Pour le message sur les religions et les différences entre les peuples.
Parce que Le Chat du Rabbin est adapté par Joann Sfar de sa propre BD à succès. Les traits et l'histoire sont donc respectés. Un film pour les fans de la BD et pour ceux qui découvrent l'histoire pour la première fois.
Parce que le choix des acteurs pour le doublage est atypique. François Morel est excellent dans le doublage du chat.
Pour les dessins originaux de la BD qui ont été respectés pour l'adaptation sur grand écran du Chat du Rabbin.
C'est le deuxième film de Joann Sfar en tant que réalisateur après Gainsbourg - (vie héroïque), pour lequel il a remporté le César du Meilleur premier film en 2011.
Le Chat du rabbin est une adaptation de la bande dessinée éponyme, dont Dargaud a publié le premier tome en 2002. Née de la passion qu'entretient Joann Sfar pour le dessin, les chats et la religion, cette histoire, d'un chat doué de parole qui souhaite faire sa Bar-Mitzvah, a conquis le public. En neuf ans et cinq albums, Le Chat du rabbin s'est vendu à plus de 900 000 exemplaires. La série a été traduite en 15 langues et connaît un très beau succès aux Etats-Unis. Joann Sfar a toujours refusé les propositions d'adaptation qui lui étaient faites, jusqu'au jour où il a envisagé de réaliser lui-même le film.
Après être intervenu dans de nombreux établissements scolaires, Joann Sfar s'est rendu compte que Le Chat du rabbin avait une vraie fonction, celle de "dédramatiser les histoires entre les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans". Selon lui,"la religion est un sujet beaucoup trop important pour qu'on le laisse aux seuls croyants", et qui intéresse de plus en plus de français comme l'atteste le succès Des hommes et des dieux.
Plusieurs volumes de la série ont servi à écrire le scénario du film. Le choix était de traverser toute l'Afrique "pour reprendre la route de l'imaginaire colonial et raconter l'universalité de la bêtise humaine". Selon Joann Sfar,"chaque personnage, quelle que soit sa communauté ou sa religion, fait preuve à sa façon de racisme ou d'étroitesse d'esprit. Chacun en prend pour son grade !"
Le Chat du rabbin est co-réalisé et produit par Antoine Delesvaux. Guitariste émérite, il a longuement hésité entre la musique et l'aviation avant de se tourner vers l'animation. Il crée, en 2001, le studio de production et d'animation La station d'animation. Il produit alors de nombreux projets (Les Zorros, Emile et Mila, Momo le préhisto...). En 2005, il produit le court métrage Raoul Superstar sur un scénario d'Anna Gavalda. Il donne, ensuite, naissance à Autochenille Production en référence au célèbre véhicule Citroën présent dans Le Chat du rabbin. Pour accompagner le développement de l'entreprise, il décide de créer un studio d'animation Banjo Studio, qui donne par la suite vie au Chat du rabbin.
Pour créer l'animation du film, Joann Sfar et Antoine Delesvaux se sont entourés d'une équipe de 60 animateurs, issus du monde de la BD, de la 2D et et de la 3D. Certains avaient travaillé sur Lucky Luke, Persepolis et L' Illusionniste alors que d'autres venaient des studios Disney ou d'écoles d'animations. Ils étaient âgés de 18 ans à 70 ans.
Les références de Joann Sfar venaient de l'animation (Le Roi Lion, Le Prince d'Egypte...) mais aussi du cinéma live (Indiana Jones...). Le film se situe donc à mi-chemin entre les deux, comme l'explique, Antoine Delesvaux : "Joann souhaitait une animation qui ait la fluidité des Aristochats et la justesse de sentiments d'un film live". Pour ce faire, ils ont travaillé de très près avec les acteurs : "J'ai demandé à Hafsia Herzi de bouger sous les yeux des animateurs et je leur ai interdit de céder à la tentation Tex Avery". Les bruiteurs sont aussi allés sur place, au Maghreb, pour enregistrer des sonorités locales.
Le Chat du rabbin a été réalisé grâce au savant mélange de deux techniques complètement différentes : le relief révolutionnaire et la traditionnelle encre de Chine. Mais l'apprentissage de la 3D ne fut pas sans problèmes. La 3D a rajouté un quatrième temps d'écriture après le scénario, le tournage et le montage, et les 1200 plans du film ont dû être refaits, en grande partie à cause d'elle. De plus, les lunettes coloraient l'image en vert, or les personnages du Chat du Rabbin évoluent dans un univers aux couleurs chaudes. Le film a donc été tourné en digital avec une maximisation des couleurs. Selon Joann Sfar : "Si on enlève les lunettes pendant la projection, on bronze!". La 3D était une évidence pour les réalisateurs qui souhaitaient obtenir "une immersion phénoménale". Elle a été utilisée comme un réel élément de mise en scène, pour que le spectateur soit "au plus près des personnages dans les moments d'intimité".
Joann Sfar et son équipe ont fait leur maximum pour éviter les clichés sur les Africains et les Juifs en dessinant d'après nature. Mais ils se sont aussi amusés des caricatures en faisant des petits clins d'œil, notamment au très critiqué Tintin au Congo.
