J'avoue qu'en y allant les mains dans les poches, sans savoir de quoi il s'agissait, elle a su me séduire par son début cette "Agence". En effet, semblant se lancer dans le registre du thriller politique, voilà que George Nolfi insuffle progressivement du fantastique dans cette intrigue, d'une manière assez originale et surprenante, ce qui n'a pas été pour me déplaire. Malheureusement, au bout d'une bonne vingtaine de minutes, la déception commence. Très rapidement, Nolfi évente son mystère, le faisant progressivement disparaître au profit d'une de ces intrigues mystico-religieuses face auxquelles j'avoue être particulièrement allergique. C'est que j'ai beaucoup de mal avec les discours qui aplanissent toute la dimension dramatique d'un récit en imposant le concept de destinée ou bien encore en voulant faire rentrer les personnages dans des schémas moraux tous faits. Or, à mes yeux, il est là le problème : toute la subtilité induite en début de film est rapidement effacée par un schéma très réducteur qu'on pourrait résumer par « ils sont faits pour s’aimer, et rien – même Dieu – ne devrait leur en empêcher ». Le pire, c'est que s'en suit presque logiquement un propos très réac, consistant à présenter l'Homme comme un perpétuel pécheur, qui a besoin de son Dieu pour le cadrer, et qu'au final seul l'amour peut espérer lui apporter une forme de salut (...et je passe sur l'idée que, d'après le film, les gens qui cherchent à aller au-delà de la norme le font parce qu'ils sont malheureux en amour, car sinon je crois bien que je reprendrais volontiers une à deux étoiles à cette drôle d'Agence). Alors du coup c'est bien malheureux cette façon de présenter les choses car, pour ma part, j'avoue que le cheminement de cette "Agence" est parvenu malgré tout à toujours maintenir une forme de curiosité, même si celle-ci restait confinée dans le cadre intellectuel aussi restreint qu'est celui de la prédestinée religieuse. Mais bon, si le folklore des mentalités grégaires américaines ne vous effraie pas, peut-être alors cette "Agence" a une chance de vous divertir. Mais attention, parce que si ce n’est pas le cas, le spectacle risque d’être assez amer. Vous voilà prévenu...