"J'ai bien compris ça, pour que certains vivent, d'autres doivent mourir". C'est l'ultime phrase du film, prononcée comme une sentence par Mehmet, jeune Kurde, figé à Calais, incapable de rejoindre l'Angleterre, après les milliers d'épreuves d'une survie qui, chaque jour, l'oblige à s'abandonner un peu plus. "Je n'aurais jamais cru, à la veille du tournage, que la mort y serait autant présente, explique le réalisateur Bruno Ulmer. "La mort du rêve bien sûr, quand dès la frontière franchie, l'Europe ne tient pas ses promesses : pas de papiers donc pas de travail et une liberté sous condition... La mort de l'âme aussi, bien avant celle du corps, quand à force de choix déchirants entre vol, deal, mendicité ou prostitution, l'identité s'effrite, et amène ces jeunes en errance à la question : "Suis-je encore un homme ?". C'est sur cette question essentielle, des bouleversements de l'identité, de la masculinité, que j'ai tendu le fil narratif de Welcome Europa."
Welcome Europa a été présenté au Festival du film de Sundance 2007, en compétition au Festival Visions du Réel à Nyon et à l'Idfa, à Amsterdam, en 2006.
Bruno Ulmer a commencé sa vie professionnelle comme médecin. Avant de devenir cinéaste, il a aussi travaillé pour des agences de communication et de mécénat humanitaires. Depuis une dizaine d'années, il écrit et réalise des documentaires sur des enjeux de société. En 2002, il définit et précise ses choix en tant que documentariste en interrogeant le réel avec les ressources propres au langage cinématographique. Bruno est également artiste plasticien et a exposé à New York, Paris, Sofia, Amsterdam... Actuellement, il est en préparation de deux documentaires, l'un sur les adolescents gangsters de Los Angeles et du Salvador, les "Maras" et le second sur le cinéma cubain pendant la Révolution castriste. Enfin, il termine l'écriture d'un long-métrage, Fratres, pour le cinéma.