Le Soleil se lève aussi a été présenté en compétition à la 64ème Mostra de Venise en 2007.
Jiang Wen est un cinéaste qui prend son temps. Le soleil se lève aussi est le troisième long métrage, en quatorze ans, du réalisateur chinois (et par ailleurs comédien), après Sous la chaleur du soleil en 1993, premier opus présenté à Venise, et Les Démons à ma porte, une évocation de la guerre sino-japonaise qui fit sensation au Festival de Cannes en 2000 -il en repartit d'ailleurs auréolé du Grand Prix.
Le Soleil se lève aussi est un long métrage divisé en 4 parties. Certains personnages se retrouvent dans plusieurs parties. L'action des trois premières se situe autour de 1976, date officielle de la fin de la révolution culturelle. La première -nous sommes au printemps 1976- est centrée sur une jeune veuve au comportement étrange et le fils de celle-ci. La deuxième -nous sommes à l'été 1976- dépeint les amours de jeunes gens sur un campus universitaire. La troisième -nous passons à l'automne de la même année- évoque un adultère, pendant une partie de chasse. La quatrième histoire nous fait remonter le temps, jusqu'à l'hiver 1958 : une des deux héroïnes de ce segment doir retrouver son fiancé, tandis que l'autre, enceinte, doit récupérer les affaires de son défunt mari...
Jiang Wen précise le sens de sa démarche : "Ce qui m'intéresse, c'est présenter les choses dont on a une idée préconçue, sous un angle totalement différent de cette idée. Si tout le monde trouve qu'un objet est noir, j'ai très envie de montrer qu'il n'est pas noir, mais blanc. Ce que je veux faire, c'est changer les préjugés. Si je n'y arrive pas, c'est que l'habitude est trop forte. Ou bien que je ne sais pas m'y prendre. Peut-être que faire un film pour ça, c'est idiot, ou qu'il est vain de s'épuiser à faire cela au cinéma. C'est peut-être plus facile avec le roman. Parfois, j'arrive à mon but, parfois, non."
A propos de la représentation de la Révolution culturelle dans le film, Jiang Wen précise : "Les gens ne parlent que de l'aspect politique de cette période, mais ils oublient que la politique à l'époque était une sorte de mode, et même une marque. Une mode qui efface tout le reste, le plaisir, le jeu, la jeunesse, le sexe, la nature. Toutes les choses qui les ont forcément marqués aussi. En réalité, les représentations exclusivement politiques de cette période ne convainquent personne en Chine. Même avec toutes les erreurs passées, le public chinois ne trouve pas que ces films soient réalistes. Mon premier film a eu un vrai succès, parce que je parlais de la vie réelle de l'époque. Beaucoup de films sur cette période ressemblent à des récits de mouvements politiques. Si la vie réelle avait été ainsi, comment les gens y auraient-ils survécu ?Il est difficile de tourner un film sur des événements passés car tout le monde en a déjà une certaine connaissance. Si l'on filme de manière différente, cela dérange."
Jiang Wen a apporté un soin tout particulier au choix des costumes, qui devaient contribuer à nous plonger dans la Chine de 1976. "Ce sont bien des vêtements d'époque : des particuliers nous ont ouvert leurs malles, on a tout déballé sur la table, et on s'est servi", explique-t-il. "Pourtant, beaucoup de gens se sont étonnés, ils pensaient qu'à cette époque, on ne s'habillait pas avec tant de recherche. Ils se sont aperçus que les vêtements d'alors étaient très différenciés, plus féminins ou plus masculins qu'aujourd'hui. Même pour les Chinois, le fait que ce soit des vêtements d'époque n'est pas évident à voir. Notre costumier est né en 1966. Il m'a dit avoir sans doute vu sa mère habillée comme cela, mais que les images postérieures de cette époque, plus stéréotypées, avaient effacé ce souvenir."
La muisique du Soleil se lève aussi est signée Joe Hisaishi, un des grands noms de la musique de film en Asie. Il est célèbre pour les nombreuses partitions qu'il a composées pour des nombreux films de Takeshi Kitano et Hayao Miyazaki.
Les personnages d'une séquence du Soleil se lève aussi assistent à une projection du Détachement feminin rouge. Jiang Wen explique pourquoi cette citatin lui tenait à coeur : "[Ce film] est très profondément ancré dans mon esprit, je le trouve très érotique. Je me suis rendu compte par la suite que tous les garçons de ma génération ont été initiés au sexe par ce film. C'est un ballet ! Où aurait-onvu, sinon, toutes ces jambes nues, toutes ces filles joviales, des cmbattantes en short très court, avec leurs fusils... Pour des jeunes garçons de 6 ou 7 ans, c'était très impressionnant. C'est la deuxième fois que jel'utilise dans mes films et je le referai encore. Quand on était petits, les danseuses de ces film étaient nos stars. Les petites Chinoise, avec leurs petites nattes, cherchaient en fait à imiter ces modèles-là. Pour les jeunes filles, les danseuses de ce ballet étaient les Michael Jackson et les Madonna d'aujourd'hui."
Jiang Wen avait, un temps, pensé confier le rôle de Tang à Tony Leung.
Les effets visuels ont été confiés à une société française réputée, Duboi. Thomas Duval, supervsieur des effets spéciaux, a notamment travaillé sur La Neuvième porte, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, Le Concile de pierre ou encore Hitman.
Le Soleil se lève aussi est également le titre d'un roman d'Ernest Hemingway publié en 1926, et qui donna lieu à une adaptation réalisée en 1957 par Tyrone Power et interprétée entre autres par Ava Gardner Henry King