Gomorra est un film clivant, qui repousse incessamment sa fréquence à démystifier l'impact romanesque autour de la Mafia, à tel point que le film se construit dans un arc narratif bien précis, raconter l'horreur, de manière totalement empathique et tout autant dénonciatrice !
Matteo Garrone, dès sa première séquence nous montre son sujet, la vie et la mort à Naples ! L'exécution sommaire dans l'institut, là ou ces types font leurs UV, ne prend pas de gant pour nous faire visualiser et prendre part à sa violence banalisé. S'ensuit une alternance entre vie de quartier, rapide tour des lieux, de son organisation, d'introduire ses personnages et une lente exposé de l'ampleur de l'ancrage de la Camorra et des effets de cette dernière. La chorale, son système tout du moins, nous fait vivre au compte goutte les situations, les trajectoires, nous prend comme témoin d'une certaine fatalité ...
Une échelle se dessine tel un graphique, les termes de profil, d'âges, de taux dénivelle une hiérarchie, un ordre d'on l'endoctrinement prolifère dans la rue comme dans les instances que l'on devine. Le rapport quasi documentaire et cinématographique de l'approche de Garrone appui à dépeindre le paysage plutôt qu'il ne dresse de portrait et prend la température de sa vision d'ensemble. Que se soit au cours de ce " bizutage " qui s'signifie l'initiation, ou bien dans cette scène hallucinante ou l'on dépêche des gosses sur le chantier pour contrer la crise immédiate, l'orchestration est façonné à grande échelle comme dans l'immédiateté. D'ailleurs, les éléments perturbateurs sont vites tenus à l'écart. Les deux fadas de Scarface en sont l'exemple idoine.
Je m'arrête quelques instants sur le cas de ses deux là. La fascination de ses deux jeunes types pour les dialogues, les scènes du film qu'ils tentent de reproduire par symétrie est une référence à la fois terrible de leurs idioties autant que du concept d'allégeance à l'imagerie codifiés d'un état de virilité normatifs. Il faut les voir canarder à tout va dans ce " marécage ", en slip de surcroit, comme si le rapport entre puissance et jouissance concordait de facto dans l'esprit de chacun. La destruction est une autre constance dans le sort de ses deux pauvres gosses que l'on sent imprégné d'un sentiment d'abandon et qui se réfugie dans une seule idée mortifère, qui les conduit au pire ...
Le trafic, les règles, les mesures et habitudes de l'organisation servent aussi à faire part du " terme " le plus important de ce long métrage, la Guerre. De l'imbécile, aux plus conscientisés, tous ont plus ou moins un pied dedans. Qu'ils prennent pars activement, ou à la marge, le chaos ici est de coutume et atteste de l'état et de l'ampleur de la catastrophe. " - Tu es avec nous, ou contre nous ! " Voilà, comment trivialement la chose est lâché à un gosse qui doit prendre la décision, sous pression, d'en être, ou d'en payer le prix. La transaction, qu'elle soit monnayable ou plus significatif, dans le sang donc, est une constante, une présence du rapport d'un conflit qui brise encore un peu plus les liens déjà difficiles.
J'aime particulièrement cette scène de la visite de Roberto et de Franco auprès des gens qu'ils grugent. Après avoir embrasser la vielle dame, pris son cageot de pêche, on s'empresse e les balancer car elles " puent ". La difficulté de ce passage à d'ailleurs révélé par les mots cette fois explicite dans la divergence de point de vue deux qui achemine d'entériner leur partenariat.
Gomorra est un drame qui prend le temps, entre froideur et réalité, le geste est imprimé à rendre compte de la déchante de ses gens, qui autant par accoutumance que par habitude se livre à survivre dans les conditions que nécessite cet état de fait. Le film de Mattéo Garrone ( on n'en oublie pas Saviano ) n'est d'ailleurs aucunement " enjôleur ", il est difficile, au cordeau, sans cesses impliqué à devoir prendre à partie l'ignorance, voulu ou non. Son ultime fond noir, pugnace et vindicatif sur son constat prend la communauté internationale, politique et citoyenne à prendre conscience de la mort perpétuelle qui s'abat sur ses populations d'Italie. Sans gros sabots, ni manichéisme, à hauteur d'homme, de femme ( enfin pas trop quand même ) et d'enfants, la violence est vue comme un cercle qui tourne dans deux orientations majeures, que l'on laissent carburé à la vitesse souhaité par ceux à qui profite le(s) crime(s) ...