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    Les Trois singes
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    56 critiques spectateurs

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    Cluny
    Cluny

    74 abonnés 593 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 octobre 2012
    Après 324 critiques clunysiennes, il était temps d'y inscrire mon premier film turc. Premier de ce blog, mais aussi je crois, premier que je vois depuis "Yol" de Yilmaz Güney. Ayant raté "Uzak", "Les Climats" et "De l'autre côté", le lauréat du Prix de la mise en scène du dernier Festival de Cannes me semblait tout indiqué pour réparer cette injustice, malgré une critique plutôt partagée.

    Premier plan, fixe, sur un homme au volant, de nuit, qui semble lutter contre le sommeil. Puis un travelling avant à la poursuite de la voiture (le seul travelling du film, me semble-t-il), qui s'arrête comme tombé en panne, et laisse la silhouette de la voiture dans la lumière des phares s'éloigner et rapetisser, jusqu'à ne montrer qu'une image noire. Puis un plan fixe, une route éclairée par les phares d'une voiture qui arrive, freine et s'arrête pour éviter un corps au milieu de la route, alors que le chauffard vient se cacher derrière la voiture au premier plan. Nuri Bilge Ceylan raconte qu'il avait tourné la scène de l'accident, pour laquelle il s'était d'alleurs donné beaucoup de mal, mais qu'au montage il a décidé de supprimer cette scène pour permettre au spectateur de se la recréer.

    Le début du film, brillant, est à l'image de ces accélérations du récit qui interviennent plusieurs fois, fulgurantes, laissant plus de place à la suggestion et à l'ellipse qu'à la démonstration, comme l'oeil d'Ismail à travers le trou de la serrure ou la chanson qui sert de sonnerie au téléphone d'Hacer et qui joue un rôle crucial à deux moments de l'histoire. Ces rebondissements sont d'autant plus les bienvenus, qu'entre chacun d'entre eux le récit semble se figer, et dans sa volonté de rentrer à l'intérieur de l'âme de ses personnages (il évoque Dostoïesvski dans une de ses interviews), Nuri Bilge Ceylan multiplie des plans fixes sur ses acteurs immobiles, souvent filmés en plans serrés, souvent avec une faible profondeur de champ pour les isoler de leur environnement.

    Cette répetition, le huis clos fréquent dans le petit appartement perché comme un immeuble de Tardi au dessus de la voie ferré, les extérieurs filmés en plan large sous un ciel de plomb, tout cela finit par devenir assez suffocant, à l'image de la moiteur dans laquelle évoluent les personnages qui semblent illustrer ce propos de Nietzche rapporté par Ceylan : "Il y a deux tragédies dans la vie : ne pas atteindre son but, et -la pire des deux- atteindre son but".

    Les trois singes du titre sont ceux du conte chinois, avec celui qui se cache les yeux, celui qui se bouche les oreilles et celui qui se ferme la bouche. Il s'agit de l'évocation des silences des personnages, qui taisent au troisième ce qu'ils ont découvert du second. D'abord facteur de discorde et de violence, cette attitude finit pourtant par assurer la survie de la cellule familiale.

    Même s'il n'a pas signé cette fois la photographie comme pour "Uzak", Nuri Bilge Ceylan a accordé une grande importance au cadrage, au choix de teintes et particulièrement au travail de l'image en postproduction, le film ayant été tourné en numérique. Il établit ainsi une ambiance chromatique aux tons désaturés très stylisée, joue aussi sur les flous et la profondeur de champ. Un même soin a été accordé à la bande son, remplie des bruits de la ville : passage des trains, chants des canaris, appels du muezzin, aboiements.

