Je vais commencer par une citation approximative de Godard ou Rivette, je ne sais plus. Un des deux a dit une fois quelque chose qui devait ressembler à ceci qu'aucun acteur américain ne pourrait jamais jouer un déporté. Effectivement difficile de retranscrire l'émotion lorsqu'on a pas soit-même vécu ça.
Et bon ce n'est sans doute pas Jean Reno ou Gad Elmaleh et autres acteurs sans talent aucun qui vont réussir à émouvoir et à jouer avec justesse un déporté.
Mais bon tant qu'à faire autant être honnête depuis le début, lorsqu'on a une réalisatrice qui ne croit pas dans son sujet à la base à quoi bon ?
La séparation d'une mère et de son enfant ça peut être déchirant au cinéma. La mort de tas de gens aussi, mais pourquoi s'amuser à faire un chantage avec des morveux en les rendant bien sûr bien sympathique pour la ménagère avec le petit garçon qui zozotte ? Pourquoi ? C'était nécessaire d'en rajouter des caisses ?
Mais pire encore on nous remet par dessus une musique dégueulasse au violon histoire d'achever les derniers "pisse-froid qui rejoignent Hitler en pensée".
Lorsqu'on a un film aussi mal branlé que celui là et venir insulter ceux qui n'aiment pas le film c'est le comble de la bêtise, pour ne pas être vulgaire.
Bosch (drôle de nom de famille pour réaliser un film qui pousse des tas de haineux à déverser leur haine sur l'Allemagne après la vision du film) n'a ici aucun recul par rapport à la merde qu'elle a réalisé. Et pire encore elle la trouve tellement bonne qu'elle insulte ceux qui n'aiment pas.
Alors qu'elle n'a fait aucun effort, toutes les scènes tombes dans la facilité, toutes.
Pas à un seul moment on sort du manichéisme, on sort de cette lourdeur répugnante.
Jamais le film n'est pensé, n'est subtile.
Bosch en rajoute des caisses, et des caisses.
Sauf que ces procédés émotionnels indignes même d'un téléfilm ne fonctionnent pas sur moi. Non balancer des gamins et des violons ça ne suffit à m'émouvoir.
C'est là où on se rend compte que Bosch insulte à la fois ceux qui n'aiment pas son film et mais aussi ceux qui aiment son film. Effectivement pour tomber dans le grossier panneau de l'émotion facile ce n'est en aucun cas tabler sur l'intelligence du spectateur.
D'ailleurs sans rentrée dans l'idéologie assez nauséabonde que peut développer le film, juste c'est quoi ça ? à un moment j'ai cru rêver ! Des gens qui dansent dans un camp, le garçon timide qui refuse d'inviter une fille qui lui plaît bien ? Mais merde depuis quoi on fait des booms dans des camps ? Allo ? il y a quelqu'un qui a pensé ce film ?
Et puis Laurent qui fricote avec Reno ? mais merde, un camp c'est une agence matrimoniale.
Non mais limite on se croirait en colo de vacances là.
Ce n'est pas un hasard ce que j'ai "cité" au début de ma "critique". Les gens sont inconscients de laisser une telle connerie sortir.
Après quant à l'idéologie du film c'est encore pire. Je veux dire si c'était juste un film sur un truc qui n'existait pas ça serait juste un mauvais film.
Mais là, non. On entre en plein dans une sorte d'idéologie dégueulasse du souvenir. Se souvenir du passé c'est bien, cependant vouloir inculquer ce souvenir de force c'est juste détestable. On s'indigne que je ne sais pas combien de français ne sachent pas ce qu'est la Rafle du vel d'hiv, oui et alors ?
On peut très bien vivre sans savoir ça, ça ne fait pas de ce français un antisémite carabiné. Il faut comprendre que ce n'est pas aux jeunes générations de "payer" de venir s'excuser pour un truc qui a eu lieu il y a 70 ans. Mes parents n'étaient pas nés, mes arrières grands-parents étaient des gamins, mes arrières grands-parents étaient des simples paysans… C'est bon je crois.
Ce genre de film n'est pas là pour apaiser, au contraire, il est là pour accuser : "regardez ce que l'état français a fait".
J'ai beau être athée, il y a quand même une valeur dans le christianisme qui me plaît bien c'est cette valeur du pardon. On sort de la loi du talion pour tendre l'autre joue.
Et si on arrêtait d'exciter et de créer des animosités je pense que tout irait bien.
Je regarde Black Book (c'est quand même d'un autre niveau), il n'y a pas de manichéisme dégueulasse, il y a des gens biens, des gens mauvais partout.
On ne sort pas du film avec une haine de l'allemand. Il suffit de voir les avis sur La Rafle pour se rendre compte que ce n'est pas la peine.
Bref tant qu'à voir un film sur les camps autant voir Kapo, bien que Rivette n'aime pas, c'est beaucoup plus réaliste, plus intelligent, plus émouvant. (ou bien Black Book que je citais tout à l'heure, même si c'est encore autre chose).
Et pourtant dieu sait que bien traité ça aurait pu faire un excellent sujet, une grande tragédie humaine.
Mais bon on sait bien que ça ne sert à rien d'engager des gens de qualité pour faire un film sur ce sujet vu que le sujet et les menaces de Bosch sont là pour faire taire tous ceux qui oseraient trouver ça (à juste titre) mauvais.
Pisse-froid de tous pays, unissez-vous.