Le choix du titre n'a pas été anodin pour le réalisateur " Le mot " mascarade " dit à la fois l'hypocrisie de certains comportements et un jeu social dont personne n'est complètement dupe : il décrit donc le parcours de Mounir et l'attitude d'une partie des habitants du village. " Désireux de faire transparaître l'ambivalence, Mascarades évoque " aussi bien la légèreté du divertissement que la gravité de la critique. Cette ambivalence me plaisait, elle est soulignée par le pluriel du titre français. En arabe, le titre est au singulier - le mot sonne mieux - mais le sens est à peu près identique, même si on y entend moins l'idée du masque. "
Lorsque le réalisateur – également scénariste – a écrit le rôle de Khliffa, il envisageait d'interpréter lui-même ce personnage. Seul pré-requis pour le rôle, Lyes Salem attendait de son personnage qu'il soit vraiment décalé. Difficile donc de trouver la perle rare. Mais lorsque Mohamed Bouchaïb a passé le casting, le réalisateur a été séduit, " il m'a fait mourir de rire, au point qu'il m'a paru trop drôle pour le personnage. J'ai mis quelques heures à comprendre que j'avais trouvé mon Khliffa : il était tellement décalé qu'il tranchait même sur la façon dont je l'avais imaginé ! (...) il a beaucoup contribué à le faire évoluer. Il a une gestuelle extraordinaire, c'est un type en caoutchouc : grâce à lui, certaines séquences du film ont pris un tour burlesque que je n'avais pas envisagé a priori. "
A la fois réalisateur et scénariste de son film, Lyes Salem tient également le rôle titre de Mascarades. Il interprète le rôle de Mounir, jeune algérien lassé des qu'en dira-t-on lié au mariage de sa soeur. En écrivant le scénario, Lyes Salem hésitait entre jouer le rôle de Mounir ou celui de Khliffa. Sa rencontre avec Mohamed Bouchaïb a été décisive dans son choix.
Alors que le film est une production franco-algérienne et que l'Algérie ne produit que 20% du film, le long métrage est dans un premier temps sorti en Algérie. Le réalisateur qui s'est inspiré de ce pays et de ses habitants, ne concevait pas sortir ce film sans le leur avoir soumis. La projection n'a pas été sans succès auprès des premiers concernés, bien au contraire.
Lyes Salem a souhaité situer son film en plein coeur d'un petit village algérien, assez représentatif de la société. Coupé du reste de l'Algérie, ce lieu-dit retrace assez bien l'ambiance du film: très étriqué, tout se sait très vite, tout le monde s'observe et se scrute, à l'image du film où rien n'est possible sans que cela provoque bavardages et commérages. Les habitants de ce village furent d'ailleurs les premiers à découvrir ce film, qui d'une certaine manière, traite de leurs propres vies.
Lorsqu'il était au conservatoire, Lyes Salem a mis en scène une pièce de théâtre intitulée Journée de noces chez les Cro-Magnon de Wajdi Mouawad : Dans un Beyrouth sous les bombes, une famille prépare le mariage de leur fille cadette. Très vite, on comprend que tout ceci n'est qu'un simulacre, visant à s'occuper l'esprit plutôt que de penser à la guerre. L'action du film de Lyes Salem ne se déroule pas au Liban mais en Algérie. Le réalisateur a souhaité garder le ton de la comédie : " Si je voulais traiter de sujets un peu graves, il fallait absolument rompre avec certains clichés misérabilistes par lesquels on se représente le monde Algérien ".
Mascarades a remporté le Valois du Meilleur film au Festival d'Angoulême.