    Formellement très beau, "Les Trois singes" ne parvient pourtant pas à émouvoir ; la faute à une histoire à la tonalité mélodramatique voulue pour se réapproprier cette tonalité du cinéma populaire turc, à des acteurs comme écrasés par la pesanteur de leur personnage à l'image de Hatice Aslan qui évoque Ana Magnani, et à une langueur qui finit par atteindre le spectateur.
    http://www.critiquesclunysiennes.com
    Gonnard
    Gonnard

    241 abonnés 1 930 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 11 janvier 2011
    Filmer le néant, tel semble être le projet ambitieux de ce film. Les plans-séquences règnent en maîtres, les dialogues sont réduits au strict minimum, l'ambiance musicale est en berne, le scénario semble n'avoir cure d'un quelconque rebondissement... en clair on s'emmerde. Alors oui, on pourra toujours mettre en avant l'esthétique des "Trois singes" ou encore l'intérêt de la fable. Mais cela ne change rien au terrible ennui qu'on éprouve. Nuri Bilge Ceylan vient peut-être de trouver avec ce film un moyen de combattre la trop grande consommation de barbituriques.
    caro18
    caro18

    172 abonnés 2 213 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 10 juin 2010
    Il ne se passe rien, c'est long, c'est lent et c'est ininteressant.
    Christoblog
    Christoblog

    827 abonnés 1 674 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 juin 2014
    Ce dont parle le film est d'une noirceur insigne : un homme politique paye son chauffeur pour prendre sa place alors qu'il a tué un homme lors d'un accident de la route, puis couche avec sa femme, moyennant une aide financière pour son fils. Quand le mari sort de prison, les choses s'enveniment.

    Dans la filmographie de Nuri Bilge Ceylan, Les trois singes occupe une place à part. C'est dans cet opus que le cinéaste turc a mené le plus loin ses expérimentations esthétiques. Tout le film est conçu comme une sorte d'objet expressionniste dans lequel les cadres sont très travaillés (alternativement très larges ou très rapprochés) et les éclairages semblent iréels. La bande-son, exceptionnelle, est entièrement retravaillée en post-synchro et constituerait un sujet d'étude en soi.

    Le résultat est un film impressionnant de maîtrise (il remporta d'ailleurs le prix de la mise en scène à Cannes), absolument délectable si on s'attache à toutes ses trouvailles (le fait que seuls les visages des 4 protagonistes principaux soient filmés, la conversation dans la voiture, les effets de reflets, etc), peut-être un peu artificiel si on n'entre pas dans le projet de l'auteur.

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    Acidus
    Acidus

    720 abonnés 3 709 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 septembre 2014
    "Les trois singes" est un drama a priori simple et classique mais c'était sans compter sur Nuri Bilge Cylan pour nous sublimer tout cela et nous pondre une oeuvre sombre et poignante. Cette maitrise dans la mise en scène ne serait rien sans les prestations bluffantes de chacun des acteurs. On en redemande.
    defleppard
    defleppard

    378 abonnés 3 371 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 5 octobre 2009
    D'une lenteur etouffante !
    velocio
    velocio

    1 303 abonnés 3 135 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 janvier 2009
    Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, "Les 3 singes" a permis à Nuri Bilge Ceylan d'obtenir le prix de la mise en scène. C'est la 3ème fois qu'il avait un film en compétition à Cannes et c'est la première fois qu'il y obtenait une récompense. Pour le film le moins abouti des 3 ! Mais les paradoxes de ce genre sont nombreux à Cannes. Rappelons nous pour quel film Ken Loach avait fini par obtenir la Palme d'or. Peut-être un jour verra-t-on Haneke couronné avec un film seulement moyen ! Oui, le moins abouti des 3 car, après 2 premiers long-métrages passés relativement inaperçus, Ceylan avait frappé très fort avec "Uzak" il y a 6 ans, puis, déjà à un degré moindre, avec "Climats" il y a 3 ans. Toutefois, il est bon de tempérer le propos : un film un peu moins bon de Ceylan, c'est toujours un des meilleurs films de l'année ! Moins lent que ses 2 films précédents, "les 3 singes" est presque un polar politique, avec cette histoire de politicien avec chauffeur et maîtresse. Les images y sont moins belles mais les cadrages toujours aussi précis. Le titre, avec ce rapprochement avec les 3 singes de la sagesse, donne finalement une bonne idée du film.
    Clingo
    Clingo

