Dans un film où tout tourne autour d'un couple, le choix des deux acteurs principaux s'est révélé primordial. Tandis que Julie Gayet s'est imposée au réalisateur notamment par sa photogénie (question d'esthétique, une fois de plus), Sami Bouajila était de son côté certain d'obtenir le rôle à l'issu de son premier rendez-vous avec le cinéaste. Encore fallait-il que les deux acteurs fonctionnent ensemble, ce que Jean-Baptiste Leonetti n'a pas tardé à vérifier : "J’ai organisé un déjeuner. Je les ai mis côte à côte en face de moi et je les ai observés. Ils étaient superbes. Je tenais mon couple".
Carré Blanc a été présenté au Festival International du Film Fantastique de Sitgès et au TIFF (Festival International du Film de Toronto) dans la sélection "Vangard", qui récompense les meilleurs premiers films. Il était le seul film français en compétition dans cette catégorie.
Carré blanc est le premier long-métrage de Jean-Baptiste Leonetti, qui s'était auparavant illustré dans la réalisation de spots publicitaires et du court-métrage Le Pays des ours, primé au festival de Brest et aux Lutins du court-métrage.
Le réalisateur reconnaît une fascination pour "les films où la forme et le fond sont inextricables". D'où l'importance de l'esthétisme pour lui qui considère que "l'image doit parler autant à la rétine qu'au cerveau". Aussi n'est-il étonnant que ce qui constitue la clef de son film soit réellement matérialisé dans le long-métrage : "On voit à plusieurs reprises un carré blanc. Que représente ce carré blanc ? Je préfère ne pas en dire plus et laisser le spectateur le découvrir. Mais ce qui est sûr, c’est que ce carré englobe beaucoup de choses", affirme-t-il.
Présent à toutes les étapes de la création de son film, Jean-Baptiste Leonetti a également réservé une attention toute particulière à l'univers sonore, qui a nécessité le travail et la collaboration de quatre équipes. La composition de la bande-son, qu'il décrit comme "le seul vrai moment de liberté" (outre la rédaction du scripte) est un élément essentiel à la compréhension et à la profondeur d'un film : "Vous ne pouvez pas réécrire un film avec le son (ou alors vous voulez trahir ce film) mais vous pouvez sans doute vous rapprocher, grâce au son, le plus possible de l’idée initiale. Celle qui vous a donné envie de faire le film", explique-t-il.
Comme l'indique le réalisateur, de multiples connexions existent entre Carré Blanc et son court-métrage Le Pays des ours. Outre certaines récurrences formelles telles que l'esthétique glacée et la fracture qui sépare les personnages du monde qui les entoure, on peut noter la résurgence de la parabole de l'ours, c'est-à-dire de la mère qui se sacrifie pour rendre son petit plus féroce, plus cruel, plus adapté à son environnement.
S'il décrit son film comme un "film de guerre", Jean-Baptiste Leonetti n'a pas insisté sur l'aspect sanglant ou violent de certaines situations, comme aurait pu le laisser penser le scénario. Bien au contraire, certains critiques rapprochent ce long-métrage du cultissime Orange mécanique. Le réalisateur, flatté de cette comparaison, nie cependant toute inspiration directe même s'il reconnaît d'ailleurs admirer tout particulièrement l'absence d'empathie, la distanciation, dont Stanley Kubrick fait preuve dès lors qu'il s'agit de tourner des scènes d'une très grande violence.