"Dark Shadows", réalisé par Tim Burton en 2012, est une tentative audacieuse de fusionner la comédie, l'horreur et le fantastique, tout en revisitant une série télévisée culte des années 60. Le film se caractérise par son ambition stylistique et narrative, oscillant entre l'hommage nostalgique et l'exploration moderne des thèmes gothiques. Avec Johnny Depp en Barnabas Collins, un vampire du XVIIIe siècle déplacé dans le monde radicalement différent de 1972, le film joue sur le décalage temporel avec un mélange de comédie et de drame.
La performance de Depp, bien qu'empreinte de son charme habituel, semble parfois réduite à une caricature de ses rôles précédents sous la direction de Burton, manquant d'une nouvelle profondeur ou d'une évolution notable. Eva Green, dans le rôle d'Angélique Bouchard, offre une performance vibrante et magnétique, insufflant à son personnage une intensité qui manque parfois ailleurs dans le film.
Visuellement, "Dark Shadows" est une réussite, avec des décors et des costumes qui recréent magnifiquement l'esthétique de l'époque, tout en incorporant les éléments gothiques signature de Burton. La photographie de Bruno Delbonnel est remarquable, capturant à la fois la grandeur et la décadence de l'ambiance gothique avec une palette de couleurs sombres ponctuée de vives.
Cependant, le film souffre d'un scénario inégal. L'histoire peine à trouver un équilibre cohérent entre les différents genres qu'elle tente de marier, résultant en une narration qui semble parfois dispersée et manquant de focalisation. Le scénario de Seth Grahame-Smith parvient à injecter de l'humour et de la satire, mais les transitions entre le comique, le romantisme et l'horreur sont souvent abruptes et maladroites.
La bande sonore, bien que bénéficiant de la composition habituellement captivante de Danny Elfman, s'appuie parfois trop sur des chansons d'époque pour évoquer le sentiment de 1972, ce qui peut sembler comme une solution de facilité plutôt qu'un choix narratif réfléchi.
"Dark Shadows" est un film qui ambitionnait de rendre hommage à une série adorée tout en la modernisant pour un nouveau public. Malheureusement, il se retrouve pris entre deux époques, ne réussissant pas tout à fait à capturer l'essence de l'original ni à offrir une expérience cinématographique pleinement satisfaisante pour le public contemporain. Le résultat est un film visuellement séduisant et par moments divertissant, mais finalement incohérent dans son ton et son exécution. Il se présente comme une œuvre de milieu de gamme dans la filmographie de Burton, montrant des éclats de son génie créatif mais ne parvenant pas à les unifier en une œuvre cohérente et mémorable.