Cela faisait un moment que Marjane Satrapi désirait travailler avec Jamel Debbouze. Elle souhaitait notamment qu’il interprète plusieurs personnages, ou plus exactement le même personnage qui, comme dans les contes, revient sous plusieurs formes, comme "une sorte de génie", d'après les mots de la cinéaste.
Le film oscille entre le burlesque et l’émotion, la fantaisie et la gravité et prône le mélange des genres. Il marie des modes de narration différents, des façons de faire différentes, des esthétiques différentes, en passant notamment de la parodie d’une sitcom à un mélo italien et à un film fantastique.
Dans le livre original, on trouve une structure à tiroirs, ludique, qu’il était indispensable de retrouver dans le film selon les auteurs. L'intention de jouer avec toutes les propositions, tous les styles, de s’amuser avec toutes ces choses qui font rêver, se reflète à travers l'histoire. Le film, au fur et à mesure qu’il avance, prend de plus en plus de libertés avec le réalisme : "On aimait bien cette idée de faire un grand film d’amour, un mélo à la Douglas Sirk mais avec de l’humour", déclarent les réalisateurs.
Dans le film, le tar de l’album est devenu un violon. Le tar est un instrument très particulier, à la forme singulière et au son singulier. Le violon, que l'on voit donc dans le film, est très présent dans la musique traditionnelle iranienne, sa musique étant plus accessible que celle produite par le tar.
Le tournage a principalement eu lieu dans la banlieue de Berlin, à Babelsberg.
Tout ce que cette histoire raconte est proche des auteurs, et plus particulièrement de l'iranienne Marjane Satrapi, surtout par rapport à cette interrogation sur ce que signifie qu'être un artiste : "Un artiste, c’est un être magnifique et aussi un grand égocentrique, un grand narcissique… En être conscient vous fait forcément avancer."
Le film cite le poète persan Omar Khayyam : "Et, témoin mes deux oreilles, nul n’a jamais pu me dire / Pourquoi l’on m’a fait venir et l’on me fait m’en aller", ce qui confirme la narration d'une histoire nihiliste, affirmant qu'à la fin, il n’y a rien, il n’y a pas de rédemption, autrement dit, "quand c’est fini, c’est fini, tout est foutu !", explique Marjane Satrapi.
Le film, dont l'intrigue se passe en novembre 1958 en Iran, est présenté à la Mostra de Venise 2011.
Le point de départ du film, c’est l’histoire de cet oncle musicien de la mère de Marjane Satrapi, mort dans des circonstances obscures. La dessinatrice est donc allée en Allemagne voir le frère de sa mère qui, lui aussi, jouait de la musique. Il lui a raconté que cet oncle était un homme remarquable, l'un des meilleurs joueurs de tar de son époque, et lui a montré des photos de lui : "Il était très beau ! Comme je suis très sensible à la beauté, c’est le visage romantique de cet homme qui m’a inspiré et m’a donné envie de raconter cette histoire d’amour brisé", confie Marjane Satrapi.
Marjane Satrapi a fait une apparition dans le film de Riad Sattouf, Les Beaux gosses : on la voit en vendeuse dans un magasin de musique.
Les deux artistes-dessinateurs utilisent le cinéma comme un moyen d’explorer l’imaginaire et l’esthétisme, sans montrer d'intérêt particulier pour le réalisme. Raconter une histoire, avec ce film, c'est "aller au-delà", afin de dépasser la réalité. Pour eux, le cinéma tient du rêve, du glamour, de la fantaisie. Ils confirment s'être inspirés des œuvres, courants et artistes qui ont nourri leur imaginaire, comme Le Magicien d'Oz, l'expressionnisme allemand, Alfred Hitchcock, Federico Fellini, etc.
Poulet aux prunes est considéré par ses auteurs comme une suite logique, cohérente à Persepolis. D'abord parce que le héros du film, musicien au cœur brisé, est le frère du grand-père de Marjane Satrapi, le communiste révolutionnaire prisonnier politique que l'on voyait dans Persepolis. Ensuite parce que l'on retrouve les fameuses fleurs de jasmin qui flottent...
Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud souhaitaient aborder quelque chose de nouveau après le succès de Persepolis, en l’occurrence un film de fiction, avec de vrais comédiens. Ils désiraient quelque chose d'"excitant", qui permettrait de les faire avancer.
Après le succès de Persepolis, la dessinatrice franco-iranienne Marjane Satrapi a souhaité renouveler l’expérience en adaptant une autre de ses bandes dessinées à succès en film.
La dessinatrice confie avoir été "morte cent fois !" avec Persepolis : elle avait en effet "vécu cette histoire, ensuite revécu pour écrire les livres puis pour faire le film. Revivre tout ce qui s’était passé était difficile." Elle compare cette aventure avec Poulet aux prunes, un film "beaucoup plus simple, qui était juste une histoire d’amour, belle et triste."
L'album de bande dessinée de Marjane Satrapi a remporté le prix du meilleur album au Festival d'Angoulême de 2005.
Il s'agit non pas d'un autre dessin animé, comme leur précédent Persepolis, mais d'un film "en Technicolor et CinémaScope avec des acteurs en chair et en os", expliquent Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud.
Le budget étant assez faible, Udo Kramer, le chef décorateur, a trouvé des astuces pour recycler des décors...
Marjane Satrapi a publié plusieurs livres pour enfants, comme "Sagesses et malices de la Perse", "Les monstres n’aiment pas la Lune", "Ulysse au pays des fous", "Ajdar" et "Le Soupir".
Il a été nommé trois fois au Festival d’Angoulême : en 2004 avec la BD "Smart Monkey", en 2007 avec "Wizz et Buzz" et en 2009 avec "Pinocchio", pour lequel il a reçu le Fauve d’Or (Prix du meilleur album).
La dessinatrice iranienne assure qu'il est "merveilleux de tourner en Allemagne un film se déroulant en Iran, avec Isabella qui est italienne, Maria qui est portugaise, Golshifteh qui est iranienne, Rona qui est roumaine, Serge Avedikian d’origine arménienne, Jamel dont les parents sont marocains, Mathieu, Chiara… et que cela donne un film français !"
"Il peut passer de Desplechin à James Bond… Et jouer du violon aussi ! C’est un homme très ouvert et disponible", affirment les réalisateurs en parlant de Mathieu Amalric.
Mathieu Amalric a obtenu le César du Meilleur Acteur pour son interprétation dans Le Scaphandre et le papillon en 2008, ainsi que dans Rois & reine en 2005.
Isabella Rossellini est surtout connue pour son rôle dans Blue Velvet de David Lynch, où elle a obtenu le prix de la meilleure actrice aux "Independant Spirit Awards" de 1987.
Jamel Debbouze a obtenu le prix à Cannes du meilleur acteur grâce au film Indigènes de Rachid Bouchareb, en 2007. Plus tôt, il a été nommé pour le César du meilleur second rôle avec le film Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, en 2002.