La disparition d'Alice Creed est le premier long métrage réalisé par J Blakeson. Ce dernier a déjà réalisé deux courts-métrages: Pitch Perfect (2005) et The Appointment (2009). Il s'est également essayé à l'écriture de scénario. Il a notamment signé celui de The Descent : Part 2 (2009) et celui de La disparition d'Alice Creed.
Le réalisateur J Blakeson revient sur son envie de faire un film à petit budget avec La disparition d'Alice Creed et les stratagèmes que cela nécessitait: "Cela impliquait une économie de personnages et de lieux. Par ailleurs, je voulais m’amuser à explorer un concept simple, en le poussant dans ses retranchements, un peu à la façon de Panic room de David Fincher. Le film de kidnapping est un genre assez simple avant tout basé sur la relation qui naît entre la victime et ses ravisseurs. Ces derniers deviennent comme des parents ou des infirmières car ils doivent prendre soin de leur captive, la nourrir, la surveiller. Il naît ainsi une sorte d’intimité entre eux. La mécanique bien huilée de ce genre de films correspondait à ce que j’avais envie de faire. On commence par présenter la victime, puis on la voit se faire enlever. Ensuite, la police intervient et il est question de rançon. Cela dit, La Disparition d’Alice Creed ne respecte pas vraiment tous ces codes."
Si le tournage s'est déroulé entièrement (quatre semaines en tout) sur l'île du Man, c'est parce qu'il est produit par la société Cinemanx et que le réalisateur a pu bénéficier des aides financières et du soutien de l’Île de Man, un archipel anglais indépendant. Le film a également été tourné de façon chronologique, fait qui reste assez rare pour le signaler.
Pour le réalisateur, le rôle de la prisonnière, tenu par Gemma Arterton était de loin le plus dur à interpréter. Il explique en quoi consistait la performance de l'actrice: "Le plus dur pour elle a été de se voir réduite à l’état d’objet, attachée et vulnérable. Pendant toute la première partie du film, soit on ne voit pas son visage, soit elle est terrifiée. Il fallait donc qu’elle gère parfaitement sa concentration pour se mettre dans cet état psychologique. En réalité, ça a été une épreuve physique plus qu’un challenge d’interprétation. Elle devait trouver en elle cette intensité et cette peur, sans pour autant se limiter à incarner une victime qui pleure et qui crie."
J Blakeson est un grand fan de David Lynch et admet facilement l'influence du maître sur son oeuvre: "J’ai découvert tous ses films à l’âge de 13 ans. Ce qui m’influence chez lui c’est sa mise en scène qui a le pouvoir de faire naître des sentiments étranges. Ainsi, quand Vic intime l’ordre à Danny de manger, au début du film, c’est un peu surréaliste, il se dégage une impression de menace assez terrifiante mais aussi un côté parfois grotesque. Je pensais au Dennis Hopper de Blue Velvet, qui provoquait à la fois amusement et crainte."
Le réalisateur aime jouer avec le public et le film s'en ressent. Les dix premières minutes sont glaçantes, sans aucun dialogue. Elles laissent presque présager un film d’horreur. J Blakeson revient sur la façon dont il a malmené les codes pour mieux surprendre le spectateur et brouiller les pistes au fur et à mesure de l'intrigue: "J’aime m’amuser avec les ficelles du genre, donner l’impression de m’attacher à l’un d’eux avant de changer de registre. Il en va de même avec les personnages. Au début ils sont archétypaux : le leader psychopathe, son jeune complice un peu effacé et la victime terrifiée et sans défense. Mais peu à peu, un glissement s’opère et ils se montrent tous sous un jour différent. En ce qui concerne les points de vue, il n’y en a que deux : celui de Danny et celui «de l’appartement». Je n’ai pas voulu créer de personnage principal pour qu’on ne sache pas à qui s’identifier ou s’attacher. Il n’y a pas d’acteur réellement connu, et de ce fait, tout est possible et donc imprévisible, ce qui rend le film assez inconfortable par moments. Ça ne m’intéressait pas de proposer un twist final retentissant, je préférais au contraire lever le voile peu à peu sur la vraie nature des choses."
L’image de La disparition d'Alice Creed rappelle les films des années 70 et ce grâce au travail du directeur de la photographie Philipp Blaubach. Le réalisateur raconte: "Il avait travaillé sur Ultime Evasion et sur Hush, un thriller horrifique à petit budget. Je voulais une image très stylisée. Philipp a immédiatement partagé mes références et ma vision du film. Nous avons parlé des choix de caméra, d’objectifs et nous avons opté pour une caméra numérique RED. Nous avons également regardé quelques films ensemble. Il fallait offrir une image aussi belle et chaude que possible dans cet univers pourtant assez laid. C’est Martin Compston qui en a le plus profité, car il est parfois entouré d’une sorte de halo de lumière qui le rend vraiment très beau. Pour la chambre, en revanche, je voulais parfois me rapprocher d’Alien et de ces films de science-fiction des années 70, avec une lumière plus crue, plus inquiétante. Nous avions deux façons de montrer la même pièce."
Le film a été présenté au Festival du film de Londres en 2009 ainsi qu'au Festival international du film de Toronto avant d'être présenté au Festival du film de Tribeca en 2010.