Le film faisait partie des 5 long-métrages pré-sélectionnés pour représenter l'Italie durant la 82ème Cérémonie des Oscars parmis Baaria - La Porta del Vento, Il Grande sogno et Si può fare.
Le film a remporté quatre prix provenant du syndicat national italien des journalistes incluant: meilleur actrice, meilleur photo, meilleur montage et meilleur décors.
Avec Vincere Marco Bellocchio revient pour la sixième fois sur la croisette (Le Saut dans le vide, Le Diable au corps, Henri IV, le roi fou, La Nourrice, Le Sourire de ma mère et Le Metteur en scène de mariages) 20 ans après sa toute première montée des marches.
Ida Dalser est née en 1880, à Sopramonte - dont le maire n'est autre que son père, près de Trente. Issue d'une famille aisée, cette belle jeune fille de bonne famille est également très entreprenante puisque, à peine diplômée en médecine esthétique à Paris et alors qu'elle est âgée d'un peu plus de vingt ans, elle part à Milan ouvrir son propre salon de beauté " à la française ". Puis, ce fut la rencontre avec Mussolini et le début d'une passion irrésistible. Elle vend tout pour lui - son appartement, son salon de beauté - pour financer son journal, Il popolo d'Italia, qui deviendra par la suite l'organe du Parti National Fasciste. S'il n'en reste aucune trace écrite, une rumeur insistante affirme qu'Ida Dalser et Benito Mussolini se seraient même mariés religieusement en septembre 1914. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que le 11 novembre 1915 naît un enfant : Benito Albino Mussolini. Le Duce reconnut son fils à sa naissance mais, quelques années plus tard, il en fit falsifier l'état civil - la date de naissance et le nom de famille.
Voici un extrait de la lettre qu'Ilda a envoyé au Pape afin de lui faire part de son malheur: "L'homme que j'ai adoré, défendu, soigné quand il était malade, suivi telle une ombredans les meetings, dans les manifestations, quand il était sous les coups et les tirs, sur les places de Milan, par les gardes de Giolitti ; tout en priant et en invoquant la fin des duels, et en le rendant père d'une adorable créature qui est tout son portrait. Et tout ça ? Non pas pour ses richesses ! S'il avait été au milieu des flammes ou sous une rafale de balles, j'aurais volé à son secours [...]. Il n'était pas encore cet homme inique, mais un vrai ange [...], un génie abandonné que j'ai accueilli chez moi en dépit de tous les complots fomentés contre lui ; je l'ai adoré, il m'a adoré, il promettait de faire de moi la femme la plus enviée. Mais, moi, je ne demandais rien d'autre qu' être la plus aimée..."
Le réalisateur mélange des images de fictions avec des images d'archives. Il s'explique sur ce procédé: "C'est pour des raisons stylistiques, mais aussi pour des raisons liées à la production car on ne pouvait pas tout reconstruire. Il fallait que les images d'archives se fondent avec les images du film et en faire un style. Il fallait passer de l'image du jeune Mussolini, interprété par un acteur, aux vraies images du dictateur pour ressentir ainsi le temps de l'histoire. À partir de l'année 1922, l'acteur disparaît, et seul demeure à l'écran le vrai Mussolini."
Le réalisateur fait une comparaison avec d'autres personnages historiques: "Le comportement d'Ida Dalser, son courage de tenir tête au Duce, de ne jamais fléchir, rebelle jusqu'à la fin, me fait penser à certaines héroïnes de tragédie grecque- Antigone surtout, et bien d'autres encore -, mais aussi à des héroïnes de notre répertoire lyrique comme Aïda, par exemple. Et en cela, le film est également un mélodrame qui raconte l'invincibilité d'une petite femme italienne qu'aucun pouvoir ne fera fléchir. D'une certaine façon, c'est elle qui gagne."
Marco Bellocchio a pris connaissance de l'existence d'Ida Dalser il y a quelques années en regardant un documentaire à la télévision. Il nous parle de ce personnage tragique: "Si on se rend dans la région natale d'Ida Dalser, c'est-à dire dans le Trentin-Haut-Adige, on est surpris de voir combien la mémoire collective a gardé un souvenir très net de cette tragédie oubliée par l'histoire officielle qui a pourtant fait l'objet de deux livres - "La moglie di Mussolini" de Marco Zeni et "Il figlio segreto del Duce" d'Alfredo Pieroni - riches en documents et en témoignages. Ainsi, les très nombreuses lettres qu'Ida Dalser écrivait aux plus hautes autorités, y compris au Pape (et bien entendu à Mussolini lui-même), dans lesquelles elle les supplie de reconnaître son statut d'épouse légitime de Mussolini et de mère de son premier enfant. On y trouve également des réponses du Duce."
Le réalisateur explique ce qu'il a souhaité faire avec ce film: "Relever et dénoncer les infamies du régime fasciste ne m'intéressait pas. J'ai été profondément touché par cette femme et par son refus absolu de tout compromis. (...) Elle ne pouvait pas accepter la trahison de cet homme. Un homme qu'elle a, comme elle l'écrit dans ses lettres, aimé d'une manière absolue et à qui elle a tout donné, y compris son patrimoine. Mais Mussolini, une fois devenu Duce, devait se défaire de cet ancien amour - notamment parce que le régime ne pouvait absolument pas compromettre les relations qu'il entretenait avec l'Église et qui devaient aboutir à la signature des accords du Latran en 1929. Au point que le Pape qualifiera plus tard Mussolini "d'homme de la Providence" ! La mère devait disparaître avec l'acte de mariage, et le fils, avec l'acte de naissance, sur lequel le nom de famille sera par la suite modifié. Ils ne devaient donc plus exister."