L'enfance de Fritz Lang, réalisé par Yann Le Gal.Autriche, 1900. Les idées antisémites commencent à émerger dans le pays et il est bien difficile pour un enfant d'une dizaine d'années de ne pas être influencé. Il ignore toutefois que ces idées vont provoquer une révolution au sein de sa famille.L'enfance d'Orson Welles, réalisé par Isild Le Besco. Tout le monde dit de cet enfant qu'il est surdoué. Et en effet il est capale, à 5 ans, de réciter en pleine nuit des tirades de Shakespeare pour épater les amis de ses parents. Le jour où sa mère tombe gravement malade, il se retrouve totalement désemparé. Pas longtemps cependant, car il est bientôt convaincu qu'elle ne mourra pas s'il ne la quitte pas un instant des yeux. L'enfant veille sa mère et lutte contre le sommeil en la fixant du regard...L'enfance de Jacques Tati, réalisé par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige.A 12 ans, Jacques mesure plus d'1 mètre 80 alors que ses camarades mesurent 30 à 40 centimètres de moins. Ce matin, c'est le jour de la photo de classe que le photographe tente en vain de composer selon les "règles de l'art" recherchant une belle symétrie... Mais comment mettre Jacques dans le même cadre que les autres ?L'enfance de Jean Renoir, réalisé par Ismael Ferroukhi.Jean, fils d'une famille aisée, part en vacances, comme chaque été, dans leur maison de campagne. Seulement cette années, Jean fait la rencontre de Godefer, un garçon de son âge qui passe son temps dans la forêt à chaparder, à braconner... En échange de la belle paire de chaussures que porte Jean, Godefer lui fera découvrir tout un monde qu'il ignore.L'enfance d'Alfred Hitchcock, réalisé par Corinne Garfin.Cet enfant est passionné de théâtre mais ce soir il est privé de spectacle car sa mère, autoritaire et injuste, estime qu'il lui a menti. Quand il se réveille en pleine nuit, ses parents ne répondent pas à ses appels...L'enfance d'Ingmar Bergman, réalisé par Safy Nebbou.Tout allait bien pour les deux frères. Ils avaient leurs places, leurs jeux, leur quotidien. Malheureusement pour eux, quand arrive une petite soeur, que faire pour rétablir l'harmonie rompue ?
Pour la productrice Laurence Darthos, l'intention d'Enfances était claire: "Le film repose sur l'idée que dans l'enfance de chacun, on peut trouver un moment charnière, un événement singulier, qui a joué un rôle essentiel dans la construction de l'adulte qu'il est devenu. Essentiel car il aura permis à cet enfant de franchir un cap, d'affirmer sa personnalité par rapport à sa famille, ses amis, en un mot de "grandir". Essentiel également car cet événement aura été suffisament marquant pour influencer de manière permanente l'univers créatif de ce futur adulte".
Le point de départ du projet est une anecdote d'enfance prise dans la biographie d'un grand cinéaste, anecdote librement interprétée et adaptée par un cinéaste contemporain pour inventer une histoire originale. La productrice Laurence Darthos explique: "Les cinéastes que nous avons sollicités pour participer à ce projet ont été choisis à la fois pour leur approche singulière du cinéma et pour une certaine proximité avec un cinéaste du patrimoine. Chacun a dû penser sa mise en scène, non pas seulement comme un simple hommage ("à la manière de...") mais plutôt comme une approche personnelle des problématiques cinématographiques et des thèmes chers aucinéaste qu'ils auront choisi de raconter".
Le scénariste Yann Le Gal a choisi de réaliser son court-métrage sur le réalisateur allemand Fritz Lang: "Parmi les grands cinéastes de l'histoire du cinéma, Fritz Lang est une des figures les plus fascinantes. Comme pour Ozu ou bien encore pour George Stevens, le nazisme et la Seconde Guerre mondiale ont été pour Lang à l'origine d'une scission fondamentale dans son cinéma. Etonnament, on retrouve dans l'enfance de Lang ce même basculement. Enfant de son siècle, il fut en effet bercé par les idées du moment, déjà nationalistes, déjà antisémites. En 1900, alors qu'il a dix ans, il découvre que sa mère est juive. Ce choc lui sera plus tard salvateur: il se souviendra de cette filiation juive avant de quitter l'Allemagne nazie. Quand on sait l'amour et la fascination qu'il avait pour sa mère, on peut même penser que Fritz Lang quitta le régime nazi en partie pour rester fidèle à sa mémoire...".
Pour la réalisatrice Corinne Garfin, l'"événement" de son enfance a marqué tous les futurs films du cinéaste Alfred Hitchcock: "C'est l'histoire de cet enfant dont la vie est dominée par la peur: peur de la mère trop sévère, de la religion et de la punition, de l'obscurité. C'est la peur qui va nourrir son imaginaire, et le conduire à s'inventer avec terreur cette nuit trop brève où il croit voir de vraies mains sur la boîte à bijoux de la chambre de sa mère, ses parents morts par terre...".