Quand dans un film européen on s’attaque aux codes du thriller à l’Américaine, ça fait mal. L’histoire est complexe juste ce qu’il faut, la mise en scène solide, on ne s’ennuie pas une minute, malgré la longueur, les rebondissements sont travaillés au scalpel, les flash-back sont assez opportuns. J’ai juste un peu de mal avec cet expressionnisme un peu romanesque, très littéraire, qui nous montre des «méchants» presque caricaturaux dans leur méchanceté, une violence assez spectaculaire, mais pas assez travaillée à l’intérieur pour émouvoir vraiment. Le couple d’enquêteurs, formé par les circonstances (une punk hacker, et un journaliste coincé), est évidemment mal assorti, le genre l’impose, mais leur relation n’est pas réaliste, mal exploitée par le réalisateur, qui avait tellement de boulot avec le montage, qu’il a un peu négligé ce point. Cela devient de plus en plus démonstratif, plus le film avance. On dérive entre drame familial, un lourd passé nazi, des secrets inavouables, on aboutit sur un sérial killer aussi, et un final académique, plus hollywoodien tu meurs, dommage. Cela enlève du cachet au film qui a d’autres qualités. Cela reste un bon thriller pour les amateurs du genre, avec une violence perverse qui jaillit de temps en temps en pleine face.