Dune est adapté de la première partie du roman du même nom écrit par Frank Herbert et paru pour la première fois en 1965. Le livre, qui a donné lieu à une saga littéraire de science-fiction on ne peut plus riche, a déjà été adapté en 1984 par David Lynch, dans un film avec Kyle MacLachlan, Francesca Annis, Jürgen Prochnow et Sting. Compte tenu de son accueil glacial, le réalisateur a depuis renié ce long métrage, qui a néanmoins conservé quelques fans. "Dune" a également été exploité à la télévision, en deux séries : Dune (2000) et Les Enfants de Dune (2003).
En 1970, Alejandro Jodorowsky souhaite adapter le roman et parvient à réunir un casting incroyable : Orson Welles, Salvador Dali, Jean Giraud et le groupe Pink Floyd ! Malheureusement, faute de financement, le film ne se fait pas. Le documentaire Jodorowsky's Dune, relatant les coulisses de la production, est consacré à ce fiasco. En 1984, une nouvelle version est mise en route, avec Ridley Scott à la mise en scène. Le réalisateur laisse toutefois tomber
En 2007, Peter Berg est en lice pour réaliser une nouvelle version du roman de science-fiction, mais préfère se consacrer à Hancock. Neill Blomkamp, Neil Marshall puis le Français Pierre Morel sont ensuite pressentis, mais ils se désistent tous et Paramount Pictures abandonne le projet en 2011. Cinq ans plus tard, Legendary annonce l’acquisition de la franchise pour se lancer dans une nouvelle exploitation cinématographique avec le cinéaste Denis Villeneuve.
Denis Villeneuve a découvert le roman lorsqu'il était adolescent et a immédiatement été fasciné par sa poésie et son propos sur la nature : "A l’époque, j’étais étudiant en sciences, et j’hésitais entre devenir réalisateur ou biologiste. Du coup, l’approche d’Herbert de l’écologie me semblait puissante. Son regard sur la nature était fascinant, qu’il déployait à travers les magnifiques écosystèmes de son invention."
"Son exploration de l’impact et du chaos générés par le colonialisme était une métaphore du XXème siècle, toujours valable aujourd’hui. Et c’est dans ce contexte qu’évoluait un jeune homme se débattant avec son identité, et tâchant de trouver sa place dans le monde, tout comme moi à l’époque. La manière dont Paul découvre son identité à travers une autre civilisation était, à mes yeux, extraordinaire."
Compte tenu de la complexité du roman, Denis Villeneuve a fait le choix de l'adapter en deux films. A noter que Dune est le troisième film de science-fiction du réalisateur, après Premier contact (2016) et Blade Runner 2049 (2017). Grand fan du roman, il a voulu gagner en expérience dans la SF avec ces deux films pour pouvoir ensuite s'atteler à Dune.
Avec Dune, Javier Bardem et Josh Brolin se retrouvent après No Country for Old Men - Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme (2008), dans lequel ils s'affrontaient. Le second partage à nouveau l'affiche d'un film avec Dave Bautista (qui connaît bien Denis Villeneuve pour avoir tourné dans Blade Runner 2049) après Gardiens de la Galaxie (2014), Avengers: Infinity War (2018) et Avengers: Endgame (2019).
Dune a été tourné dans quatre pays : la Hongrie (plateaux et extérieurs à Budapest), la Norvège (la planète Caladan), la Jordanie (sites naturels) et Abu Dhabi (la planète Arrakis).
Sur Dune, Denis Villeneuve collabore pour la première fois avec le directeur de la photographie Greig Fraser (Blanche-Neige et le Chasseur, Zero Dark Thirty, Rogue One: A Star Wars Story et le nouveau Batman prévu pour 2022). Le metteur en scène l'a choisi pour sa capacité à se servir de la nature pour s’en faire une alliée. Villeneuve se rappelle :
"On a décidé d’utiliser le format IMAX pour plusieurs passages entiers du film, comme les visions de Paul, les scènes de rêve et de désert. On allait tourner le reste en 2,35. Pour préserver l’impact de l’IMAX sur le public, il fallait savoir s’en éloigner de temps en temps. On a aussi tourné les séquences de désert à l’épaule mais le reste de cet univers était surtout censé évoquer un tableau."
Fraser poursuit : "On voulait susciter une impression de rudesse. Denis disait surtout, 'Quand je rêve de ce film, je le rêve en 4/3'. C’est pour ainsi dire un format grand écran. Du coup, on est partis de là et exploré l’idée du format 2,35 par rapport au 4/3 et à l’IMAX pour voir comment ça rendait. On a ensuite discuté du pour et du contre tous ensemble, avant de se mettre d’accord."
Parmi les décors construits aux Studios Origo, à Budapest, nous pouvons mentionner les intérieurs situés sur la planète Caladan, où le film démarre. Il s’agissait notamment de la vaste bibliothèque où Dame Jessica et la Révérende Mère Mohiam parlent de l’avenir de Paul, et la demeure familiale des Atréides. L’équipe a également bâti à Giedi Prime le sauna où se trouve le Baron Harkonnen quand il apparaît pour la première fois. Certaines scènes en extérieur, comme celle de l’atterrissage de l’ornithoptère sur Arrakis, ont été tournées sur plateau extérieur des studios.
