"Rec", le thriller d'horreur espagnol co-réalisé par Paco Plaza et Jaume Balagueró, a marqué une étape importante dans l'évolution du genre "found footage" en intégrant le spectateur au cœur d'une terrifiante épidémie virale à huis clos. Situé dans un immeuble de Barcelone, le film suit une journaliste, Angela Vidal, et son caméraman, Pablo, qui découvrent avec horreur que le bâtiment a été mis en quarantaine suite à l'apparition d'un virus transformant les résidents en créatures assoiffées de sang.
La force de "Rec" réside indéniablement dans son usage habile de la caméra à la première personne, créant une immersion totale qui amplifie chaque sursaut et cri. Cette perspective, conjuguée à un rythme haletant, enveloppe le spectateur dans un sentiment d'urgence et de claustrophobie palpable. Le format "found footage", bien qu'utilisé auparavant, trouve ici une nouvelle vigueur grâce à l'excellent travail de caméra de Pablo Rosso et à l'authenticité apportée par les acteurs, principalement Manuela Velasco.
Cependant, le film n'est pas sans défauts. Bien que la tension soit maintenue de manière efficace, l'histoire elle-même ne bénéficie pas d'une grande profondeur. Les personnages secondaires sont peu développés, ce qui rend certaines de leurs mésaventures moins impactantes. De plus, le scénario s'appuie par moments trop sur les conventions du genre, avec des décisions parfois peu crédibles prises par les protagonistes, ce qui peut fruster les spectateurs à la recherche d'une expérience plus raffinée ou innovante.
Visuellement, "Rec" est un tour de force. L'utilisation de la lumière naturelle et des espaces confinés est magistralement exécutée, contribuant à l'atmosphère oppressante. Les effets spéciaux, bien que limités par le budget, sont remarquablement efficaces, notamment dans la représentation des infectés et dans la scène finale avec Tristana Medeiros, moment clé du film qui est à la fois horrifiant et captivant.
Le son, élément souvent sous-estimé dans les films d'horreur, est utilisé ici de façon exemplaire pour construire une ambiance sonore qui accentue le suspense et la terreur, sans jamais se surcharger d'une bande sonore envahissante.
En dépit de ses qualités, "Rec" souffre parfois de son format. La caméra à la première personne, bien que source d'immersion, limite le point de vue du spectateur et réduit la portée narrative du film. De plus, l'explication finale du virus, bien que créative, peut sembler précipitée et insuffisamment exploitée, ce qui peut laisser un sentiment de précipitation dans la conclusion de l'intrigue.
En conclusion, "Rec" est un film captivant et terrifiant qui a su revitaliser le genre "found footage" par son approche brute et intense. Toutefois, son potentiel n'est pas entièrement réalisé en raison de personnages peu approfondis et d'une histoire qui aurait gagné à être plus développée. Malgré ces réserves, "Rec" reste une expérience mémorable pour les amateurs d'horreur, offrant une série de sursauts efficaces et une atmosphère d'angoisse constante qui tient le spectateur en haleine jusqu'au bout.