    58 abonnés 128 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 février 2012
    Grand film. Une simplicité de l'histoire, mais derrière, une mise en scène qui scrute la complexité de ses personnages, qui ne fait que stimuler l'intellect du spectateur de par ses propositions. Ceylan pourrait très bien passer pour un poseur à cause de ses cadres absolument sublimes, qui pourraient être l'aveu d'un manque de profondeur plus théorique. Mais ne retenir que la beauté plastique du film et la faire passer pour de la pure vacuité serait occulter son intelligence et celle de son metteur en scène. Rien d'alambiqué ou de faussement complexe ici, mais une simplicité dans l'écriture et le montage. On pense par exemple à ces scènes du début qui opposent le fils et le père, montrant la liberté du premier pour mieux déjà condamner le second. A partir d'un mensonge, tout éclate, et les personnages s'enferment progressivement et inexorablement dans une mécanique infernale dont il sera difficile de s'extirper. Par manque de communication ? Sûrement, d'ailleurs on parle très peu chez Ceylan, et quand on parle, c'est souvent pour se gueuler dessus. Mais le film porte en lui un élément inédit chez le cinéaste turc : l'onirisme, qui va lui aussi permettre d'expliquer les dysfonctionnements du cercle familial, grâce à ces scènes un peu à part, hors du récit, preuves d'un traumatisme lointain dont le deuil est impossible à faire. C'est une oeuvre extrêmement pessimiste, qu'il s'agisse de reprendre espoir après la chute, ou quand elle analyse les rapports humains. Elle est lucide aussi, dans la mesure où elle dépeint un monde régi par l'argent, souverain absolu face à la morale, un monde qui perd totalement pied à cause de la réaction humaine typique, pavlovienne - c'est dire combien le monde va mal - qui consiste à se déresponsabiliser de tout. Ici personne n'est adulte puisque tout le monde semble fuir en permanence et ne jamais assumer ses actes.

    La mise en scène de Ceylan est plus que jamais bergmano-antonionienne, par la durée des plans, par l'importance que le réalisateur accorde aux visages qu'il filme durablement, par l'esthétique sublime qui transcende corps et décors ( voir cette fin, hallucinante et hypnotique ). L'intelligence des procédés réside donc dans leur simplicité, dans la manière de faire dialoguer physiquement les personnages ( le retour du père, filmé au loin, s'approchant, rejoignant le fils ). Le Prix de la mise en scène à Cannes est loin d'être volé. On atteint même avec ce film à l'essence de la mise en scène puisque beaucoup de choses passent par elle plutôt que par le dialogue. Rien de plus stimulant et de plaisant pour le spectateur que de saisir les états d'âme et les sentiments complexes des personnages grâce, essentiellement, à l'image. Nuri Bilge Ceylan nous hypnotise de manière originale, nous fascinant totalement, laissant le spectateur en transe devant le spectacle qui s'offre à lui, mais en même temps il n'est jamais totalement dominé et incapable d'agir intellectuellement. Non, le spectateur de Ceylan pense en même temps qu'il jouit, expérience rare convoquant à la fois le mental et le physique, dans la droite lignée d'un Antonioni dont le cinéaste turc est assurément un digne et génial héritier.

    Comme pour les précédents films de Ceylan, difficile pour moi d'en dire plus - et mieux. Excellent prétexte pour revoir ses trois derniers films et chef d'oeuvres.
    norman06
    norman06

    346 abonnés 1 664 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 janvier 2009
    De sa formation initale de photographe, Ceylan, épaulé par un chef opérateur inspiré, a gardé une aptitude à soigner les cadrages : des gros plans de visages bergmaniens aux prises de vue sous des ciels de plomb, on est dans le domaine de la perfection et de la rigueur. On se doit de souligner aussi le remarquable travail sur la bande son : le moindre soupir, traduisant une hésitation ou un acte inconscient, est mis en avant pour qui accordera son attention à ces menus détails. Au-delà de la réussite technique, au service d'un scénario faussement minimaliste, on appréciera la finesse de la narration et du choix du placement de la caméra. Le récit manie en effet l'art de l'ellipse et des non dits, sans tomber dans le piège du hiératisme et de la pause. En attestent la séquence sur la plage ou celle dans laquelle le fils réalise le comportement adultère de sa mère : l'action hors champ s'avère, comme dans la séquence d'ouverture, plus saisissante que si elle avait été filmée frontalement.
    stebbins
    stebbins