Pour les voix des personnages, Joann Sfar s'est entouré de comédiens qu'il apprécie, et qui ont tous un parcours différent. François Morel vient de l'improvisation, Maurice Bénichou du théâtre classique et Hafsia Herzi s'est fait connaître grâce au cinéma populaire d'Abdellatif Kechiche. La voix du prince du désert a été la plus difficile à trouver. Joann Sfar voulait une voix qui évoque "la haute civilisation et la douceur", d'où le choix du très distingué Mathieu Amalric. Les géants, quant à eux, parlent leur propre langue comme l'explique Joann Sfar : "J'avais d'abord envisagé de les faire parler en véritable araméen. J'avais donc réuni des comédiens africains et un professeur d'araméen, mais cela n'a pas du tout fonctionné : nous avons finalement inventé une langue!" Comme le résume Antoine Delesvaux : "La vraie leçon du film, c'est que plus les voix sont travaillées, meilleure est l'animation !"
Bien que Maurice Bénichou soit né en Algérie, il n'a jamais eu l'accent pied noir et a dû beaucoup travailler pour acquérir le parler algérois.
Olivier Daviaud, le compositeur du film, avait travaillé sur Gainsbourg - (vie héroïque). Mais le processus pour Le Chat du rabbin a été très différent comme l'explique Joann Sfar : "Son travail s'est révélé très différent de celui effectué sur Gainsbourg - (vie héroïque) qui impliquait un enregistrement de plus de six mois. Cette fois, au contraire, nous avons reuni en studio, pendant un laps de temps très court, le Amsterdam Klezmer Band (un version kelzmer de spoques) avec Enrico Macias et ses musiciens, qui viennent tous d'Algérie. Pendant une dizaine de jours, ils se sont livrés à une série de duels musicaux. Chacun parlait donc avec sa propre voix - Enrico avec sa guitare andalouse teintée de sonorités tziganes puisqu'il jouait du Djando Reinhardt à Contsantine." Antoine Delesvaux résume ainsi, le travail effectué : "Olivier Daviaud a joué un rôle de catalyseur entre ces différentes cultures".
Le personnage du chat est inspiré de Voltaire mais aussi des propres chats de Joann Sfar. Selon lui,"ses frustrations sont les mêmes qu'un enfant face à un texte religieux". En réalité, il est celui qui apprend aux autres.
Pour créer le rabbin Sfar, Joann Sfar s'est inspiré de lui-même mais aussi des rabbins qu'il a connu dans sa jeunesse : "Je crois hélas qu'il me ressemble beaucoup, dans la morphologie, la forme des mains et des pieds. Il vient aussi des souvenirs de rabbins que j'ai connus à Nice, et d'une tradition de rabbins du Maghreb : des hommes intelligents et humanistes, qui ne sont pas des intellectuels et qui ont une religion pragmatique."
Zlabya est le fantasme de nombreux lecteurs du chat du rabbin. Elle trouve son inspiration chez les cousines et grands-mères de Joann Sfar. Elle incarne "la féminité paresseuse". Selon le rélisateur : "Ses velléités d'indépendance sont liées à son âge, mais on devine qu'elle va se marier, faire des enfants et regarder le monde à travers sa fenêtre. Son évasion, c'est son chat."
L'autochenille symbolise l'arrogance et la candeur de la France coloniale. "Quand on lit les commentaires du guide Citroën, on s'aperçoit que ces gens aimaient passionnément l'Afrique. Mais, esclaves de leur époque, ils écrivaient une bêtise par ligne. On a du mal à croire qu'il y a 60 ans à peine, on pouvait lire que dans certains villages d'Afrique, on mangeait des Blancs", explique Joann Sfar. Mais il affirme que l'autochenille n'est pas là pour faire "culpabiliser" mais pour "raconter".
Le personnage de Vastenov a été inspiré par les personnages de roman russe. Froid et sanguinaire, il est né de la fascination qu'entretient Joann Sfar pour "la sauvagerie des Russes".
Le peintre russe, est le deuxième maître du chat. Joann Sfar s'est inspiré de Marc Chagall et du Petit Prince pour le dessiner. Mais il a aussi puisé son inspiration dans son environnement familial, comme il l'explique : "Il ressemble aussi à mon grand-père maternel : j'ai toujours fantasmé sur la partie ashkénaze de ma famille".
Le Cheik Sfar est inspiré du comédien Fellag, qui lui prête d'ailleurs sa voix. Il représente "l'incarnation de l'Islam éclairé".
Le rabbin du rabbin incarne l'obscurantisme religieux. "Il représente ce qu'il y a de plus bête chez mes coreligionnaires", confie Joann Sfar. "Mais plus qu'une caricature de rabbin juif, ce personnage incarne le religieux hystérique. Des comme lui, on en trouve dans toutes les religions !", ajoute-t-il.
Le nom de famille "Sfar", est d'origine juive mais aussi arabe. C'est pour évoquer cette double origine, que Joann Sfar a donné le même nom au rabbin et au cheik.
C'est la seconde fois qu'Eric Elmosnino et Joann Sfar collaborent, après Gainsbourg - (vie héroïque).