Au-delà. Le titre était accrocheur, il laissait imaginer de belles réflexions philosophiques sur notre rapport à la mort. On pouvait être enthousiaste à l'idée de voir un cinéaste enfin aborder ce thème taboo dans notre société. Celui qui divise croyants et non-croyants, celui qui est la question ultime de tout être, dont la réponse semble n'avoir aucun prix : Que se passe-t-il après notre mort ?
Je m'attendais à quelque chose de puissant, à deux heures dont je ne sortirais pas tout à fait indemne, avec l'envie de creuser le sujet, de le partager, de le disséquer de fond en comble. Je voulais voir des personnages poussés dans leurs derniers retranchements psychologiques, pour voir comment ils affrontent la mort et ses mystères, et pourquoi pas mettre ça en relation avec mes propres idéologies, mes propres questions, mes propres hantises.
Au-delà ne fait rien de tout ça et le rendu final est trop terne, le constat étant des plus désolant. J'ai laissé mûrir le film en moi pendant vingt-quatre heures, pour voir si par miracle il trouvait son sens, sa logique, qui expliquerait le thème qu'il arbore avec son titre et son affiche audacieuse. Il n'y a pas eu de miracle, le ressenti qui était de vigueur pendant le visionnage est le même que maintenant : Après une séquence d'introduction époustouflante le film s'enlise dans deux heures de vide où on passe d'un personnage à un autre tel un somnambule dans le royaume des morts. Rien n'est creusé, rien n'est profond, on est face à quelque chose de tout à fait convenu. Ceux qui s'attendent à des réflexions poussées seront déçus, il y a un manque de contenu flagrant, un manque d'idées, et on se rapproche plus du drame classique que du drame à thème.
Le fait de mélanger trois histoires pour avoir trois points de vu différents, tous dans des situations distinctes mais rapprochées « L'Homme, la Femme, le Fils » aurait pu être intéressant, traité comme il se doit, avec un réel intérêt accordé aux personnages et à leurs sentiments. Ici l'intérêt est minime, et le rapport à la mort sert davantage de motif pour confronter les personnages à leur entourage : Le frère, la copine de cuisine, les parents adoptifs, la boîte de prod' parisienne... Bref, on reste en surface et on n'ose pas pénétrer dans le sujet même. On montre mais on explique pas. Et le fait de montrer sans rien dire enlève toute force au film, et même toute beauté. Le montage nous paraît flou, et le manque de profondeur du scénario, obligé de jouer sur plusieurs histoires, nous ennui profondément.
Je concède que le personnage incarné par Matt Damon nous touche et que son histoire à lui est plutôt intrigante à suivre, mais alors les deux autres sont d'une platitude à faire froid dans le dos. Les minutes passent et l'on comprend qu'on ne va rien découvrir dans ce film, rien apprendre, la seule chose qui naît en nous étant un sentiment de frustration à la hauteur de la déception.
Au-delà c'est un film qui montre comment trois personnes assombries par la mort et liées par un même destin vont finir par trouver la paix grâce à une entraide mutuelle. On le sent tellement venir et c'est si superficiel que c'en est presque énervant. Un happy end qui consterne autant que le reste du film. Quand on le compare avec une œuvre majeure telle que The Tree of Life, qui aborde un thème sensiblement identique avec une vraie passion, une vraie beauté, il fait plus que pâle figure, il est ridicule...