    501 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 26 janvier 2012
    Un vrai délice que ce film ! Nuri Bilge Ceylan est un artiste prodigieux qui manie merveilleusement bien cette Art qui me passionne : la suggestion par le son et les images. Les Trois Singes est une oeuvre généreuse qui ravira les cinéphiles les plus insatiables : une bande-son ainsi qu'une lumière au delà de toute espérance, un quatuor d'acteurs remarquable et une mise en scène d'une rigueur désarmante. Comme dans Uzak ( film incroyable sur la condition humaine ), Nuri Bilge Ceylan exerce un travail admirable sur les silences, moments de tension dramatique qui en disent plus long que les propos des personnages. Film exigeant mais gratifiant, Les Trois Singes se penche sur les rapports pervertis existant entre les quatre protagonistes : jalousie, mépris, colère ou encore hypocrisie ( l'une des scènes les plus réussies restera celle des retrouvailles de l'homme et de sa femme, scène exprimant l'embarras comme rarement au cinéma ). Enfant d'Antonioni, Nuri Bilge Ceylan se démarque toutefois de son modèle en parsemant son film de petites touches d'humour noir. Précis et passionnant, le cinéaste n'a pas volé son prix de la mise en scène à Cannes en 2008 : il signe le meilleur film de ce début d'année. Génial !
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    238 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 22 mars 2009
    Plonger dans un film présente un risque. Au pire, on gâche son temps, au mieux, on s’y perd. «Uç Maymun» (Turquie, 2008) de Nuri Bilge Ceylan contient parmi ses premiers plans celui d’une voiture qui, phares allumés, s’enfonce dans la nuit, suivant les sinuosités de la route avant de renverser un homme dans un virage. Il suffit de peu pour plonger dans une intrigue, il suffit d’un corps au sol, d’une voiture à l’arrêt, d’un visage inquiet et d’une mise en correspondance, par un écrasement de la perspective, de ces trois éléments pour faire saillir un sentiment d’inquiétude. Nuri Bilge Ceylan, parmi les cinéastes actuels portés sur l’esthétique du numérique, compte parmi les plus capitaux. En jouant sur les profondeurs de champs, pour aplanir le monde ou le dévoyer en grossissant les distances, Bilge Ceylan rejoint les jeux formels d’Antonioni et aliène ses protagonistes à l’image autant que ses spectateurs à son œuvre. «Uç Maymun», récit d’un père qui, par loyauté pour son patron, décide de se faire accuser à sa place, décrit le quotidien de quatre personnages reliés par des liens affectifs qui, un à un, se brisent sous la tension des rapports. Cause de l’incommunicabilité, dirait-on ? Erreur. La véritable raison de la rupture des liens sociaux que Bilge Ceylan relate provient de la promiscuité des corps et des intentions. Si une femme se dispute avec son époux, si un fils se fait gronder par son père, si un amant se plaint de l’insistance de sa maîtresse, ce n’est pas tant qu’ils ne s’accordent pas sur leurs intentions mais plutôt qu’ils sont trop proches pour pouvoir s’entendre. La collusion tacite passée entre tous les personnages aboutit à une explosion progressive qui fantasme les situations les plus dramatiques. La réussite du cinéma de Bilge Ceylan est d’employer le monde entier, dans une démarche hallucinatoire, comme le matériau de l’angoisse.
    ygor parizel
    ygor parizel

    240 abonnés 2 503 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 novembre 2012
    Nuri Bilge Ceylan est bien un esthète (et son directeur de photo aussi d'ailleurs). Beaucoup de plans sont très beaux, réalisé dans son style de cadrage caractéristique. L'histoire de base est bonne mais par moments certaines scènes (plutôt des séquences) sont sans grand intérêt.
    cristal
    cristal

