la récompense cannoise non négligeable du Prix de la Mise en Scène), soit une sorte de primitivisme pré-cinéma permettant de retrouver un sentiment d'immersion inédit dans les situations décrites, et contempteurs, en général dégoûtés par l'atroce et interminable scène de massacre d'une prostituée qui marque la damnation éternelle de Peping, spectateur passif qui voit aussi mourir son "intégrité", son innocence. Il est permis aujourd'hui de ne pas prendre parti entre ces deux positions, toutes deux justifiables, la première artistiquement, la seconde moralement : Brillante Mendoza met en effet en pratique dans "Kinatay" une manière audacieuse - et pourtant jamais "tape-à-l'œil", on est loin ici de la bêtise d'un Gaspar Noë par exemple - de nous immerger dans la réalité, mais cette réalité de la violence extrême qui règne quand la nuit tombe sur Manille n'est certainement pas un "spectacle" auquel on a la moindre envie d'assister. A la longue - et admirablement construite - descente aux enfers de Peping au fil d'un voyage accablant en mini-bus, durant lequel Brillante Mendoza nous fait réellement "vivre" une perte complète d'espoir et une montée étouffante de panique hébétée, on peut finalement préférer la première demi-heure du film, lumineuse et emballante, qui montre la VIE.
Le long voyage au bout de la nuit vécu par le policier stagiaire coïncide avec la souffrance subie par le spectateur au fur et à mesure que l'intrigue se déroule. Un temps séduit par le début du film et son approche néoréaliste, Kinatay, dès que le héros accepte de travailler pour des gangsters, devient ennuyeux (voir l'interminable séquence nocturne dans la voiture). Puis, l'horreur s'installe, sans aucun recul, ni aucun point de vue du cinéaste. Il verse alors dans une complaisance sordide vis à vis de l'abject : coups portés à la prostitué, fellation mal filmée et cette séquence atroce de démembrement. Nous voyons le jeune futur policier douter (les frontières entre la légalité et l'animalité semblent poreuses, bonjour l'innovation!) mais les effets de ces scènes sont très appuyés. D'une façon prévisible, il vomira après que Brillante Mendoza ne nous ait pas épargné la vision de viandes prêtes à être avalées. La fin est aussi ratée que le début n'était réussi. Mendoza abuse des gros plans et sa caméra a la bougeotte. Un film qui va decrescendo dans l'échec. Par contre, Lola, son dernier film, sera touchant et réussi.
Mais que c'est-il passé dans la tête du jury du dernier festival de Cannes pour donner le prix de la mise en scène à ce film ? Quant aux critiques dithyrambiques, on se demande ! Tout cela pour un exercice de style totalement creux et sans aucun intérêt. Le réalisateur dit lui-même que c'est un film d'horreur ! L'horreur c'est ce qu'il nous inflige tout au long des 1h50 qui ont l'air d'en faire trois heures. Une bonne moitié se passe dans un van qui traverse Manille de nuit où l'on ne voit quasiment rien et où il ne se passe rien. Mais quel ennui ! Un vrai supplice. L'image n'est pas belle, sombre et/ou floue. La scène du massacre est très mal faite, cela en est risible. C'est pas mal interprété, c'est tout ce qu'il y a sauvé de ce film philippin vraiment imbuvable. Mon voisin a dormi tout le long alors que la salle se vidait progressivement. Tout est dit !
Un film qui plonge le spectateur, comme le personnage principal du film, dans l'angoisse et l'horreur. Brillante Mendoza nous fait vivre en temps réel ce que peut ressentir le jeune homme. Un film dur, avec des passages à la limite du soutenable. On n'en sort pas indemne.
Première impression : Un poil déçu mais en y repensant, ben finalement il est pas si mal ce premier film de Brillante Mendoza.... Avec la présentation des personnages et de l'environnement du contexte, On arrive à comprendre la situation et les conditions de vie du jeune homme qui va se laisser embarquer dans une virée vengeresse qui risque de le marquer quelques temps 😄.... Le début est donc assez prenant, on se laisse conduire avec Peping et des mecs dont on ne sait pas grand chose dans des endroits peu recommandables de la ville... Bref, c'est un peu intriguant tout ça alors j'ai accroché ... Puis pirouette cacahuète , ça dérape, l'ambiance devient plus tendue, plus violente... tout comme Pepping, on se relève sur son siège et on on se demande bien ce qu'il va bien pouvoir se passer même si on se doute qu'ils ne vont pas aller faire de la balançoire, c'est assez efficace... Seulement, la deuxième partie s'éternise, le trajet est interminable ... Toute la tension accumulée jusque là retombe, le film perd beaucoup de son efficacité sur cette partie.... Mais la dernière partie vous remet dedans direct! Une manière un peu hardcore d'enfoncer le clou qui m'a bien retourné vu la façon avec laquelle les mecs s'occupent de leur passagère.... Pour une conclusion , c'est une sacrée conclusion! Comme quoi partout où il y a de l' argent, le pouvoir sur le tapis, l'humain part en cacahuète! Brillante Mendoza nous montre qu'il n'y a pas qu'a Las Vegas que ce genre d'histoire de dingues peuvent arriver ! kinatay est donc un film vraiment bien fait, original tout en restant très réaliste... Le genre de film qui, sans en avoir l'air, reste en mémoire et fait son petit effet...reste cette deuxième partie un peu longue. Dommage qu'elle n'ait pas été à la hauteur de la première, le film aurait été vraiment remarquable.... Même si c'est évident, je le précise qd même: Film à voir en VOst uniquement , comme souvent avec les films asiatiques, le doublage est catastrophique et gâche tout.... Ça ne m'a sûrement pas aidé à apprécier le film a sa juste valeur....
Brillante Mendoza s’enfonce un peu plus loin dans la noirceur et le sordide avec ce « Kinatay » qui tout comme « Serbis » montre pleins de choses très intéressantes et un peu de déception. Sa trame est originale : ½ heure en plein jour à nous présenter son personnage de façon ordinaire, ½ heure d’immersion dans la nuit à bord d’une fourgonnette sans le moindre dialogue et la moindre action pour instaurer un climat angoissant et une séquence atroce qui aura tardé à venir mais une merveille de mise en scène. Il n’y a que la fin qui laisse perplexe, une coupe brutale sans savoir les conséquences sur ce p’tit jeune de retour à la réalité…