Il n’y en a pas un film de Téchiné qui m’ait touché, ému, et, pire –il n’y en a pas un dont je me souvienne. Pas un personnage avec lequel j’ai été en empathie ! Ce cinéaste de l’artificiel, sans chair, est-il autre chose qu’un bon faiseur ? On est loin de ces réalisateurs qui vous mettent dans leur poche (Eastwood, les Dardenne…). Téchiné a trouvé le pitch dans ce fait-divers assez récent, l’histoire d’une jeune fille s’inventant une agression raciste dans le RER. Son film se divise en deux parties : avant l’agression ; ses conséquences. La première partie est d’un ennui mortel. Jeanne (Emilie Dequenne, parfaite) vit avec sa mère (très présente, très fusionnelle –Catherine Deneuve, superbe !) dans une banlieue plutôt plaisante, elle cherche(rait ?) vaguement du travail –en fait elle est stupide- impossible d’inventer héroïne plus inintéressante. Déjà, ça plombe l’affaire. Jeanne fait du roller, rr rr rr, les RER passent, RR RR RR, roulez jeunesse ! En parallèle, une autre famille avec qui les liens sont ténus, un avocat juif (Michel Blanc, impec), son fils et sa belle-fille (Mathieu Demy et Ronit Elkabetz, tout aussi bien…) en instance de séparation qui se bouffent le nez à propos de la bar-mitzva du gamin. Notre Jeanne dont on sait qu’elle est un peu menteuse s’installe avec un garçon (Nicolas Duvauchelle, extra) qui, aïe, est arrêté pour complicité dans un trafic de drogue. Jeanne se fait trois petites éraflures et se dessine une croix gammée sur le ventre. Fin de la première partie. On somnole. La deuxième partie s’inspire directement du fait-divers, avec les incroyables répercussions qu’il a eu dans les média. Jeanne est dans la merde, le gamin fait sa bar-mitzva, aucun des protagonistes ne nous intéresse, surtout pas la jeune menteuse dont les motivations restent aussi opaques et on se fiche de la fin. Quel navet ! et quel gaspillage de talents d’acteurs pour rien ! Voilà qui nous met en colère. Un tel gaspillage de talents....Deux étoiles pour les acteurs...