Fleur du désert est l'adaptation cinématographique du roman écrit par Waris Dirie. Dans cet ouvrage autobiographique, la romancière détaille son parcours hors du commun, de son excision à l'âge de 5 ans jusqu'à son engagement humanitaire, en passant par sa carrière de mannequin et sa nomination au poste d'ambassadrice de l'ONU pour les questions liées aux mutilations sexuelles. Le roman a ouvert le débat sur un sujet méconnu : les mutilations génitales féminines pratiquées dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie. En 2007, Waris Dirie a été récompensée pour son travail humanitaire, en recevant le titre de Chevalier de la Légion d'honneur.
La romancière donne son impression sur le film : "Le film est fidèle mais est forcément une réduction de mon livre, sinon il aurait duré au moins 10 heures ! Quand on lit le livre, on se rend compte que certains passages ont nécessairement été adaptés."
Liya Kebede, l'actrice interprétant Waris Dirie, est également l'un des mannequins les mieux payés au monde. Elle est aussi fondatrice de la Liya Kebede Foundation, qui vient en aide aux femmes du tiers-monde pour tout ce qui concerne les questions liées à l'accouchement.
"Nous avons auditionné, entre autres, quelques actrices célèbres. A Londres, une Africaine est venue au casting, non pour le rôle, mais pour dire à la réalisatrice à quel point le film était important pour les femmes d'Afrique. Et puis, un jour, j'ai reçu un DVD avec 3 profils d'actrices différentes. J'étais en train de le regarder, quand mon fils Aleeke m'a demandé : "Maman, c'est toi sur le DVD ?". J'ai eu un choc. Cette actrice me ressemblait au point que mon fils m'avait pris pour elle ! C'était Liya Kebede, une top model éthiopienne qui habitait à New York. (...) Alors, j'ai appelé Sherry la réalisatrice, et lui ai dit que je voulais Liya. Liya a réalisé un travail extraordinaire. Je n'ai pas voulu la rencontrer avant que le film ne soit terminé pour ne pas l'influencer. Nous avons dîné ensemble le dernier jour du tournage à Berlin."
Peter Herrmann revient sur la genèse du projet : "L'autobiographie de Waris Dirie a été publiée en Allemagne en 1999. J'ai lu le livre six mois plus tard, et j'ai tout de suite imaginé que les droits du livre avaient déjà été achetés aux USA. Elton John avait effectivement acquis les droits de ce livre pour en faire un film sur grand écran à travers sa société de production Rocket Pictures. Mais Rocket Pictures et Waris Dirie avaient des visions du film très différentes, si bien qu'en 2002 les droits du livre furent libres à nouveau. J'en ai entendu parler par hasard et un an plus tard je rencontrai Waris Dirie. Ce n'était pas le genre de rencontre coup de foudre où l'on se met d'accord sur tout, tout de suite. J'ai vite remarqué que Waris était très prudente à l'idée de céder une nouvelle fois les droits de son livre. Ce qui est compréhensible puisqu'on parle d'adapter sa propre vie à l'écran par de parfaits inconnus. On s'est rencontré plusieurs fois au cours des 9 mois qui ont suivi et nous avons passé notre temps à discuter, planifier et développer des idées jusqu'à ce mois de février 2004 où nous avons signé le contrat."
Le film a été tourné à Djibouti, à Londres, en Allemagne et à New York. Le producteur Peter Herrmann revient sur le tournage à Djibouti : "Le tournage a commencé le 29 mars 2008. C'était vraiment le dernier moment où l'on pouvait tourner sans mourir de chaud car les températures deviennent vite extrêmes. Il fait souvent 45° et ça peut monter à 50° même à l'ombre ! Alors qu'en mars, il ne fait 'que' 35-40°..."
Waris Dirie avait joué le rôle d'une figurante dans le James Bond Tuer n'est pas jouer.
La réalisatrice Sherry Hormann raconte comment elle s'est engagée dans le projet : "Peter Herrmann, que je n'avais croisé que quelques fois, me l'a tendu au bout de la table. "Appelle-moi et dis-moi si tu trouves trois bonnes raisons de ne pas en faire un film". Dans le sac se trouvait un livre : "Fleur du désert". Je ne connaissais pas ce livre. "Des millions de gens l'ont lu" fut sa seule réponse. Le livre m'a instantanément captivée. Je n'avais jamais vu autant de contradictions et de personnages différents incarner une seule et même personne, une seule et même histoire : Waris Dirie, petite fille du désert – top model à New York – femme de ménage analphabète dans un fast food – porte parole à l'ONU. Si l'histoire n'avait pas été vraie, j'aurais pu croire à une version moderne de Cendrillon. Plus que tout d'ailleurs, "Fleur du désert" est un cri contre l'injustice subie par les femmes."
Sherry Hormann détaille une anecdote de tournage pour le moins... surprenante : "Nous avons filmé des nomades qui n'avaient jamais vu de caméra. Amateurs et acteurs pros ont travaillé parfaitement ensemble. Mais l'aventure était permanente ! Pour certaines scènes, j'étais obligée de changer subitement d'acteur, parce que certains disparaissaient sans prévenir, comme celui qui devait jouer le père de Waris. Je l'ai retrouvé, plus tard, en train de prier. Il se fichait de savoir que 80 personnes l'attendaient sur le plateau ! Nous avons utilisé le marché de Djibouti comme décor de Mogadiscio. Des centaines de policiers avaient bloqué les accès pour le tournage, mais tout à coup, ils ont tous disparu en même temps. Volatilisés. Tous ! Un chaos pas possible s'est installé, les membres du tournage se sont fait attaquer par des jets de pierre, bref, c'était la panique : les policiers étaient juste partis déjeuner ! Ils avaient entendu dire que nous avions réservé un restaurant avec un buffet à volonté et ils voulaient être les premiers servis..."