Les émois, surtout amoureux, des jeunes gens : voilà un thème qui n'a rien de neuf, en littérature ou au cinéma. Katell Quillévéré pense pourtant renouveler dans une certaine mesure la question, en adjoignant une pseudo dimension religieuse (original à notre époque de déchristianisation aiguë) à la crise existentielle ordinaire de l'adolescence. On espère que le "poison violent", qui donne son titre au Prix Jean-Vigo 2010, est l'amour (comme l'a écrit Gainsbourg), dont il est ici question sur tous les tons : amour de soi, amour des autres, amour filial et maternel (et aussi paternel, et même grand-paternel), amour conjugal (et extra-conjugal), amourettes et amour naissant.... Sur la crise de fin d'enfance d'Anna, c'est gentiment brossé, mais cela reste très banal (et dans les propos, et dans la mise en scène). Cependant, il y a aussi la crise de foi.... Et là, on se demande si le "poison violent" n'aurait pas un autre sens pour la jeune (co)scénariste et réalisatrice qui signe son premier long métrage, tant la charge contre la religion catholique s'avère démonstrative, et pour tout dire pesante. "Poison violent" que le catholicisme, dénoncé par le grand-père anticlérical et libidineux, "poison violent" encore que cette religion qui impose l'abstinence à ses ministres du culte, ce qui en l'occurrence contrarie les plans de la mère dépressive d'Anna, qui referait volontiers sa vie avec le jeune curé (recteur, non, en Bretagne ?) de son village, "poison violent" dont la doctrine sépare esprit et corps, comme l'assène sans nuances le prélat qui prononce l'homélie de confirmation de la jeune fille, laquelle d'ailleurs a une fâcheuse tendance à l'évanouissement tendance mystique etc. Je limiterai donc devant tant de roublardise ma notation à 1 étoile, pour l'interprétation de Clara Augarde (Anna) et de Michel Galabru (le grand-père) - mais en aucun cas pour celle de Lio, saluée par beaucoup, mais toujours aussi mauvaise actrice pour moi.