Pas d'histoire, mais plusieurs fils rouges pour présenter le quotidien de l'économie parallèle mise solidement en place depuis des lustres par la redoutable camorra napolitaine. Un parti pris quasi documentaire sur ce monde où le sordide le dispute au criminel : rien de romanesque ici, mais une relation précise et réaliste. Là justement se situent à mon goût les limites du récit. On assiste à un exercice de style d'une froideur absolue, et la forme adoptée - celle du reportage, brute, et même crue, fait que le film, pamphlet glacé sur une société gangrenée, manque de recul. Un peu plus de chair, un peu d'humanité, en retenant l'attention d'un plus large public (les critiques enthousiastes sont surtout le fait d'une certaine intelligentsia avide de conceptuel) auraient donné plus de force au propos par ailleurs hautement louable (et auraient rendu inutile la pesante conclusion écrite).