Après mon cycle western de fin d'été (comprenant "Shane/L'homme des vallées perdues", le premier et second épisode du dollars, l'étonnant et détonnant "Les cruels" avec Cotten, puis le léonien "Il était une fois dans l'ouest"), voici ma rentrée septembre avec "Tête de turc".
Synopsis : un médecin-urgentiste tombe dans le coma suite à un accident causé par des jeunes de quartier. Un flic tenace, un veuf, le médecin-urgentiste, une mère turque et son fils se retrouvent entraînés par les événements... .
Pascal Elbé ("3 amis", "Le cactus"), qui signe ici son premier long-métrage en s'appuyant sur un tragique fait-divers survenu dans un bus à Marseille, nous fait rentrer de plein fouet dans la triste réalité des banlieues, tous les personnages concourant ainsi à un réalisme des plus tranchants. Réalisme transmis également par un rythme nerveux soutenu par un montage fracassant, sans fioriture. On peut remercier le regretté Luc Barnier (qui a également travaillé pour Assayas sur "Carlos", "Place Vendôme" de Nicole Garcia) de s'être casser becs et ongles pendant ce mois et demi qui permit le montage du film en compagnie de son réalisateur Pascal Elbé.
Cette nervosité est d'autant plus palpable que le rendu musical en est le deuxième témoin, le dernier les acteurs. La bande-son, très peu présente, donne une impression générale d'étouffement lors des scènes de poursuite, de cavalcades et d'enquête. Bruno Coulais, le compositeur attitré des documentaires français depuis "Microcosmos" ("Le peuple migrateur", "Océans") fait tout pour nous enbriguer dans l'histoire et les déferlements de fureur des personnages.
Bien que très bien dirigé par le tout nouveau metteur en scène Elbé, les acteurs peinent à s'imposer à l'image du trio Zem ("Vas, vis et deviens")-Abkarian (il a joué pour Barbier dans "Le serpent", a été vu à la télé dans "Les beaux mecs"...)-Elbé qui fait tout pour remonter la barre du réalisme de l'histoire.
Dans le même cadre, le scénario n'arrive pas à garder l'allure qu'il avait prise. Les différents points de vue coupent le fil sans nous tenir en haleine tout le long du film.
Avec tous ces qualificatifs et pour terminer, "Tête de turc" est un polar d'atmosphère que je qualifierai de néo-polar car Elbé fait de ce film policier une étude de mœurs exacte de la société des bas-fonds (Fincher l'a fait mais ne l'a pas jugé dans son "Seven") en insufflant un rythme effréné dans cette double-traque.
Dirigeant ici Zem pour sa première alors que "Mauvaise foi" était le baptême de Roschdy (Elbé jouait également dans le dernier métrage évoqué), Pascal nous envoie tout droit dans le monde de la cité pour nous en sortir grandi.
A vous de constater, spectateurs...