Dune a été conçu pour un budget estimé à 165 millions de dollars. Un record pour Denis Villeneuve, puisque Blade Runner 2049 avait coûté environ 150 millions de dollars, et ses autres films moins de 50 millions.
Pour le rôle de Paul Atréides, Denis Villeneuve n'envisageait personne d'autre que Timothée Chalamet : "Le choix de Timothée Chalamet s’est révélé très simple : il n’y a pas eu de casting ! Je n’envisageais que Timothée. Je n’avais pas de plan B. Autrement dit, je tournais Dune avec Timothée Chalamet, un point c’est tout. (...) C’est un immense acteur, fascinant et merveilleux. Pour porter un tel film sur ses épaules, il faut avoir un acteur d’une grande force, et Timothée possède plusieurs qualités qui m’ont poussé à lui confier le rôle."
Patrice Vermette a déjà collaboré avec Denis Villeneuve sur Enemy, Prisoners, Sicario et Premier contact. Pour Dune, le chef décorateur a commencé par rassembler des images pour un "cahier de tendances" regroupant des photos de pays aussi variés que l’Egypte et la Norvège, des éléments d’architecture qu’il apprécie et même des clichés des guerres du Golfe et d’Afghanistan. Le cahier a été intégré à sa bible d’illustrations, dans laquelle ont fini par être ajoutées des images de chacun des décors, accessoires et costumes. Celui-ci a ensuite été remis à chaque département technique.
Parmi les créations de Patrice Vermette, nous pouvons compter les ornithoptères, immenses véhicules volants pourvus d’ailes qui peuplent les cieux d’Arrakis. Le chef décorateur a eu l’idée du style de ces engins en collaborant avec le graphiste George Hull et le directeur artistique David Doran.
L’ornithoptère possède des ailes qui bougent très vite, comme un colibri. Il mesure 39 mètres d’envergure et 23 mètres de long. "Je me suis inspiré d’oiseaux, d’insectes et d’hélicoptères. Leur allure a évolué quand on s’est mis à créer l’univers du film, à l’architecture anguleuse et empruntant au brutalisme. BGI, une société londonienne de fabrication d’accessoires, les a construits et livrés en Jordanie", se souvient Vermette.
Aux Etats-Unis, Dune était censé sortir en salles fin 2020, mais a été déplacé au mois d'octobre 2021 en raison de la pandémie de Covid-19 et pour éviter la concurrence avec d'autres films comme le James Bond Mourir peut attendre. En France, le blockbuster a été repoussé au 15 septembre 2021 alors qu'il était également prévu pour fin 2020.
Par ailleurs, Warner a annoncé que l'intégralité de son line-up 2021 sera disponible simultanément dans les salles de cinéma et sur la plateforme HBO Max. Dune et bien d'autres blockbusters comme Godzilla vs. Kong, Mortal Kombat, Conjuring 3, The Suicide Squad ou encore Matrix 4 sont concernés. Une décision très critiquée par plusieurs réalisateurs, dont Denis Villeneuve.
L’équipe a passé environ quatre semaines dans le Wadi Rum, dans le sud de la Jordanie, pour y tourner certains extérieurs d’Arrakis dans des décors naturels. Un camp de base dans la région, pour les quatre semaines de tournage, a dû être construit. Denis Villeneuve raconte :
"Il n’y a aucune infrastructure dans cette partie de la Jordanie, rien que du sable. Il a fallu six semaines et à peu près 200 ouvriers pour préparer le camp et faire en sorte que nous ayons tout ce dont on avait besoin. On a créé une gigantesque infrastructure : des petits bâtiments préfabriqués, un réseau de communication portable et des cabines pour les acteurs au lieu de faire venir des caravanes ou camping-cars. Il y avait des compresseurs pour protéger le matériel et les composants électroniques du sable."
Pourtant habitué aux rôles physiques depuis ses débuts dans Conan, Jason Momoa voit ses cascades dans Dune comme les plus ambitieuses qu'il ait jamais tournées : "Dans une scène, j’affronte 19 cascadeurs en même temps, ce que je n’avais jamais fait auparavant !"
Pour créer les tempêtes de sable, Gerd Nefzer a dû se procurer de la poussière qui s’harmonise avec les teintes du sable en Jordanie. Le superviseur des effets visuels se rappelle : "La couleur devait parfaitement s’accorder et la poussière devait bien voler dans les airs. On a eu recours à un produit naturel dont on se sert habituellement en maquillage. Il faut veiller à ce que les acteurs et les équipes puissent respirer et éviter tout problème de santé, et on a donc fait en sorte que la poussière reste le plus loin possible des acteurs et qu’elle soit utilisée seulement quand les caméras tournaient."
