S'il centralise son récit autour de trois destins de femmes, le réalisateur ne revendique pour autant pas une dimension "féministe", d'engagement et de revendication. Il confesse ne pas s'être focalisé sur l'antagonisme homme/femme et a tenté d'approcher au plus près la retranscription d'un ressenti réel, d'où cette précision : "J’utilise des vies de femmes, des corps de femmes, mais je parle de sentiments, de peurs, d’obsessions, de préoccupations qui me sont propres." Vient la référence, imparable: "Flaubert disait « Madame Bovary, c’est moi ». Et ça me paraît tout à fait logique."
Comme l'avait prouvé The Hours en son temps, la base d'un trio représente un équilibre assez probant pour un développement narratif générique. Initialement conçu comme une simple relation mère/fille, le film aurait été desservi: Rodrigo Garcia s'est rendu compte assez vite des limites d'une simple dualité pour un propos qu'il voulait plus universel. Il a donc ajouté le personnage de Lucy (Kerry Washington) qui, en devenant le fil conducteur, a permis l'ouverture vers d'autres thèmes. "Lucy m’a permis d'aborder des thèmes comme le désir, l'absence et la frustration de ne pas être mère. Et son histoire m'a permis de dynamiser le récit", explique-t-il.
Dans le fonctionnement de Rodrigo Garcia, il y a différentes manières de réussir un casting. Il y a d'abord les évidences, les choix qui se dégagent de manière instinctive comme fut le choix de Naomi Watts,"Avec elle, tout paraît facile," admire-t-il. Ensuite, le réalisateur pense à des acteurs dont il connaît le travail pour avoir déjà collaboré ensemble, et d'autres à qui le rôle semblerait convenir. Tout cela devant aboutir à "un bon équilibre entre visages connus et moins connus", une recette qui lui permet de parvenir à l'harmonie qu'il recherche.
Refusant les principes de constructions trop explicites où l'on "sur-montre" les sentiments et les réactions qu'elles provoquent, le réalisateur cherche lui à cultiver et communiquer le non-dit, l'implicite et le pouvoir de la suggestion. "Le vrai objectif, c’est de transformer la psychologie en comportement." Une mise en situation suffit à rendre cela d'une évidence peu contestable. "Hamlet peut dire : « Je suis paumé, dépressif, suicidaire et je me sens amer de ne pas savoir quoi faire sans me sentir coupable ou en échec. » Ou bien il peut dire : « Être ou ne pas être… » C’est à l’auteur de choisir." Lui a tranché...
Elément pivot du film, l'adoption est un sujet auquel le réalisateur, pendant la préparation du film, a consacré beaucoup de recherches et d'attentions. Il en tire d'ailleurs une comparaison proprement élogieuse: "Je me suis mis à envisager l’adoption comme une histoire d’amour", confie Garcia. "On s’y lance avec des intentions généreuses (donner de l’amour) et d’autres plus égoïstes (être aimé)." Il en tire une conclusion assez logique: "Et comme n’importe quelle histoire d’amour, les adoptions sont parfois très heureuses, parfois désastreuses, et le plus souvent elles varient entre ces deux extrêmes. Comme tout ce qui relève de l’expérience humaine d’ailleurs."
Si le tournage de Mother and Child a débuté 6 semaines après l'accouchement de Naomi Watts, cette dernière a toutefois tourné quelques plans pendant sa grossesse, et notamment celui où l'on peut voir son ventre déformé par les coups de pied que donne son propre bébé.
Au détour d'un dialogue, le personnage d'Annette Bening explique qu'elle a débuté son travail le 11 avril 2004, et qu'elle y est depuis 6 ans et 6 mois, ce qui sous-entend que Mother and Child débute en octobre 2010. Or, c'est à cette date que la sortie du film était initialement prévue en France.
Le nom de Robin Wright Penn était annoncé pour le rôle d'Elizabeth mais elle se désista et fut ainsi remplacée par l'actrice australienne Naomi Watts.
Bien qu'elles jouent une mère et sa fille dans le film, Annette Bening et Naomi Watts ont seulement dix ans d'écart dans la vraie vie.
Samuel L. Jackson retrouve l'actrice Kerry Washington avec qui il avait déjà joué dans le film Harcelés en 2008.
Le film a été présenté en sélection officielle au Festival du Film de Sundance, au Festival du Film de Toronto et au Festival du Film de San Sebastian. Il a également gagné à Deauville le Grand Prix du Meilleur film.