Une incompatibilité malheureuse règne au sein d’Un Balcon sur la mer : l’alliance d’une trame narrative qui serait celle d’un récit de fantômes, puisque les personnages sont hantés par l’Algérie au temps de la guerre, et d’un style similaire aux feuilletons ou à ces romans de gare qui aplatissent leurs enjeux sous une plume balourde. Ici, c’est l’alternance des flashbacks qui, sans grâce ni précision, échouent à incarner à l’écran les réminiscences traumatiques d’un passé qui ne passe pas ou qui revient à la surface comme Marc après avoir piqué une tête dans la piscine.
Le mélodrame, genre ô combien bouleversant lorsqu’il est réussi, repose ici sur une suite de retournements de situation tout à la fois improbables et prévisibles, à l’instar de cette petite fille sur le seuil de la porte regardant la voiture partir ; nous savons qui elle est, ou plutôt qui elle n’est pas, avant même que le scénario ne s’en enorgueillisse par une chute soulignée. Tout se déroule platement, sans tension véritable, dans une léthargie qui semble définir et la direction d’acteurs et la réalisation, en dépit de quelques idées de transition réussies. Rappelons que film de fantômes n’est pas synonyme de film inhabité : il s’agirait plutôt de son antonyme…