Hans Zimmer a été sollicité pour concevoir la musique de Tenet, mais comme le compositeur est un grand fan de l'univers de Dune, il a préféré travailler sur le film de Denis Villeneuve. Tenet est ainsi le premier film de Christopher Nolan depuis Le Prestige (2006) sur lequel Hans Zimmer n'a pas créé la bande originale.
Le monstrueux Baron Harkonnen (Stellan Skarsgård) s’inspire du Colonel Kurtz, personnage culte d'Apocalypse Now joué par Marlon Brando. "Le Baron Harkonnen est le cœur des ténèbres, ses tenues sont de soie noire et légèrement transparentes", précise Bob Morgan.
Jacqueline West et Bob Morgan ont commencé par effectuer des recherches approfondies sur la manière dont les nomades du désert s'haillent pour survivre. Avec pour ligne directrice que le côté pratique des habits des personnages de Dune doit primer sur le style. Les créateurs de costumes expliquent :
"Cela concernait tous les costumes dans leur intégralité : ils devaient toujours permettre aux personnages de survivre, particulièrement dans le désert. Dans le même temps, ils devaient être crédibles dans un monde où la technologie n’a rien d’informatisé et a l’air presque mécanique et primitive par rapport à notre conception du futurisme. On en est venu à nommer cette esthétique moderne/médiévale."
Il s'agit du nombre de jours de tournage de Zendaya, qui campe la Fremen Chani, centrale dans le parcours de Paul Atréides sur Arrakis. Présente à travers des séquences oniriques puis à la fin du long métrage, le personnage sera au cœur de la partie 2 que prépare Denis Villeneuve.
"J’envisage Dune comme une déclaration d’amour au cinéma sur grand écran. C’est comme cela que le film a été rêvé, conçu et finalisé. Mais cette histoire est trop complexe pour être racontée en un seul opus, et pour moi, malgré les difficultés – car il s’agit du film le plus important et complexe de ma carrière –, Dune est comme un avant-goût, un hors d’œuvre de la deuxième partie qui reste à venir, et qui sera le plat principal."
Hans Zimmer s'est inspiré du bruit du vent et du sable pour concevoir la bande-originale de Dune. Le film représentant une différente civilisation, le compositeur s'est aussi dit qu'il fallait inventer des instruments. Denis Villeneuve se remémore : "Hans a fait de nombreuses expérimentations pendant le tournage : il cherchait à définir un nouveau langage musical. Il répétait que leur musique n’est pas de notre monde mais d’une autre époque, d’une autre planète. Il voulait créer un paysage sonore inédit et il a passé des mois et des mois à créer de nouveaux instruments, à définir, concevoir et chercher de nouveaux sons, à repousser encore les limites."
Ce premier opus cinématographique ne comprend pas trois personnages incontournables de l'univers imaginé par Frank Herbert dans son roman : l'Empereur Shaddam IV, la Princesse Irulan et le ténébreux Feyd-Rautha.
Sept heures de maquillage étaient nécessaires pour transformer Stellan Skarsgård en redoutable Baron Harkonnen : "Psychologiquement, j’arrivais à le supporter parce que c’était intéressant de regarder les prothésistes en train de travailler. Mais physiquement, c’était difficile : il fallait rester immobile pendant sept heures. Il y avait des couches et des couches de maquillage à appliquer."
"Le plus important, c’était le visage qui nécessitait un travail extrêmement délicat. Ensuite, il fallait enfiler la combinaison prosthétique recouvrant le corps tout entier, le gilet réfrigérant en-dessous et parfois un harnais pour le travail au filin. Il fallait peindre les espaces entre la fausse peau du visage, les mains et le costume. C’était très compliqué."
C’est la quatrième fois que Donald Mowat, chef-maquilleur, chef-coiffeur et prothésiste, travaille avec le Denis Villeneuve. Il évoque ses créations pour Dune comme "ancrées dans la réalité, avec un mélange de modernité et d’inspiration historique, qu’il s’agisse du maquillage ou des coiffures des comédiens et des figurants."
Timothée Chalamet a tourné seulement deux scènes "avec fond vert". Une approche naturaliste surprenante pour un blockbuster de cette ampleur, éclairée par le directeur de la photographie Greig Fraser. "On voit rarement des décors de cette envergure de nos jours où tout est transformé numériquement. Mais pour ce projet, tout se résume à la vision de Denis qui voulait que l’ensemble soit filmé réellement, sans se reposer sur le numérique. On a donc bâti des décors en dur d’une bien plus grande envergure que la plupart des productions actuelles."
Hans Zimmer apparaît dans le film. Un caméo très furtif, à tel point qu'il a fallu un peu de temps pour que les spectateurs ne le repèrent. On le voit, en effet, jouer de la cornemuse en sortant d'un vaisseau au début du long métrage. Une apparition symbolique pour celui qui n'a pas l'habitude de se montrer à l'écran.
Dans le livre de Frank Herbert, le docteur Liet Kynes (Sharon Duncan-Brewster) est un personnage masculin mais Denis Villeneuve et les producteurs ont choisi d’en faire un personnage féminin pour une meilleure représentation des femmes à l’écran, tout en restant fidèles à l’esprit du roman.