    177 abonnés 789 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 mai 2011
    Nuri Bilge Ceylan, l'un des plus grands réalisateurs de son temps, esthète de l'âme humaine et poète du silence, signe son retour avec ce drame familial sombre et crépusculaire, après la grâce absolue de ses Climats (son plus beau film à ce jour). "Les trois singes", primé à Cannes par un Prix de la mise en scène justifiable, même s'il fait parti de ces films très beaux à voir et dont on a honte de dire du mal, reste néanmoins une déception. Les colorations très crues de l'image, aux dominantes verdâtres, empêchent souvent le travail du cadre de s'exposer de manière totalement expressive. L'oeuvre est souvent limitée à un exercice de style, rude tant les ellipses tombent sèchement, à une pensée visuelle et formelle souvent trop cérébrale et sensitive pour pouvoir incarner l'histoire que le cinéaste tente de raconter derrière chaque image. La symbolisation de chaque personnage, jusqu'au titre (chaque membre incarnant l'un des trois singes, refusant de voir, l'autre d'écouter, l'autre de parler), plombe le film dans une abstraction et une perte de repères qui ne lui laissent pour seule évasion que le pouvoir sorcier de l'image, belle quoique moins travaillée qu'à l'accoutumée chez Bilge Ceylan. Chaque visage, façonné comme un paysage lointain, chaque plan, expressif et profond dans sa manière d'utiliser le décor comme un tableau aux multiples lectures, résonne comme autant de mots - souvent absents chez ce cinéaste - . Car c'est bien le silence, ou plutôt le retard du dialogue, qui laisse le film respirer jusque dans ses moindres bruissements. Les âmes, torturées, y frémissent de peur et d'incertitude, et les acteurs, tous impressionnants, incarnent merveilleusement ces êtres presque muets et étrangement inhumains dans leur comportement immobile et inactif. Malgré l'idée de réaliser un film au climat orageux sur un procédé intéressant pour raconter les relations familiales (à travers une maxime japonaise), le cinéaste nous perd assez désagréablement dans les méandres
    max6m
    max6m

    72 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 décembre 2010
    Un politicien renverse de nuit un piéton. Pour sauver sa carrière, il propose à son chauffeur d’endosser la responsabilité de l’accident et de purger une peine de prison contre rémunération à la sortie. Tel est le point de départ, éminemment dramatique, du film. Dévoiler plus avant le récit est inutile. Non qu’il ne se passe rien, mais les actes n’intéressent pas Ceylan, qui les suggère en un minimum de plans ou en élude même complètement la représentation. Ce qui l’intéresse, ce sont les conséquences de ces actes sur les personnages. Et c’est là, pour suggérer ces sensations, ces impressions, que son travail cinématographique est remarquable. Dans la lignée des grands de la modernité, Bergman ou Antonioni entre autres, Ceylan déploie un langage artistique, où le cadrage, la mise en scène et le travail du son ne sont plus affaire de récit, mais permettent de révéler les véritables enjeux dramatiques, qui sont ici psychologiques. Les cadrages resserrés sur les visages, le cloisonnement des espaces, l’utilisation de plans fixes, permettent ainsi de dévoiler non seulement le trouble et l’isolement des personnages mais également la complexité de leurs rapports. Le cinéaste creuse toujours plus le sillon de l’incommunicabilité. Le travail minutieux du son et de la couleur renforce et souligne chacune des émotions, en même temps qu’il confère à l’œuvre son atmosphère pesante, celle de la lourdeur qui précède les orages. Absolument rien n’est laissé au hasard et le prix de la mise en scène à Cannes nous apparaît comme l’évidence même. Par l’utilisation du numérique, Ceylan se démarque de ses références et présente de nouvelles formes esthétiques, réinventant la modernité. On restera scotché devant la beauté des images, avec une mention spéciale pour les plans larges qu’il nous offre du Bosphore sous les nuages, dignes des toiles de David Friedrich. Pour ceux qui en doutaient encore, Ceylan est bien l’un des cinéastes les plus importants du paysage cinématographique actuel.
    Julien D
    Julien D

    1 198 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 décembre 2011
    Connaissant Nuri Bilge Ceylan, je savais que j'allais voir un chef d'œuvre de mise en scène mais, en plus de cadrages et d’une photographie magnifiques, je ne m'attendais pas un scénario aussi émouvant. Tous les membres de cette famille sont parfaitement interprétés et leurs secrets sont intelligemment mis en avant à travers des non-dits très subtils. Ce drame familial est donc splendide aussi bien dans le fond que dans la forme.
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