Mais quelle bienséance, quelle adoration de la pensée unique. A force de critiquer trop de films, les critiques finissent par s'aveugler eux-mêmes, dévorés par leur appréciation des genres et des "styles" plutôt que par les oeuvres d'art elles-mêmes. J'ai vu sur un blog l'expression non assumée de "chef d'oeuvre incompris" au sujet de ce film.
Je défends clairement cette position et apparemment contre tout le monde.
Pour moi, Jennifer's Body est une tragédie de la fascination, un film qui aurait plu aux gothiques anglais, et même aux romantiques français. La scénariste est clairement le premier avantage de ce film, les dialogues sont coupés au couteau et sous leur apparente simplicité, on retrouve des effets dramatiques équivalents à ceux des grandes pièces de théâtre.
1. Le rythme, la dramaturgie
Jennifer's Body parie sur son excellente construction dramatique, qui s'appuie sur une mémoria (la "culture" commune qu'entretiennent les spectateurs), à savoir le 11 septembre avec l'incendie, le mouvement gothique et les groupes de rock.
La fascination est le fil directeur, c'est elle qui est montrée, dénoncée, dramatisée.
Par exemple, lorsque Chip se rend à la fête et rencontre Jennifer, son discours à la Iago, doublé de ses stimulations sexuelles, sont une arme pour capter ce personnage affaibli par la fascination de sa copine pour Jennifer et pour les sciences occultes, ce dernier élément appuyant la thèse qu'elle ait couché avec Colin (le gothique), ce dont l'accuse Jennifer-Iago.
Cela enclenche le resserement tragique du temps, et cela en constume "d'époque" pourrait-on dire, les personnages se retrouvent projeté dans une pièce dans la pièce, en quelque sorte, et la piscine, dont on peut apprécier l'esthétique naturelle et glauque à la fois, est le théâtre d'un retournement dramatique qui tient le spectateur en haleine. Et, alors que la mort de Jennifer avait été filmée après une trame narrative lourde (comme le montrent les scènes coupées) - on retrouve le co